Vendredi 29 Mars 2024
Vendanges nîmoises
Lundi, 19 Septembre 2016

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Sortie a hombros de Juan Bautista par la Porte des Consuls le matin et l’après-midi, de Luis David Adame avec son parrain Alejandro Talavante par la Porte des Cuadrillas…

Une journée bien remplie avec cette double confrontation dominicale marquée par la bonne tenue d’ensemble du bétail, la haute performance de Juan Bautista, la malchance et le pundonor de Thomas Joubert, l’alternative réussie de Luis David Adame et la classe pure d’Alejandro Talavante. Seul bémol dans la partition, la faiblesse relative des entrées, mais c’est justement avec la qualité et la réussite de telles affiches que les gens reprendront peut-être plus nombreux le chemin des arènes…

Le matin, devant environ deux tiers d’arène par température agréable et une brise parfois gênante pour les toreros, la satisfaction est aussi venue d’un lot de Victoriano del Río (les 1 et 6 de « Toros de Cortés », même maison). Des toros bien présentés, inégaux sous le fer, qui ont donné pour la plupart un jeu intéressant, le quinto étant crédité de la vuelta posthume. Le mayoral salua en compagnie de Juan Bautista.

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A l’issue du paseo, une minute de silence a été observée à la mémoire de Robert Chay.

Thomas Joubert (blessé puis deux oreilles) venait confirmer son alternative et d’emblée, l’Arlésien afficha ses bonnes intentions. Hélas, dès le début de sa faena, il reçut un violent choc, son opposant l’envoyant au tapis dans des circonstances plutôt incroyables. En effet, rematant une bonne série par un pecho, la queue du toro s’enroula autour de ses jambes, provoquant une chute inévitable, Thomas se faisant reprendre au sol, gisant totalement groggy, d’où il fut promptement évacué vers l’infirmerie. Même si l’on sait que ça fait partie des aléas du dur métier qu’il a choisi, il n’empêche pas moins qu’on a l’impression qu’une espèce de fatalité de la malchance le poursuit…

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Mais heureusement, on apprit assez vite qu’il y avait apparemment plus de peur que de mal et qu’après quelques soins de première urgence, il allait revenir pour lidier son autre Cortés. Et là, enfin, après une belle ovation de sympathie et un début en demi-teinte au capote, Thomas put sortir le grand jeu. Après trois bonnes rencontres puis un brindis à Françoise Martinez, compagne d’Alain Montcouquiol qui sait entourer au mieux son protégé, l’affaire allait prendre une belle tournure. Avec « Mission » pour accompagnement et se le faisant passer près, Thomas allait faire grimper le thermomètre sur plusieurs séquences ajustées, dans son corte si personnel. Final par manoletinas avant un recibir tombé. A noter aussi qu’à l’issue de la course, on s’attendait à voir Thomas sortir a hombros par la Porte des Cuadrillas, comme son résultat le lui autorisait, mais c’est finalement à pieds qu’il quitta le cirque, par respect pour son chef de lidia qui lui, avec quatre trophées,  pouvait légitimement partir par la Porte des Consuls, un passage qu’il connait bien pour l’emprunter assez régulièrement lors de ses prestations nîmoises. Chapeau Thomas, et au plaisir de te revoir ici…

Pour Juan Bautista (saluts pour celui tué à la place de Thomas Joubert, oreille puis deux oreilles et la queue), les jours se suivent et se ressemblent ! Dans une plaza qui lui a souvent bien réussi, l’Arlésien s’est offert et nous a offert un nouveau triomphe qui ne souffre aucune contestation. Passons sur celui lidié à la place de Joubert, au demeurant incommode, mais avec son premier client, il brinda à l’assemblée, après deux rencontres, une faena bien conçue dès une entame suave en se fendant. Au son de Nerva, Jean-Baptiste allait composer un trasteo compact, assez rapidement encimista, qui porta sur les étagères, le tout étant conclu par un recibir tombé.

