A Madrid, dans le temple de Las Ventas, les jours se suivent et ne se ressemblent pas… Ce vendredi, l’arène a repris des couleurs par rapport à la veille et le grand protagoniste d’une tarde qui restera longtemps gravée dans les mémoires n’est autre qu’Enrique Ponce, auteur d’une magistrale leçon en deux volets seulement éthérée par l’emploi de la ferraille, sinon, au lieu de deux, c’est certainement quatre oreilles qu’il aurait ajoutées à sa collection. Un exploit rehaussé par un lot très sérieux de Domingo Hernández et qui en dit long sur la torería de Ponce car il est rare en ce lieu que l’on puisse couper une oreille après avoir pinché.
Les plus orthodoxes s’en sont offusqué, mais la grande majorité des aficionados a su le lui pardonner, tellement le contenu de ses deux faenas recelait de petits joyaux…
David Mora : saluts aux deux. Soigné pour un puntazo dans la cuisse gauche, sans caractère de gravité.
Varea, qui confirmait : silence aux deux.
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NÎMES
Beau temps, environ demi-arène. Six toros de La Quinta formant un ensemble correct de présentation bien qu’inégal et donnant la plupart un jeu décevant car soso et manquant d’allant et de classe dans les charges, le 2 se sauvant de la quema.
Le paseo s’est arrêté pour observer une minute de silence en hommage à Palomo Linares.
Rafaelillo (saluts et silence) se fit applaudir pour ses véroniques de réception avant deux piques sans style. Faena brindée à l’assemblée trouvant peu d’écho malgré la volonté du petit Rafael, son adversaire s’avérant trop soso et faible pour donner du relief à son labeur. Entière. Le quatrième ne valait guère mieux. Reçu par larga, il prit deux piques, la première en pompant allègrement et la seconde sortie fermée. La suite par séries d’intensité inégale, faute de la moindre chispa de la part d’un opposant à la noblesse molle qui ne l’aida guère à relever le plat. Entière au second envoi.
Manuel Escribano (oreille et silence) débuta avec un adversaire qui s’en prit d’emblée aux tablas avant deux piques, la première en contournant et la seconde en bloquant la sortie. Avec les palos, le maestro de Gerena reçut une belle ovation, notamment pour un violon au fil des planches, puis brindis à la clientèle, doblones suaves et redondos remuant le conclave. Manolo donna la distance et déclencha la musique, poursuivant par séries bien léchées avant final par molinetes puis entière. Il accueillit le quinto par véroniques avant deux rencontres puis bon second tercio qui lui valut une nouvelle ovation. La suite allait rapidement se déliter, Escribano ne trouvant pas avec un adversaire décasté matière à doubler la mise. Echec aux aciers et faillite du puntillero.
Román (silence aux deux) a débuté par un toro aux réactions parfois curieuses, à se demander si une visite chez l’oculiste n’aurait pas pu arranger un ntant soit peu les choses ! Toro de peu d’option, malgré les efforts consentis par le jeune maestro qui ne trouva pas chez son opposant de quoi exécuter un trasteo méritant la mention. Avec l’ultime, qui alla défoncer quelques planches en début de faena, Román ne put envisager de réussir le desquite, son opposant, au demeurant gazapón, ne tenant pas vraiment la distance. Clôture de la séance par entière, mais il est clair que l’on attendait davantage, et surtout plus de mouvement, de présence et de tempérament de la part des santacolomeños de La Quinta.
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BAUTISTA
Pour sa prochaine encerrona du dimanche 4 juin à Nîmes, Juan Bautista fera le paseo avec une cape ayant appartenu à Nimeño II afin de lui rendre hommage.
Cette cape, offerte par Christian Montcouquiol au Sanctuaire de Notre Dame de Grâce de Rochefort-du-Gard et propriété du Diocèse de Nîmes, a été classée par les Monuments Historiques en 2012.
Ce prêt a été rendu possible par la DRAC (Direction des Affaires Culturelles), les Monuments Historiques et le Diocèse de Nîmes, ainsi que la famille, Alain et Alexandre Montcouquiol.
(Communiqué)
ZACARÍAS MORENO
S’il est un éleveur qui, de ses propres dires, risque de ne pas trop bien dormir dans la nuit de vendredi à samedi, c’est bien Zacarías Moreno, qui est venu lidier à Nîmes, et plus généralement en France, pour la première fois.
Visiblement impatient de voir ses six novillos dans le « ruedo » de l’amphithéâtre romain ce samedi en matinée, l’éleveur madrilène m’a reçu pour me présenter sa ganadería et me dire ses espoirs à la veille d’un rendez-vous aussi important pour lui.
