Débutée le matin par la novillada non piquée par beau temps avec toutefois rafales gênantes en piste et devant une demi-arène environ, la journée Dolores Aguirre allait être marquée par le triomphe d’El Rafi, élève du CFT, qui a coupé les deux oreilles du quatrième eral, gacho, le plus maniable de l’envoi. S’ils n’avaient pas tous les têtes les plus belles du bal, les Dolores avaient de la charpente, en particulier le troisième, un authentique tank pour la catégorie !
Alors que ses trois compañeros venaient d’en baver des ronds de chapeaux devant trois coriaces erales, voilà que sortit celui qui allait permettre au torero de s’exprimer en ajoutant l’art à la manière. Muleta en mains, Rafi a pu distiller plusieurs séries allurées et templées au cours d’une faena brindée à l’assistance qui porta sur les étagères.
Auparavant, le Nîmois s’était déjà montré à son avantage au capote puis aux banderilles, et même s’il est clair que son adversaire était le plus maniable, son mérite aura été de bien s’entendre avec lui et d’avoir su trouver rapidement la bonne cadence. Cerise sur le cake, Rafi conclut par un estocodón qui a compté certainement dans l’attribution du second trophée. Vuelta à l’eral puis tour de piste avec le mayoral avant sortie a hombros. Auparavant, il avait reçu en piste le trophée Philippe Castelbon de la part du Club Taurin Paul Ricard de Boujan…
Cristián Montoro (trois avis puis applaudissements d’encouragements) a voulu en faire des tonnes face à un animal charpenté qui ne pardonnait pas l’à peu près, ce qui quelque part s’est retourné contre lui. Après un second tercio au cours duquel il a connu des fortunes diverses, il dut aguanter l’effet pervers des rafales et quelques retours assassins avant de sécher avec l’épée, avec notamment deux atravesadas… au point que les trois avis furent sonnés ! Marc Monnet s’est alors chargé de puntiller l’Aguirre depuis le burladero…
Carlos Carmona (vuelta) a peut-être perdu avec les aciers une récompense qui aurait pu valoriser ses bonnes dispositions manifestes dès la réception a portagayola puis au cours d’une faena brindée à une amie qui comprit plusieurs passages valeureux et prometteurs, mais ponctués par la suite d’un accrochage qui le fit poursuivre avec sa taleguilla déchirée. Le novillo, ne voyait plus que lui, mais Carlos continua alors à afficher ses ganas hélas ternies par une conclusion discutable.
Quant à El Pere (vuelta), qui s’envoya l’hippopotame du lot, toutefois juste de forces, bizco avec un poignard gauche qui demandait le respect, il se montra décidé au capote avant de brinder à l’assemblée une faena certes inégale, mais comprenant quelques mouvements méritoires, surtout à tribord. BMalgré le tonnage de son opposant, il ne s’est pas échappé et a conclu par demie, avec un retrait de la lame à la main assez gonflé, puis entière.
Après les agapes de la mi-journée, retour dans le bidon, au demeurant bien rempli, pour la deuxième partie de la journée Dolores Aguirre à qui il fut rendu hommage. Un lot au tamaño conséquent, inégal d’armures (annonce préalable au micro concernant deux d’entre elles abimées aux corrales), sérieux et manso pour la plupart, avec des moteurs très inégaux en ce qui concerne le réglage et les performances.
Miguel Ángel Pacheco (silence aux deux) a débuté la séance après que Baptiste Bordes ait écarté avec succès le premier novillo qui prit ensuite trois piques peu orthodoxes. Brindis au conclave d’une faena composée de séries courtes face à un bicho limité de forces qui se défendait brusquement, notamment sur de secs retours. Ensemble plutôt marginal qui ne généra que peu d’émotion, entière tendida au troisième envoi. Après de bonnes véroniques, le quatrième a été placé au cheval par chicuelinas marchées. Trois rencontres avec mention à la dernière en partant de plus loin, puis brindis à l’assistance et bonne entame droitière avant une succession de séries sans grand allant du côté du novillo. « Pases y pases » puis demie au quatrième envoi.
Luis Manuel Castellanos (silence aux deux) a démarré avec un premier qui avait la corne gauche en pinceau. Auparavant, Baptiste Bordes se fit accrocher lors de son écart et dut être soigné à l’infirmerie. Il reviendra bien, mais uniquement pour suivre la suite de la course depuis le callejón. Castellanos se retrouvera ensuite à la merci du toro lors d’une chute à ses pieds sans conséquences, puis deux piques sans style. Brindis à l’organisateur Michel Bouisseren puis affrontement compliqué et juste de forces face à un novillo qui ne l’aida guère. Echanges sans grande fluidité et de peu de transmission. Trois quarts tendida après pinchazo puis descabello.
