En cette matinée de clôture de la Feria des Vendanges, le ciel avait mis un voile au-dessus de l’amphithéâtre rempli aux deux tiers, étant bien entendu que les estimations du coefficient de remplissage s’entendent à la louche ! Ou si vous préférez, à vue d’œil…
Deux toros de Sánchez y Sánchez pour Mendoza, supérieur le second qui a eu droit à la vuelta, et quatre Victoriano del Río pour Bautista et Marín offrant un bon jeu bien qu’inégaux de forces, plus en retrait le dernier.
Pablo Hermoso de Mendoza (silence et deux oreilles) a démarré la séance avec un toro qui mit du temps à se montrer intéressé par les sollicitations du Navarrais qui dut ensuite effectuer un labeur plus technique que réellement spectaculaire, relevé toutefois par plusieurs poses précises avant de conclure sans grand éclat. Mais avec son second, les choses allaient prendre une tout autre tournure, le bicho se prêtant davantage au jeu, ce qui permit au centaure d’Estella de rendre une copie bien plus aboutie, chauffant le public sur des passages artistiquement exemplaires. Poursuites templées, pirouettes, poses réussies, avec la palme pour une paire de courtes à deux mains, se succédèrent sans temps mort, bien soutenues par la musique. Au final, Pablo promena deux oreilles après deux rejons de muerte.
Pour Juan Bautista, j’ai envie d’écrire que les jours se suivent et ne se ressemblent pas. En effet, sa série de sorties triomphales par la Porte des Consuls s’est arrêtée en cette matinée, non pas que l’Arlésien ait eu à rougir de sa prestation, mais tout simplement parce qu’il lui est arrivé une chose inhabituelle chez lui, à savoir un cinglant échec aux aciers qui le priva des trophées nécessaires pour sortir par la fameuse porte. Bon capoteo de réception de son premier avant une première rencontre poussée, la suivante uniquement pour faire le nombre. Après un bon quite de Marín, brindis à Mendoza d’une faena donnée à un adversaire court de charge, au son d’Opera Flamenca. Par ses recours techniques, Juan prit le dessus de ce Victoriano qui manquait d’alegría. Demi-lame al encuentro suivie d’un coup de verdugo. Les choses allaient ensuite prendre davantage de relief avec son second adversaire, un superbe castaño oscuro chorreado qui se révéla long au démarrage avant de foncer comme un tank sur la pièce montée. Le piquero réussit à bien le contenir avant d’être à deux doigts de basculer par devant sur le deuxième assaut. Bon second tercio puis brindis à l’assistance d’une faena débutée par le haut avant d’enchainer plusieurs séries relâchées, notamment par redondos, cambio, puis pecho gaucher. Jean-Baptiste passa tout le répertoire et l’on pensait alors qu’après trois cartuchos de pescao et des changements de mains conclus par un salut à la musique que l’affaire était dans le sac. Las, voulant en finir comme souvent par recibir, il se mit à pincher à plusieurs reprises, tombant sur un os alors qu’apparemment il tapait au bon endroit. Reste qu’il est malgré tout à créditer d’une bonne prestation…
Ginés Marín (deux oreilles et silence) n’était visiblement pas venu faire de la figuration. Se distinguant au capote, il brinda ensuite sa faena à Simon Casas, après deux assauts poussés puis un bon second tercio. Il commit en début de faena l’erreur de trop baisser la main, mais il rectifia le tir rapidement, donnant la distance pour enchainer plusieurs échanges droitiers templés. Ginés soigna ensuite le geste jusqu’aux dosantinas finales, le tout étant rematé par entière qui libéra deux pavillons, une partie du public jugeant le second de complaisance. Reste que le Jerezano avait visiblement conquis l’assemblée et que pour lui aussi, on pensait que la Porte des Consuls lui tendait les bras. Las, son second client ne sortait pas du même tonneau. Long à s’employer dès sa sortie, il prit deux piques sans style, la faena brindée au conclave débutant par statuaire et changement de mains, mais étant par la suite tributaire du comportement plutôt mièvre d’un opposant à la transmission limitée. Ginés fit son possible pour aller chercher cette troisième oreille, celle du triomphe absolu, mais en vain, les aciers venant alors gommer l’effort réalisé auparavant. Il du se contenter, et c’était déjà beaucoup, d’une sortie a hombros par la porte des cuadrillas en compagnie de Pablo Hermoso de Mendoza, un habitué, tout comme Jean-Baptiste d’ailleurs, des sorties par l’autre côté…
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L’après-midi, petite entrée, environ demi-arène (toujours à la louche !), avec une météo un peu frisquette sur la fin.
Six toros de Fuente Ymbro, au demeurant irréprochables de présentation, ont eu pour la plupart un comportement certes intéressant pour l’aficionado, mais quelque peu décevant, s’avérant inégaux de forces et de moral, aux charges trop souvent mesurées de la part d’une adversité manquant de fonds.
Paco Ureña (saluts aux deux) ouvrit les débats avec un toro qui lui laissa peu d’options de succès. Bien pris sur le premier assaut avant un second sans insister, le Victoriano manqua de transmission par la suite, lors d’un trasteo brindé à l’assemblée qui ne décolla vraiment jamais malgré la volonté d’Ureña, visiblement très décidé, mais un poil mécanique en la circonstance. Entière tombée et pétition en mode bouteille à moitié vide ou pleine non suivie d’effet. Son second alla taper fort aux planches avant de prendre un premier puyazo sortie fermée avant une vuelta de campana suivie d’une seconde pique minimale. La faena qui s’ensuivra sera la parfaite démonstration en quelques minutes de la classe d’un torero sérieux, classique, sincère, qui allait nous réserver, malgré la menace, quelques instantanés constituant les meilleurs moments de cette tarde. Un arrimón « con cojones » qui aurait dû connaitre un meilleur sort avec une conclusion que l’on aurait aimée meilleure. Mais l’impression laissée était bien en phase avec le bon moment que traverse ce torero parfois trop mésestimé, mais tellement méritant.
Joselito Adame (silence et saluts) prit en premier lieu un client qui offrit au piquero un spectaculaire tour de manège, toutefois bien contenu, la seconde rencontre provoquant des mouvements divers. Bonne entame de faena en se ployant, face à un opposant qui ne tarda pas à le menacer en se retournant vite et en jouant du chef, le genre à être plus intéressé par les fémorales que par le leurre, ce qui suscita chez le petit José le sentiment qu’il serait bien hasardeux d’en faire des tonnes. Entière caída. Bien reçu par véroniques, le quinto fut piqué en deux fois, avec bonne arrancada sur le premier assaut, avant un second tercio bien instrumenté, notamment par Fernando Sánchez qui salua avec son compañero. Faena bien débutée par le haut suivie d’échanges soignés sur les deux bords, la suite s’étiolant progressivement malgré l’évidente volonté du Mexicain. Trois quarts.
Juan del Álamo (silence aux deux), rescapé d’une spectaculaire rouste reçue la veille à Albacete, prit en premier lieu un adversaire semblant avoir quelques problème ave son antérieur gauche. Il brinda au public un trasteo appliqué dans son entame, mais qui compte tenu de la faiblesse de son opposant, ne pouvait avoir suffisamment de relief pour passer la rampe. Demie caída. Le dernier fit quelques jolis bonds sur les premiers capotazos avant deux rations de fer, protestée la seconde pour sortie fermée. Début de faena décidée face à un client qui avait ses difficultés tout en restant toréable, Juan réalisant plusieurs séries droitières méritoires avant de sécher avec la ferraille.
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En fin de soirée, retour sur les principaux événements du week-end…