Arènes pratiquement pleines, vent. Quatre toros de Garcigrande (2, 3bis, 4 et 5) et deux de Domingo Hernández (1 et 6) bien présentés et donnant du jeu la plupart, meilleur le dernier.
Juan Bautista : oreille et oreille.
Sébastien Castella : oreille et deux oreilles.
Manzanares : applaudissements et deux oreilles.
A noter que si Juan Bautista n’est pas sorti a hombros aux côtés de ses deux compañeros alors qu’il a coupé deux oreilles, c’est parce que le nouveau règlement taurin de Béziers stipule que dorénavant, il faut avoir au moins coupé deux oreilles sur le même toro…
En matinée, quatre erales de Robert Margé donnant du jeu à divers degrés. Oreille pour Ignacio Ruiz et Tomas Ubeda, et vuelta pour Antonio Cuadra et Carlos Olsina.
Le prix au meilleur novillero a été décerné à Ignacio Ruiz, élève de la Fundación El Juli.
Avec Feria TV, voir la vidéo de la corrida d’ouverture en cliquant ICI
(Photos : Jean-Claude Carbonne)
DAX
Ciel couvert, arènes pleines. Six toros d’Antonio Bañuelos plus un sobrero du même fer (1bis) bien présentés et armés, donnant un jeu assez souvent décevant par manque de race, plus exploitables les 1bis et 6.
Enrique Ponce (saluts et silence) a reçu une chaleureuse ovation de réception à l’occasion de ses vingt-cinq années d’alternative. Hélas, il n’a pu récidiver son triomphe montois à cause d’un lot en dessous de ses intentions. Son premier a été renvoyé aux corrales pour faiblesse, le sobrero prenant ensuite deux bonnes piques après d’harmonieuses véroniques de réception. Bon quite par chicuelinas de Fandiño puis faena composée de mouvements templés, le maestro de Chiva donnant une leçon de mando et finissant relâché et vertical, seule la conclusion un peu approximative et longuette venant mettre un bémol à un trasteo artistiquement abouti. Bon capoteo avec le quatrième, long à se fixer, deux piques sans style puis brindis à l’assemblée d’une faena débutée par élégants doblones et poursuivie par séries allurées à droite, l’autre rive s’avérant plus délicate à aborder. Trois quarts et descabello.
Iván Fandiño (silence et vuelta) débuta avec un toro préservé au cheval en deux rencontres, et après un quite de Luque, entame décidée du Basque et suite sans grande option face à un animal dépourvu de caste, ce qui ne donna que peu d’importance à l’effort fourni par Fandiño. Deux pinchazos et descabello, sifflets au toro. Avec le quinto, Iván fit encore un bel effort lors d’une faena brindée au conclave et débutée par cambio avant des échanges décidés au centre. Le maestro d’Orduña fit le boulot sur plusieurs séries bien tracées face à un opposant qui ne l’aida guère. Manoletinas serrées puis conclusion par trois quarts de lame.
Daniel Luque (saluts et oreille) débuta avec un adversaire qui prit deux piques traseras puis afficha une élégance certaine dans un début gaucher puis une succession de beaux gestes face à un adversaire à la charge limitée. Bel effort du maestro de Gerena qui conclut d’une entière au second envoi. Réception allurée de l’ultime, d’abord à genoux puis par véroniques, deux piques traseras puis excellent quite par chicuelinas au cordeau. Salut d’Abraham Neiro au second tercio, brindis au conclave puis doblones majestueux en se ployant avant un bon enchainement droitier d’un Luque très décidé qui transmit au public. S’ensuivirent d’autres mouvements valeureux, notamment pas naturelles, face à un adversaire compliqué auquel il prit le dessus, terminant par luquecinas une œuvre achevée par entière puis descabellos.
Matin. Environ deux tiers d’arène, ciel couvert avec quelques gouttes sur la fin. Quatre erales de José Cruz bien présentés, donnant du jeu la plupart, en retrait le troisième.
Tibo Garcia (oreille et vuelta) a démarré par capotazos allurés suivis d’un bon quite par faroles d’Adrien. Faena brindée à Pierre Arnò Blain, fils du journaliste Pierre Albert Blain, débutée par doblones soignés avant d’enchainer sur les deux bords plusieurs séries harmonieuses au centre en donnant la distance. Entière tombée. Bon capotazos pour recevoir son second, autre quite par farols d’Adrien à qui Tibo brindera ensuite sa faena. Noble mais juste de forces, le novillo dut être toréé à mi-hauteur, ce que fit Tibo par séquences suaves en s’adaptant bien aux conditions de son opposant. Entière et pétition non suivie d’effet.
