La feria de Nîmes s’est terminée ce lundi d’une façon un peu curieuse par l’indulto d’un toro de Vegahermosa qui aurait dû en constituer son apothéose, mais qui a suscité la polémique avec le désaccord d’une partie du public. Pour autant, Peñado a été un grand toro. Et Borja Domecq, l’éleveur de Jandilla et de son deuxième fer de Vegahermosa, pouvait être fier une nouvelle fois de son envoi nîmois…

La mauvaise surprise aura été l’entrée du jour, historiquement faible pour un lundi de Pentecôte, pouvant être estimée à environ 2/5 d’arène. Circonstances d’un lundi qui n’est plus férié, composition du cartel avec de bons toreros mais méconnus du grand public ? Toujours est-il que cette désaffection de l’amphithéâtre est quelque part inquiétant.

Les toros de Jandilla (les deux derniers de Vegahermosa), bien présentés, inégaux de forces, ont été le plus grand point de satisfaction de cette tarde. Combatifs, mobiles, ils auront maintenu l’intérêt, la palme allant bien entendu à « Pañero », de Vegahermosa, N° 42, 546 kilos, à qui le président Frédéric Pastor a permis de retrouver ses verts pâturages de Llerena…

David Mora (saluts puis oreille avec pétition de la seconde) a ouvert la course avec un toro peu piqué en deux fois  avec lequel il s’était auparavant distingué par véroniques. A la muleta, entame suave jusqu’au centre où il allait aligner quelques séries bien léchées sur les deux rives, bien qu’un peu marginales. Pinchazo puis entière. Bon capoteo de réception du quatrième, deux rencontres, saluts d’Ángel Otero au second tercio puis double brindis, d’abord à l’assistance et ensuite à sa peña. Faena esthétique, verticale, redondos sans fin avant finale près des cornes pour maintenir l’intérêt, le tout conclu par entière.

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Paco Ureña (oreille et saluts) se distingua sur les véroniques de réception de son premier qui prit deux piques en suivant. Brindis à l’assemblée et début de faena par statuaires, le bicho s’affalant sur le remate. La suite avec du mal à transmettre malgré son application qui sera toutefois reconnue plus tard, à l’heure des récompenses, après un final rapproché, immobile dans un pouce de terrain. Entière, toro amorcillado qui finit par tomber, un final qui a pas mal compté dans l’obtention d’un trophée. Le quinto s’est révélé excellent. Piqué en deux fois sans grande histoire,  Garrido exécuta dans la foulée un superbe quite de chicuelinas en baissant les mains. Par la suite, Ureña, à défaut d’être réellement inspiré, soignera sa faena avec notamment de bons mouvements droitiers, mais sèchera avec les aciers à cause de trois pinchazos avant une demie curieusement a recibir.

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José Garrido (saluts puis deux oreilles symboliques) s’illustra à son premier par ses véroniques de réception. Après deux rencontres puis un salut de Chacón au second tercio, l’Extremeño brinda au conclave une faena débutée à genoux au centre, le bicho partant de loin. Après cet enchainement de rodillazos du plus bel effet et quelque part courageux, il poursuivit son trasteo à tribord, se fit avertir ensuite puis désarmer à gauche sur un hachazo assassin, retournant illico sur un terrain droitier moins aléatoire. Final par manoletinas deux pinchazos puis deux tiers de lame.

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En guise de clôture de la course et de la feria, allait donc sortir le fameux « Peñado », objet un peu plus tard de toutes les discussions pour cause de grâce présidentielle diversement appréciée. Bonne réception par véroniques puis deux piques et second tercio applaudis, brindis au ganadero Borja Domecq qui aurait mérité au final d’être acclamé si cette polémique n’avait pas surgi. Profitant des belles qualités de charge de son adversaire, Garrido allait construire une faena alternée sur les deux bords. Bousculé sur un cambio au milieu d’une série gauchère, il se reprit bien, notamment sur un changement de mains puis de somptueux adornos. Les olés firent alors place à un murmure qui s’amplifia jusqu’à se transformer en pétition, certes pas unanime, mais qui enfla suffisamment selon le palco pour tomber le mouchoir orange, ce qui fit réagir bruyamment ceux qui étaient opposés à cette grâce présidentielle.

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Comme souvent en pareil cas, question d’appréciation et de critères divergents, un peu comme l’histoire de la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine…

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En tout état de cause, je le répète, la satisfaction principale sera venue ce jour du bétail qui dans l’ensemble a été un protagoniste intéressant pour cette clôture qui n’a probablement pas fini de faire parler. Quoi qu’il en soit, bon vent à Pañero, et quitte à avoir eu la vie sauve, qu’il contribue à ce que la ganadería continue à produire de toros avec autant de qualités…

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A noter que José Garrido, avec le simple octroi de deux oreilles symboliques, sans le rabo, est sorti a hombros par la porte des cuadrillas, et non pas par celle des Consuls qui n’est ouverte que pour un minimum de trois oreilles !

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En matinée, arènes pleines pour une corrida de rejón qui face aux toros de Fermín Bohórquez, a vu le triomphe d’Andy Cartagena très spectaculaire, qui a fait virer le public au rouge vif pour ses qualités de monte, la précision de ses poses et ses remarquables dispositions artistiques.

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Deux oreilles à chacun de ses toros pour Cartagena qui est reparti a hombros par la Porte des Consuls.

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Pablo Hermoso de Mendoza : silence puis deux oreilles.

