Par ses grandes largesses et non moins grandes largeurs, le Président Directeur Général de Torofiesta a décidé d’octroyer à l’ensemble de son personnel deux jours de congés afin d’éliminer de leur organisme toutes substances solides et liquides susceptibles d’altérer le bon fonctionnement de leurs fonctions corporelles, principalement dans le domaine hépatique, comme de leur esprit…

Tout devrait rentrer dans l’ordre à partir de mardi soir. D’ici là, il est inutile de s’exciter sur sa console ou son clavier et pour les nouvelles les plus urgentes, s’il y en a, vous devriez trouver votre bonheur ailleurs…

En attendant, bonnes fêtes à tous, attention aux excès… et aux contrôles !!! A mardi soir, si Dios Quiere…

Pensée du jour à l’approche des ripailles : « Avant, je n’étais pas très raisonnable, mais les années se succédant très/trop vite, bien obligé d’appuyer un peu sur la pédale de frein côté libations… Eh oui, c’est ça la vie. Comme on change ! Bref, Avent, c’était Avent !!! »

Pour patienter, vous trouverez ci-dessous le dernier envoi de Jacques Lanfranchi. Allez les verts…

VERDE TE QUIERO VERDE

photo 1

En 1928, Federico García Lorca écrit un recueil de Poésie, ROMANCERO GITANO, c’est une des œuvres maîtresses du Poète grenadin, l’un des poèmes « Romance Sonámbulo » commence par ces vers : «  Vert que je t’aime Vert. »

L’écrivain fait, à travers sa défense des opprimés, en l’occurrence les gitans, une apologie de cette couleur.

Olivâtre (halé avec une note dorée), comme celle du teint des habitants de l’Albaicín (1). Ces tziganes qui partagent, cette ambivalence du coloris, sacré et maudit comme leur peuple.

Les qualités de cette teinte : beauté, jeunesse, vigueur.

Le jeune homme est très vert, le vieux monsieur l’est encore, la piste verte est pour les débutants à ski.

C’est  la couleur de la Nature au Printemps.

Mais toujours la bivalence, Dominique Rocheteau fut l’Ange Vert de l’équipe de football de St-Étienne, et de la France dans les années 1970.

La colorimétrie peut être associée au diable : les maladies, les excès de bile, le pus des infections à streptocoque, le mal au cœur, le mal de mer ; le vert de gris est un poison, mais protège la coque des bateaux.

Vert de rage, le désordre.

Reposante pour les yeux, sous forme d’argile, elle calme le feu (brûlure, inflammation).

Signe de reconnaissance, elle habillait les herboristes et les apothicaires du Moyen Age, et persiste sur la croix des pharmacies.

C’est la couleur de la Justice, du Droit : passer au bon feu, de la droite, fanal à l’entrée des ports.

Teinte dérivée (mélange de deux primaires), elle est difficile à fixer, très instable : elle orne ainsi les tapis de jeux ; le hasard où l’on peut manger son blé vert (dilapider sa fortune). On peut y gagner après réclamation s’il y a injustice, victoire et défaite. Chance et malchance.

Le symbole de l’argent : le billet de un dollar US. Devinez sa couleur ?

Oriflamme de l’Amour, de la Passion, de l’Infidélité.

Henri IV, le Vert Galant monarque donna cette enseigne à certains établissements, où les tarifs sont plus horaires qu’à la nuitée : libertin, sulfureux- le Malin.

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Bannière de la nature, avoir la bonne main pour les plantes, se mettre au régime (légumes) ou à l’abri « prendre le maquis ».

Symbole  de l’eau, la plupart des minérales sont embouteillées en …

Synonyme de jeunesse, liberté, insouciance, personne n’a oublié l’éloge de la chlorophylle dans les années 1958 «  Fraîcheur de vivre, Hollywood chewing-gum ».

C’est l’herbe de printemps, riche en vitamine A (rétinol), nécessaire à la croissance osseuse des herbivores, mais dont les vertus purgatives peuvent  être mortelles pour le bétail jeune (dysenterie des veaux).