Adrien Salenc (saluts et oreille) a accueilli son premier par larga cambiada de rodillas puis bons capotazos, y compris pour répliquer à un quite par chicuelinas de Tibo. Applaudissements au second tercio, brindis à Louis Husson puis enchainements de séries sur les deux rives en donnant la distance et en manifestant pas mal d’entrega. Final par le haut et ensemble terni par la conclusion. Au dernier, Adrien a encore été applaudi aux banderilles, notamment pour un bon quiebro puis brindis à l’assistance d’une faena débutée par le haut face à un adversaire qui avait tendance à lorgner vers les extérieurs. Adrien parvint par la suite à corriger ce défaut et à le retenir dans le leurre, poursuivant par séries allurées des deux côtés. Un tiers de lame puis descabello.
A l’issue de la course, le maire de Dax, Gabriel Bellocq, remit à Adrien Salenc le prix du meilleur novillero puis d’autres prix ont été remis par diverses associations (ACOSO, Commission Taurine…) aux deux novilleros.
SAN SEBASTIÁN
4/5 d’arène. Deux Fermín Bohórquez pour le rejón et quatre Garcigrande bien présentés et donnant un jeu irrégulier, meilleur le second.
Silence et oreille pour Pablo Hermoso de Mendoza, oreille et saluts pour El Juli et saluts puis oreille pour Miguel Ángel Perera.
Reseña de Pierre Vidal de la corrida d’ouverture…
Saint Sébastien, jeudi, première de la Semana Grande. Plus de 2/3 d’arène.
Six toros de Torrestrella.
Enrique Ponce: ovation et une oreille
José Mari Manzanares: ovation et silence.
Alberto López Simón: ovation et ovation.
Curro Javier et Raul Blásquez saluèrent au second.
L’événement était à Saint-Sébastien puisque la corrida y faisait son retour après une longue période d’interdiction. Elle le faisait en direct devant les caméras de la première chaîne – publique – et devant Juan Carlos I, l’Infante et plusieurs enfants de la famille royale. Dans le contexte si dur qu’affronte la tauromachie dans son berceau, l’Espagne, un jour où Paquirri entre la vie et la mort a été moqué de manière indécente par un député sur son compte twitter, c’était un événement. Et les longs applaudissements pendant et après le paseo étaient – sans exagération – vraiment émouvants. Le retour de la corrida est donc possible dans ces lieux où l’intolérance l’avait bannie; à Saint Sébastien, ça n’est pas rien… messieurs les antis, c’est une sacrée pierre dans votre jardin.
Tout cela est à mettre au crédit des frères Chopera qui n’ont jamais baissé les bras et qui prennent une revanche splendide aujourd’hui. Avons toujours été juste avec eux ?… Le concept même d’Illumbe a permis ce retour: arène couverte, multi-usage, confortable, facile d’accès et d’une capacité très importante. Il a été imité partout dans le monde. La minorité vieillissante qui préfère se mouiller ou être à l’étroit, appartient au passé; la corrida n’appartient plus au folklore, elle appartient au futur. Illumbe est une réalisation visionnaire qui lui donne de nouvelles perspectives. C’est formidable que le concept, demeuré comme neuf, puisse avoir une seconde vie.
La corrida du jour, bien que de Torrestrella, n’a pas été un cadeau pour les toreros: souvent âpre, de peligro sordo, ne se livrant pas, sauf l’excellent cinquième. Les toreros étaient tous les trois animés de bons sentiments. Enrique Ponce a délivré son magister et a atteint les sommets à son second passage. Il coupe une oreille lourde de sens. José Mari Manzanares, très concentré, a été soulevé deux fois par son premier adversaire et n’a rien lâché. Faena émouvante pour son courage et sa détermination; persévérant là où d’autres de son calibre auraient lâché l’affaire, l’Alicantino tua mal hélas ! Bien aussi Alberto López Simón, dont le lot manquait de fond, mais dont il sut, par son aguante et son sens du rythme, tirer le maximum. Lui aussi tua mal.
Ainsi revint – pour la seconde fois après l’épisode du Chofre – la belle ville de Saint Sébastien dans le giron de la tauromachie.
Voir la vidéo de Jean-Michel Lamy (Corrida Passion) en cliquant ICI