Avec le quinto, un superbe castaño, le public allait vivre un moment très spectaculaire lors d’un tercio de piques en quatre assauts à charge de Gabin. Bien contenu la première fois avec un exercice réussi d’équilibriste, bien pris la deuxième, s’ensuivit alors un troisième assaut avec arrancada venant de plus loin suivie d’une demie vuelta de campana puis un dernier puyazo placé plus loin encore. Sans que l’on puisse évoquer de la bravoure pure, ce novillo avait eu au moins le mérite, par sa violence, d’être l’un des trois protagonistes de ce tercio. Je dis trois car il y eut aussi Gabin, bien entendu, et comme il me l’a précisé à la fin de la course, il montait la jument « Bellisima », de la cuadra Bonijol, avec laquelle il avait remporté le trophée le mois dernier à Vic ! Pour sa performance, Gabin a été invité à saluer avant de quitter le ruedo, ce qu’il fit en y ajoutant un autre salut vers le ciel en hommage à Iván Fandiño… Double brindis au public et à Marc Serrano avant d’être prévenu d’emblée, le diestro mexicain s’accrochant pour tenter de lier les muletazos alors que le bicho confirmait sa mansedumbre avant de finir rajado. Grand susto pour un banderillero qui a senti le vent du boulet passer très près, puis deux désarmés avant d’échouer avec les aciers.
En définitive, Maxime Solera (vuelta et applaudissements de despedida a été le plus en vue, d’abord à son premier qu’il reçut par une larga de rodillas avant un long tercio en deux rencontres au cours duquel le toro s’avéra distraído. Brindis à Michel Bouisseren puis aux travées d’une faena où il s’évertua de donner la distance depuis le centre, se distinguant notamment sur quelques valeureuses naturelles. Las, l’Aguirre déclina vite et une atravesada rabaissa le crédit engrangé. Avec l’ultime, c’est encore malheureusement l’épée qui vint le trahir, ce qui est d’autant plus regrettable que Maxime avait montré engagement, entrega, vaillance et conviction tout au long d’un trasteo qui aurait pu être légitimement récompensé s’il n’y avait pas eu cette maudite conclusion pour rabaisser la note. Mais l’impression laissée est tout de même positive et s’il parvient à progresser dans l’exécution de la suerte suprême, ses prochaines sorties pourraient être encore plus fructueuses…
A l’issue de la course, le prix à la meilleure faena n’a pas été attribué à un novillero, mais au picador Gabin qui m’a confié plus tard le dédier à Iván Fandiño !
MAUGUIO
Tarde accidentée où l’on aurait dû se réjouir du triomphe de Roman Pérez (oreille et oreille), mais qui a été ternie par la grave blessure subie par Tomas Cerqueira, cornada lors de l’estocade au cinquième avec fémorale touchée. Plus tard, le Biterrois a été opéré à Castelnau le Lez pendant près de cinq heures, c’est dire la gravité de sa blessure. Fuerza Tomas !
Un tiers d’arène. Silence et palmas pour Emilio Huertas.
Avec Feria TV, voir le résumé vidéo de cette corrida en cliquant ICI
Samedi soir, comme évoqué hier, je me trouvais au Campo de Feria de Boujan avec Tomas qui en compagnie notamment de son ami Jérémy présentait la future Feria des Vendanges au cours de laquelle ils participeront tous les deux. J’étais alors loin de me douter du terrible drame qui allait se produire quelques heures plus tard. Tout ça pour dire que dans le toreo, tout bascule très vite, c’est pourquoi s’il arrive aux maestros de connaitre la gloire, leur destin peut aussi basculer négativement en quelques secondes. Les exemples ne manquent pas ces temps-ci ! Raison de plus pour les respecter…
MADRID
Autre tarde accidentée, celle de Las Ventas, notamment pour notre jeune compatriote Andy Younes qui ce dimanche affrontait les novillos de María Cascón qui pour la plupart ont donné du jeu, au point que le mayoral a été invité à saluer à l’issue de la course.
Hélas, cette novillada a été entachée par deux blessures, la première pour Andy Younes qui se fit prendre en portant l’épée à son premier. Il refusa de passer à l’infirmerie avant d’estoquer son novillo, pour ensuite la gagner à pieds sous les applaudissements. Andy souffre d’un traumatisme crânien et de divers puntazos. Pronostic réservé.
Juan Miguel a été pris lui aussi sur un quite au novillo d’Andy. Blessure au niveau de la tyroïde droite et au scrotum. Pronostic grave.
Du coup, Mario Palacios dut s’envoyer quatre novillos et n’écouta rien d’autre que le silence. Compte tenu du bilan dans le domaine du bétail, il a probablement laissé passer une belle occasion de se distinguer. Mais il est aussi probable que le fait de voir ses deux compañeros gagner l’infirmerie ne doit pas trop aider à la quiétude mentale…
(Photos : Plaza1)
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BOURRET
Depuis quelques jours, Jean-Marie Bourret ne fait plus partie de l’entourage technique du novillero Tibo Garcia à qui il souhaite une bonne continuation de temporada…
(Communiqué)