Elle colorie la bannière de l’Islam, le manteau du Prophète, la robe de la Vierge Marie après la Crucifixion, mais aussi les uniformes vert de gris de triste mémoire, les bérets, troupes d’élites et peut être la peau des martiens !

Symbole d’un parti politique, opposé à la Tauromachie, elle est partie prenante des drapeaux : Andalousie, Portugal, Pays Basque, Mexique, qui eux lui sont favorables.

Chez le Sastre (2), plus de dix sept nuances sont au catalogue : de Esmeralda à Gallo, de Botella à Bandera, de Manzana à Aceituna, de Esperanza à Ciruela.

Dans les années 1960, Luis Miguel Dominguín arbore un costume vert pâle, sans passementerie.

Une des affiches illustrant le cartel maudit de Pozoblanco (3), présente Curro Romero en costume… et le lettrage idem !

Vicente Ruiz « El Soro », seul survivant de cette course, fit un retour triomphal à Játiva (Valence), en Esmeralda  et Or le 17 avril 2014, en compagnie de Daniel Luque et Román  (toros de Santiago Domecq).

Couleur préférée de Miguel Ángel Perera, mais aussi de Roca Rey, Morante de la Puebla, Sébastien Castella, Juan Jose Padilla et de Juan Bautista (plus de six costumes de cette coloration depuis son époque novilleril). Les toreros gitans l’adorent : Rafae, Curro ..,

Antonio Bienvenida triomphera à Madrid (Vistalegre) en vert absinthe, en 1965 (toros de Saltillo).

Domingo Ortega, gravement blessé à Úbeda, en vert émeraude, la haïssait.

Sentiment également partagé par Manolete et Agustin Parra «  Parrita ».

Espartero (4) trouve la mort en piste, habille de Vert Jade, sous la corne de « Perdigón ».

Molière mourut après une représentation du « Malade Imaginaire » où il jouait en habit vert ! Teinte maudite au théâtre.

Beaucoup d’éleveurs, n’aiment pas un certain mouchoir brandi, par le président de course, mais ils l’apprécient par les devises : Miura, Conde de la Corte, Domingo Hernandez. Dans l’hexagone : Hubert Yonnet, Gallon Frères, Alma Serena, Casanueva…

Vert : l’Expérience, la Beauté, la Jeunesse, la Vigueur, l’Amour, la Folie.

Quelques-uns des mots applicables à « l’Aficion a los Toros » dont la transmission est faite dans les ouvrages des éditeurs VER-DIER, et au Diable VAU-VERT.

Pour éviter, vu la période, une volée de Bois Vert pour omission ; entonnons le célèbre : « Mon beau sapin, que j’aime ta verdure »…

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Bon Natali

Jacques Lanfranchi

« el Kallista »

Dimanche 24 décembre 2017

(1) Quartier historique de Grenade où réside avec le Sacromonte, la communauté gitane.

(2) Sastre : le tailleur de trajes de luces.

(3) Cartel de Pozoblanco : le 26 septembre 1984, Paquiri fut mortellement blessé en piste, Jose Cubero « El Yiyo » mourut le 30 août 1985 à Colmenar Viejo, le ganadero Juan Luis Bandrés fut assassiné en 1988 par un ancien employé.

(4) Le sévillan Manuel García y Cuesta « Espartero » trouva la mort le 27 mai 1894 à Madrid, toros de Miura ; au cartel Antonio Fuentes, Zocato.

Bibliographie

– in Histoire et Symbolisme des couleurs J Peyres Blanques, collège des ophtalmologistes des hôpitaux de France.

– In Toros N° 1927-1928 (2011)

Photos :

Photo 1 : Jaquette du livre « Toro » Javier Echeverria 1997 éditions Jacques Damase 1989

Photos 2 : Sur une idée de Michel Maureau (Fontvieille)

Photo 3   : droits réservés

(NDLR : Franchement, je me demande si celui ou celle qui a pris la photo du sapin n’avait pas commencé Noël avant l’heure !!!)