Il faut dire que son élevage est récent et que Nîmes va constituer un test important dont il attend bien sûr une bonne répercussion. Cet homme très affable, au demeurant industriel, est revenu sur ce qui l’a poussé à élever des toros en parallèle de ses activités, ce qui peut se résumer en un seul mot : Aficion…
» Personne n’élevait de toros dans ma famille, mais mon père a voulu être torero, puis moi aussi. Nous étions très proches des toros, des chevaux, et quand j’ai voulu être torero, mon père s’est retiré du toreo pour me suivre et me faciliter les choses. Je n’ai pas vraiment fait carrière, mais j’ai pensé alors à me lancer un jour dans l’élevage des toros… et maintenant, nous sommes là !
Je possède deux fincas autour de Madrid, une première à Chinchón et l’autre à Guadalix de la Sierra, une finca ancienne qui appartenait avant à Hernández Pla ! Elle est très jolie, dans cette zone granitique et une nature très propice à l’élevage.
Celle de Chinchón comprend une plaza de tienta où j’aime venir pour les tentaderos. C’est pour ça que j’y mets essentiellement les vaches qui doivent être tientées dans l’année, ainsi que quelques novillos en sin caballos et quatre ou cinq utreros qui devaient passer en festival…
Celle de Guadalix est d’une taille bien plus importante, c’est là où se trouve l’essentiel de mes bêtes. Au total, en ce qui concerne le nombre de têtes, j’ai 230 vaches de ventre et si l’on excepte les mansos, j’ai entre les deux fincas environ 700 têtes de bétail.
Quant à la superficie de mes propriétés, celle de Morata (Chinchón) est de 100 hectares, alors que celle de Guadalix en a 600. Elle est très belle, avec un étang, et très proche de celle de mon compañero et ami Victoriano del Río.
La ganadería est très jeune, j’ai débuté en 2008 avec 78 vaches du Ventorillo et avec l’aide de mon ami Domingo Hernández dont j’ai eu un semental. Ensuite, n’étant pas pleinement satisfait des produits du Ventorillo, j’ai décidé de réajuster l’élevage avec des vaches de Garcigrande et de Daniel Ruiz. Dans le lot que j’ai amené à Nîmes, certains proviennent du semental de Garcigrande et d’autres de celui de Daniel Ruiz. En principe, ils descendent tous d’une bonne lignée. Mais je vous dirai après si ça a été le cas !
Je cherche avant tout des toros qui donnent du jeu, qui contribuent au spectacle, qui bougent et avec lesquels les toreros peuvent triompher ! Que le public se régale et que les toreros coupent les oreilles… Quand ces deux choses se produisent, ça signifie que le ganadero a triomphé ! Il faut chercher un toro qui humilie, qui ait de la charge, du recorrido, un ensemble de qualités qui vont permettre au torero de s’exprimer en pratiquant son toreo.
Pour le moment, je n’ai pas encore lidié de corrida de toros. J’en suis encore au stade de la novillada. Ça s’est plutôt bien passé ces dernières années, avec indulto, vueltas… L’an passé, nous avons lidié une bonne novillada à Gijón, une autre vers Burgos, avec une vuelta, une à Valencia pour le « Día de los Desamparados » qui est bien sortie, avec la sortie a hombros de Leo Valadez…
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Nîmes ? Ce sont des circonstances assez curieuses ! Simon Casas est un spécialiste de la tauromachie, et l’an dernier, après le succès de ma novillada à Valencia, Santiago López m’a demandé de réserver une novillada pour les Fallas. Mais après, quand sont venus les veedores, ils m’ont dit que ce serait mieux que plutôt qu’aux Fallas, ma novillada aille à Nîmes ! Je ne savais pas trop comment réagir car j’étais mentalisé pour les Fallas, mais cette aventure me tentait aussi, d’où mon accord. Je suis très honoré par la confiance que me témoigne l’empresa, Nîmes est une arène très importante. C’est pour moi une double satisfaction, lidier à Nîmes et me présenter en France !
Tous mes amis ganaderos m’ont dit beaucoup de bien de la France, j’ai failli y lidier l’an dernier, mais en définitive, ça ne s’est pas fait. Mais je suis très content que mes premiers pas dans votre pays, ce soit ici à Nîmes pour une feria très importante. Et maintenant, j’y suis et le compte à rebours est commencé…
Avec une de ses filles…
C’est toujours très délicat de former un lot car il faut tenir compte de certains aléas qui peuvent survenir. J’ai sélectionné onze novillos desquels j’en ai finalement fait venir neuf qui pour le moment n’ont aucun problème. On verra bien au dernier moment. J’espère évidemment qu’ils sortiront bien car je pense qu’un succès ici peut avoir de bonnes répercussions dans mon pays. Non seulement en Espagne, mais ici aussi, en France où il y a de très bons aficionados qui défendent la Fiesta, quelque chose que les Espagnols devraient prendre en exemple.
