Disons tout de suite que ce dimanche était ensoleillé et qu’il avait attiré beaucoup de monde à Parentis. Dès le matin, pour la non piquée, les arènes ont enregistré une bonne entrée pour constater le jeu toujours intéressant des erales de Tomás Prieto, accompagné de son emblématique maman, Mercedes Picón, Marquise de Seoane. Et comme le montre la photo de présentation, ils eurent pas mal d’occasion d’applaudir leurs pupilles, bien dans le type de la casa, charpentés et sérieux, s’avérant intéressants par leur comportement divers, leur race… et même leurs complications ! Par moments, ils exigeaient une importante maitrise technique que n’ont pas toujours eu les aspirants qui rappelons-le, sont là pour apprendre.
Qualifiés la veille au terme du tentadero public, se retrouvaient en duo le Mexicain Héctor Gutiérrez et le Colombien José Luis Vega, le sobresaliente n’étant autre qu’un concurrent malheureux, Daniel de la Fuente, qui nous allons le voir, grâce à une décision présidentielle discutable, est celui qui allait repartir avec le plus grand sourire ! Comme quoi, dans les toros, tout peut arriver…
Héctor Gutiérrez (silence aux deux) s’est surtout attaché à séduire par des mouvements plus allurés que profonds. Bon au capote, sa faena, brindée au conclave, sera plus inégale et le plus souvent sur le voyage. Héctor aurait pu se confier davantage, mais après tout, sa gestuelle a eu l’air de bien passer auprès du public. Final par le haut, entière caída après pinchazo. Le troisième allait être le malheureux protagoniste d’une décision présidentielle qui le renvoya aux corrales alors qu’il s’était montré excellent dans le capote du Mexicain, comme on peut le voir sur la photo ! Mais ce superbe exemplaire avait une pointe escobillée, ce qui à mon avis aurait pu passer en piquée, surtout au vu des qualités de ce novillo qui allait être prié de réintégrer les corrales. Sortit à sa place un eral d’Alma Serena qui dépareillait et qui ne donna pas un grand jeu, s’avérant notamment deslucido. Faena sans grande transmission, entière puis deux coups de verduguillo.
José Luis Vega (saluts aux deux) prit en premier lieu un client charpenté avec lequel il s’illustra au capote. Il brinda ensuite à l’assistance sa faena composée de quelques séquences ajustées, mais ponctuée aussi de quelques insuffisances. Ce trasteo méritoire, mais un brin décousu, fut conclu à la peine par trois descabellos après entière. Avec l’ultime, à nouveau bon capoteo puis brindis aux organisateurs d’une faena qui s’avéra compliquée par la fâcheuse tendance du bicho à vouloir se réfugier aux planches. Le Colombien subira au prix d’un bel effort deux spectaculaires volteretas avant d’en finir d’un quart de lame. Il passa ensuite à l’infirmerie avec visiblement un poignet endommagé…
Le prix de l’ACOSO a été partagé entre les deux novilleros.
… Mais la séance n’était pas terminée ! Sur décision des organisateurs, et en mode « hors novillada » (sans palco, ni musique et cuadrillas), Daniel de la Fuente a été autorisé à lidier l’eral précédemment renvoyé aux corrales. Avec sa corne escobillée, le Prieto confirma ses qualités, même s’il montra un poil de faiblesse en fin de faena. Trasteo appliqué du novillero qui instrumenta plusieurs séries convenables dans un ensemble plaisant. Avec ensuite le bémol d’un manque de compañerismo, notamment lorsque personne ne bougea pour puntiller le novillo, la passivité des banderilleros étant mal perçue par l’assistance. L’un d’entre eux finit par se décider à puntiller, mais auparavant, c’est Héctor Gutiérrez qui avait assisté seul le sobresaliente dans sa lidia. Je croyais encore naïvement que l’altruisme était une qualité bien partagée ! Naïvement, disais-je…
En définitive, malgré ce couac, une matinée plaisante qui augurait bien de la suite… à condition que leurs ainés confirment le potentiel entrevu ce matin. Otro tema…
Tarde. Arènes abondamment garnies, environ 4/5, soleil.