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Léa Vicens : oreille et vuelta.

Voir le résumé vidéo de cette corrida en cliquant ICI

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Dernière de feria. Plein apparent. Six toros d’Alcurrucén.

Curro Díaz : oreille et silence.

Juan Bautista : oreille et ovation et saluts.

Manolo Vanegas, qui prenait l’alternative oreille et vuelta al ruedo.

A l’issue du paseo, le public a été invité à une minute d’applaudissements en mémoire de Philippe Cuillé, ancien apoderado de Manolo Vanegas, organisateur de la féria d’Alés, disparu il y a quelques semaines.

Le toro d’alternative s’appelait « Cumbre-Alta », nº 150, colorado bragado meano né en 12/11.

Les trois toreros sont sortis sous une forte ovation, la musique reprenant « L’encantada ».

On ne pouvait pas espérer meilleur final pour un grand cru vicois. Une féria qui restera dans les annales. Les Alcurrucén très présentés, munis de porte-manteaux aiguisés comme des couteaux de cusine et âgés de cinq ans révolus pour quatre d’entre eux, avaient de quoi impressionner dès leur sortie. Ils firent le job sous le cheval avec plus ou moins de bonheur; le sixième se distinguant en envoyant promener le lancier et sa monture. Par la suite, ils ne s’en laissaient pas compter, même si, bien conduits, ils permirent aux trois toreros de triompher de leurs pièges.

Trois hommes, trois styles et d’abord l’artiste Curro Díaz, parfait parrain d’alternative, il aurait pu se défiler face à cette impressionnante opposition. Il n’en fut rien: à la cape comme à la muleta, il montra cette douceur soyeuse qui séduit toujours. Une sorte d’autorité masquée derrière une apparente facilité et le goût des choses bien faites et élégantes. Une entière un poil tombée et une récompense bien méritée. Il plia les gaules rapidement face à l’immobile quatrième.

Incroyable Jean-Baptiste qui venait de combattre la veille six toros devant plus de 20.000 personnes. Il atteignit la perfection face à son premier adversaire, avec pour commencer des mises en suerte élégantes et précises et par la suite en construisant une faena exceptionnelle d’intelligence qui alla de menos à más, face à un animal rétif dans ses débuts qui s’avéra d’une noblesse spectaculaire. Il tenta le recibir, mais ne le réussit qu’au second essai. Le triomphe fut limité; il aurait pu être total, sans ce coup du sort. Son second adversaire avait moins de qualité; il tenta tout, visant la puerta grande, mais sa détermination ne suffit pas. On salua tout de même la générosité et le métier de l’Arlésien qui, il nous l’a dit souvent, aime Vic là où d’autres s’en épouvantent.

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C’était le jour de Manolo Vanegas, la première alternative aussi dans ces arènes vicoises. Il joua le tout pour le tout comme il se doit dans ces circonstances et malgré la dureté de son toro d’alternative qui lui sautait au cou comme pour l’égorger, comme un vieux briscard, il ne s’émut point de ces intentions vicieuses. Au contraire, il sut profiter de la mobilité relative du cinqueño pour construire un travail courageux, viril, spectaculaire bien terminé à l’épée. Les trains ne repassent deux fois en tauromachie, il le sait Manolo: la pétition fut unanime. Il aurait pu doubler la mise face au dernier toro après une nouvelle faena très engagée et ferme toujours, s’il avait été plus chanceux au descabello.

Il fit une vuelta chaleureuse, le drapeau de son pays sur l’épaule, acclamé particulièrement par la poignée de ses compatriotes venus pour l’occasion. On eut alors une pensée pour ce grand pays qui souffre et lutte pour la liberté et pour sa tauromachie brimée et victime de l’arbitraire.

Viva Venezuela !

Pierre Vidal

(Photo : Isabelle Dupin)

MADRID

 

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Devant trois quarts d’entrée et face à des toros inégaux de jeu et  exigeants de Dolores Aguirre, Gómez del Pilar a obtenu l’unique trophée de la tarde à son premier, avec silence à l’autre.

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Silence aux deux pour Rafaelillo.

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Silence et saluts pour Alberto Lamelas.

(Photos : Joël Buravand)

PAMPLONA

Cartels officiels des sanfermines 2017 :

Mercredi 5 juillet : six novillos d’El Parralejo pour Javier Marin, Jesus Enrique Colombo et Toñete.

Jeudi 6 : six El Capea pour Pablo Hermoso de Mendoza, Leonardo Hernández et Roberto Armendariz.

Vendredi 7 :  six Cebada Gago pour  Juan Bautista, Javier Jiménez et Román.

Samedi 8 : six José Escolar pour Eugenio de Mora, Pepe Moral et Gonzalo Caballero.

Dimanche 9 : six Puerto de San Lorenzo pour Curro Díaz, Paco Ureña et José Garrido.

Lundi 10 : six Fuente Ymbro pour Juan José Padilla, El Fandi et Manuel Escribano.

Mardi 11  : six Jandilla pour Miguel Ángel Perera, Cayetano et Andrés Roca Rey.

Mercredi 12 : six Victoriano del Rio pour Sébastien Castella, Alberto López Simón et Ginés Marín.

Jeudi 13 : six Nuñez del Cuvillo pour Antonio Ferrera, Alejandro Talavante et Roca Rey.

Vendredi 14 : six Miura pour Rafaelillo, Javier Castaño et Rubén Pinar.

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