Chez nous, les politiciens ne se mouillent pas pour la Fiesta et c’est très dur pour nous, d’autant plus que les anti-taurins ne sont pas si nombreux que ça. Il n’y a pas longtemps, à Aranjuez, ils n’étaient pas plus qu’une vingtaine ! Malgré cela, les médias leur donnent beaucoup d’importance, et à Valencia, ils étaient 25 ! Mais avec leurs appareils sonores et leur tintamarre, on dirait qu’ils sont dix fois plus !
Pour revenir à mon élevage, mon objectif pour 2017 consiste à avancer pas à pas, sans brûler les étapes, pour encore étayer sa réputation. Pour le moment, mon esprit est fixé sur Nîmes, ensuite, il sera temps de penser à Santander où je dois lidier en juillet pour la feria. C’est une bonne arène, avec des « buenas gentes ». J’ai en tout quatre novilladas, et ce qui se passe, c’est que je risque de lidier une corrida de toros à Gijón au mois d’août. Ce sera la première fois que je présenterai une corrida complète en public. J’ai déjà lidié des toros, mais pas un lot entier, c’est évidemment une perspective intéressante, on verra bien si ce projet ira à terme, sinon ce sera une novillada… Mais en réalité, la marche à suivre, sauf exception que je viens de mentionner, c’est de continuer en novillada et de grimper les échelons l’un après l’autre. La responsabilité est énorme, et il ne faut surtout pas précipiter les choses ! Pour l’heure, je ne suis pas sûr de beaucoup dormir la nuit qui précèdera ma novillada de Nîmes !!!
Cependant, j’ai très confiance, les novilleros sont aguerris, Ochoa est un torero de Madrid, un novillero prometteur qui est passé par l’école de Madrid, d’ailleurs Rafael de Julia l’accompagnera. Gardel vient de la Fundación du Juli, ce qui est une référence, et Andy Younes est déjà venu tienter chez moi où il a été excellent. Maintenant, mon plus grand souhait est que les trois triomphent et que le lendemain, on se souvienne des toreros, car si c’est le cas, ça signifiera que le ganadero a aussi triomphé !!! »
Cette rencontre avec ce sympathique éleveur me pousse évidemment à souhaiter que son vœu se réalise et que sa présentation en France lui ouvre encore plus le chemin. Suerte, ganadero !!!
BOUILLARGUES
Rappel…
CHOULEUR
Durant la Feria de Pentecôte, à la galerie Chouleur, rue Fresque à Nîmes, cinq artistes se sont réunis pour proposer dans une expo collective leur vision de la tauromachie, du flamenco, de la musique, bref de tout ce qui fait l’âme et la contenu éclectique d’une feria…
Andrés Mérida, le peintre de Málaga, n’est plus un inconnu chez nous. Il est revenu pour présenter de nouvelles œuvres à base de techniques variées, oscillant toujours entre toros et flamenco.
Julie Bérard a disposé sur un pan de mur des photos taurines balayant tous les aspects de cet art.
Roman a lui aussi exposé une œuvre essentiellement tauromachique avec ses protagonistes bien reconnaissables.
Laurent Bonne s’est attaché à illustrer ce que la musique apporte à la fête sur un pan de mur consacré notamment aux fanfares.
Enfin, Fernando B. a disposé aux quatre coins de la galerie des sculptures taurines…
Vous y serez accueilli jusqu’au 5 juin inclus, de 11h à 22h. A découvrir…
De gauche à droite : Roman, Andrés Mérida, Julie Bérard et Laurent Bonne.
UCTPR
Après la corrida du vendredi, Dominique Perron, Président de l’Union des Clubs Taurins Paul Ricard, et son délégué Arnaud Frade, ont reçu dans la Bodega du Poète le dessinateur Eddie Pons.
Pour pallier quelques ennuis de sono, le président Perron a dû élever le ton et c’est a capela qu’il s’est adressé à l’artiste, le félicitant pour sa trajectoire réussie dans sa catégorie, jamais à court d’idée quand il s’agit de manier l’humour, que ce soit pour la tauromachie, le flamenco ou les choses de la vie…
Bien entendu, pour la photo officielle, outre Jacques Olivier Liby à qui l’on n’a pas pu soutirer le nom du lauréat du Prix Hemingway 2017, sont venus s’ajouter nos hôtes avant de partager le Ricard de l’Amitié, selon la formule du Président, toujours partagée dans la convivialité…