 

jb18tMais c’est avec le quinto, « Soleares », que Juan allait atteindre les sommets. Préservé au cheval en deux rencontres, il se distingua d’abord dès le second tercio qu’il accepta de prendre à sa charge, chauffant à bloc le public, notamment sur une seconde paire au quiebro et une troisième au violon. Après un brindis à l’assistance, Juan lança sa faena avec toujours autant de ganas par une entame arrodillada au fil des planches comprenant un splendide changement de mains. Le ton était donné dans la foulée par les première s notes du Concerto d’Aranjuez pour une suite en torería majeure parachevée par un desplante à genoux. L’émotion était à son comble lorsqu’il porta une nouvelle fois l’épée pour un recibir réussi, suivi d’une lente agonie bouche fermée, le cirque explosant lorsque le Victoriano finit par rouler au sol. Don Juan pouvait alors pleinement savourer ce nouveau triomphe…

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Manzanares (oreille et saluts) prit un premier Victoriano qui poussa sur le premier assaut avant un second pour faire le compte. A la muleta, il composa une faena agréable, relevée par l’interprétation du « Caridad del Guadalquivir », et une pureté de gestuelle exemplaire, notamment par naturelles taillées dans la plus belle soie. Las, un bajonazo vint conclure une œuvre qui aurait mérité meilleur épilogue. Avec son second, qui prit deux piques sans style, Manzanares  eut du mal à trouver le bon tempo, sa faena, au demeurant marginale, étant entrecoupée de trop longs temps morts. Entière.

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L’après-midi, pour la clôture, par temps agréable et devant une demi-arène environ, sont sortis six Núñez del Cuvillo irréprochables de présentation qui pour la plupart ont donné un bon jeu.

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L’affaire tournait autour de l’alternative de Luis David Adame (oreille et oreille) qui après un premier tercio sans relief brinda à ses frères la faena à « Sosegado », le toro de la cérémonie qui s’avéra noble. Au terme d’un long, voire trop long trasteo, rematé par recibir après notamment trois circulaires inversées qui firent monter la pression, le Mexicain a pu promener son premier trophée récolté en tant que matador de toros.

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Au dernier, un superbe castaño oscuro, deux piques puis violent accrochage sur des lopecinas, avec intervention de son frère Joselito. Plus de peur que de mal et brindis à sa famille. Faena courageuse, Adame ne lâchant rien malgré la menace répétée. Entière qui libéra un nouveau trophée et qui l’autorisait à sortir a hombros en compagnie de son chef de lidia au terme d’une alternative somme toute réussie. Enhorabuena…

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Alejandro Talavante (deux oreilles et silence) allait se distinguer, après un tercio de piques désordonné, par une faena où il exposa son intelligence torera par des gestes de grande classe. Moment de susto sans gravité lorsqu’il se retrouva au tapis pour avoir bronché devant le fauve, puis avec l’accompagnement de l’Encantada, l’Extremeño allait ciseler quelques instantanés d’école rematés par entière. Le quatrième poussa sur la première rencontre, sortant seul de la seconde. Par la suite, la mayonnaise eut du mal à prendre, Alejandro n’insistant guère lors d’une prestation sans peine ni gloire.

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Alberto López Simón  (oreille et saluts) se distingua au capote avec son premier puis après deux puyazos bien administrés par Tito Sandoval, il brinda au public une faena démarrée par une dizaine de rodillazos suivis de redondos templés qui firent bouillir la marmite. Par la suite, la faena, essentiellement droitière, retomba et Alberto y mit fin par entière. Pétition de deuxième oreille sans effet. Au cinquième, qui confirma l’adage, encore bon capoteo de réception, première pique poussée puis bon début de faena poursuivie par d’excellentes séquences sur les deux rives qui auraient mérité une conclusion plus habile, deux decabellos après entière tendida faisant quelque peu retomber le soufflé…

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(Les autres nouvelles, dont la novillada de Vic et le triomphe d’Andy Younes en Espagne dans la prochaine publication en fin de journée…)