Six novillos de Prieto de la Cal bien présentés, avec le bémol cité ci-dessus, charpentés, dans le type, aux pintas variées avec deux negros, compliqués de comportement à divers degrés, meilleur le premier qui sortit escobillado de pitones, ce qui avait été préalablement annoncé au micro. Plus tard, plusieurs iront se fracasser sans retenue le testut contre les planches, ceci expliquant cela pour d’autres pointes endommagées…
Mario Palacios (oreille et silence) lidia en premier lieu l’escobillado qui prit deux piques quelconques, le bicho ayant du mal à être fixé sur la seconde, donnée sur l’épaule. Brindis à l’assemblée et premières séries appliquées, mais données un peu trop à la marge. La note monta sur les naturelles, Mario profitant de cette bonne corne pour se mettre en évidence, le retour sur la rive droite s’avérant moins évident. Trasteo courageux conclu par entière trasera contraire. Le quatrième remata fort aux planches, se retrouvant les cornes en pinceaux. Placé au centre, il souleva le cheval sur le premier assaut, le piquero réalisant alors un beau travail d’équilibriste. S’ensuivit une vuelta de campana puis une deuxième pique plus légère. Ovation au piquero. Brindis aux ganaderos, entame décidée, Palacios se distinguant notamment sur la gauche, mais perdant ensuite tout le crédit de son labeur à cause d’une conclusion qu’il vaut mieux ne pas détailler…
Guillermo Valencia (vuelta et saluts) prit d’abord un novillo applaudi de salida pour ses hechuras et son tamaño qu’il reçut par larga cambiada de rodillas, poursuivant par bons capotazos. Après trois rencontres et un brindis d’Ángel Otero au second tercio, Guillermo brinda à l’assistance une faena au cours de laquelle il eut du mal à dicter sa loi à un opposant récalcitrant qui refusait de baisser la tête. Après des passes distillées une par une, l’animal finit parado et Guillermo se fit ensuite spectaculairement attraper, heureusement sans mal, au moment de porter l’épée. Le quinto fit une entrée en bolide et cogna fort contre le burladero, le bruit devant s’entendre jusqu’à l’océan ! Trois rencontres sans grand relief puis faena décidée, mais uniquement droitière, faite de séquences données à l’énergie, le Colombien se distinguant surtout par son entrega. Trois quarts.
Tibo Garcia (silence aux deux) a démarré avec d’excellents capotazos, les meilleurs de la tarde, réalisés pour accueillir le troisième. Gabin se fit applaudir pour deux puyazos mesurés puis brindis au public d’une faena débutée en se ployant jusqu’au centre. Comme le précédent, le novillo réfléchit et refusa de se livrer dans le leurre, ce qui compliqua d’autant la tâche de Tibo, contraint de donner les muletazos un après l’autre, sans grande possibilité de lier. Demie après pinchazo puis descabello. L’ultime a été bien contenu en trois assauts, le troisième de plus loin, puis El Santo s’est distingué palos en mains avant une faena appliquée dans son entame, mais qui par la suite résulta d’inégale intensité. Entière au troisième envoi, un descabello.
A noter aussi la bonne organisation de l’ADA durant ces deux jours de feria taurine dans une arène Roland Portalier…
Outre le simple calcul arithmétique des récompenses, il faut souligner les mérites de tous les jeunes novilleros qui s’y mettent devant dès lors qu’il s’agit de lots provenant de ganaderías réputées dures, comme ce fut le cas pendant deux jours à Parentis. Du bétail âpre, mais toréable, de celui qui forge le caractère et qui étaye un bagage, ce qui en définitive est le but de tout apprentissage, toujours utile pour le futur…
(Toutes les infos du week-end, Saintes, Istres, Riscle, Soustons, Adoureño, Villeneuve, Madrid… dans la prochaine publication en fin de soirée, déplacement oblige… Hasta pronto !)