Devant environ un quart d’arène et par beau temps, cette novillada matinale a enchanté les lève-tôt grâce au bon jeu des quatre erales du Lartet (Paul, Jérôme et Mathilde Bonnet). Le premier, « Camarinero », a été gratifié de la vuelta posthume et le troisième a été supérieur.
Un seul bémol à cette matinée réussie, il a manqué le salut, voire la sortie a hombros, de l’éleveur, le tout se résumant à une poignée de mains de Jérôme avec Aguado. Un oubli fâcheux de la part du public car ça aurait été selon moi on ne peut plus mérité !
Pablo Aguado (oreille et deux oreilles) s’est montré le plus puesto et a logiquement été invité à lidier le quatrième. Fort de son triomphe de la veille à Ronda, le Sévillan a affiché d’excellentes manières au capote, allant recevoir son premier a portagayola, puis enchainant six farols. Bonne réplique d’Andy, quite alluré par véroniques d’Aguado puis brindis à l’assistance d’une faena comprenant de somptueux mouvements sur les deux côtés face à un opposant très noble, mais juste de forces. Pablo se fit toutefois accrocher en fin d’exercice sur une circulaire inversée, mais se reprit bien. Entière. Au quatrième, morphologiquement un ton au-dessus et plus exigeant, Pablo afficha encore ses bonnes manières au capote puis offrit les banderilles à Léo Valadez dans un sympathique geste de compañerismo, le Mexicain se faisant acclamer au terme d’un tercio enlevé. A la muleta, le protégé de Luisito fit admirer son poignet et sa ceinture au service d’une technique déjà bien étayée dans des séries souvent allurées, concluant à nouveau d’une entière.
Andy Younes (saluts) reçut son Lartet par deux largas cambiadas de rodillas puis très un bon quite de Valadez suivi d’un accrochage sans grandes conséquences pour un banderillero. Il brinda au public une faena bien débutée par statuaires puis derechazos templés. S’ensuivirent quelques naturelles bien ciselées, mais par la suite, les choses eurent tendance à s’effilocher et malgré une évidente volonté, l’Arlésien ne réussit pas toujours à faire passer le message. Entière.
Léo Valadez (saluts) a pinché une faena qui aurait mérité un meilleur sort. Il reçut son adversaire, le meilleur de l’envoi, par vibrant capoteo puis lopecinas pour répliquer au quite d’Aguado. Suite par ovation avec les palos, brindis à l’assemblée, début par le haut puis bons derechazos en donnant la distance. Il voulut probablement trop en faire par la suite, s’emmêlant quelque peu les pinceaux et se faisant accrocher à deux reprises puis désarmer avant de sécher avec la ferraille.
A l’issue de cette novillada entretenue, Pablo Aguado a été déclaré triomphateur de cette finale et a reçu plusieurs distinctions, ses deux compañeros n’étant pas oubliés.
A la sortie de la novillada, des ganaderos comblés… Enhorabuena !!!
Après-midi. Deux bons tiers d’arène, temps chaud. Six toros d’Adolfo Martín bien dans le type, veletos, donnant un jeu divers, sans grand éclat au cheval, manquant d’allant la plupart, plus intéressants les 2,3 et 4.
Fernando Robleño (silence et oreille) prit en premier lieu un adversaire qui alla trois fois au cheval, la seconde sur le réserve, sans vraiment s’y distinguer. A la muleta, Fernando tenta d’intéresser en vain un toro qui ne transmettait pas grand-chose, sa charge étant par trop réduite. Entière et descabello. Au quatrième, le plus consistant, le Madrilène se distingua au capote puis Ángel Otero salua pour deux bonnes paires. Début de faena enlevé par redondos, Fernando donnant la distance et poursuivant avec décision en s’efforçant à apprendre avec succès les bonnes manières à un bicho quelque peu réticent au départ. Il fit ensuite taire la musique lors d’un final méritoire conclu par entière caída.
Manuel Escribano (oreille et silence) reçut son premier a portagayola. Au sortir du toril, l’Adolfo réfléchit, tarda à foncer avant bon capoteo suivi de deux piques sans éclat puis d’un tercio de banderilles qui valut une belle ovation au maestro de Gerena. Brindis à l’auditoire, cambio au centre puis derechazos énergiques avant naturelles ajustées, le tout manquant toutefois de transmission à cause des conditions limitées de son adversaire. Entière puis sérieuse blessure du banderillero Isaac Mesa qui reçut une cornada de 25 cm sous-cutanée au niveau du scrotum, avec éviscération des testicules, nécessitant une intervention chirurgicale à l’infirmerie des arènes.
Au cinquième, retour au toril pour une autre portagayola puis vibrant capoteo. Deux piques, la première rectifiée et la seconde sans style, autre ovation avec les bâtonnets, avec notamment une paire citée assis sur l’estribo, et faena volontaire mais à l’arrache face à une opposition sans grande consistance. Manuel insista, mais en vain. Entière au deuxième envoi.
Alberto Aguilar (saluts et silence) prit d’abord un opposant qui tenta de passer dans le callejón sans y parvenir puis qui reçut deux puyazos, le premier rectifié. Brindis à l’assistance, bonne entame droitière puis alternance sur les deux cornes par mouvements décidés et valeureux avant baisse de régime de l’animal. Demie et descabello. Avec l’ultime, Alberto se fit une grosse frayeur en trébuchant lors d’un quite entre les deux piques, heureusement sans conséquences. Saluts de Rafael Ruiz au second tercio, et par la suite, trasteo irrégulier et à l’énergie face à un opposant compliqué car avisé qui ne lui permit pas de réussir le desquite, après avoir affiché une incontestable décision et une grande vaillance. Levée de la séance par quatre pinchazos avant quasi entière.
Le prix au meilleur picador est resté desierto.
RONDA
La LVIIIème corrida goyesque a été marquée par les triomphes de Morante de la Puebla, qui a coupé les deux oreilles de son second Zalduendo, et du Juli, oreille et oreille.
Oreille et vuelta avec pétition pour Miguel Ángel Perera.