Après quelques coups d’éclat lors de la dernière temporada, le triomphe du Plumaçon et l’indulto d’un toro de La Quinta à Châteaurenard en constituant les deux plats de résistance, Thomas Dufau prépare actuellement en Andalousie sa prochaine saison.
Compte tenu des changements qui sont intervenus, notamment dans le domaine de l’apoderamiento, il est évident que le Montois a la ferme intention de franchir un nouveau palier afin d’élargir son champ d’action et de retrouver plus souvent des arènes de catégorie qui étaieraient son prochain parcours de la meilleure des façons…
– Thomas, es-tu globalement satisfait de ta temporada 2017 ?
– Au point de vue des résultats, ma saison 2017 a été la meilleure depuis que je suis matador de toros. J’ai obtenu des triomphes très importants, ainsi que mon premier indulto…
– Dans le détail, quels en ont été les faits les plus marquants ?
– J’ai démarré à Gamarde, une arène qui me tient à cœur. Chaque année, énormément de bénévoles s’y retrouvent pour organiser au mieux cette belle journée pour laquelle j’ai triomphé en 2017 et je commencerai cette temporada 2018 avec, je l’espère, un nouveau triomphe.
Ensuite, la corrida d’Aire restera pour moi et pour le monde du toro, une date malheureusement historique. J’ai eu énormément de mal à me remettre de ce moment tragique auquel je pense encore aujourd’hui. Iván Fandiño restera un exemple pour nous tous.
Eauze, avec Padilla et Jean-Baptiste, était un réel défi pour moi, celui d’être à la hauteur de ces deux grands toreros. Je ne suis pas sorti en triomphe ce jour-là avec mes deux compagnons, donc ça a été une déception, mais je garde un très bon souvenir de l’oreille coupée à mon second toro. J’espère vraiment pouvoir y triompher un jour…
Mont de Marsan… c’est chez moi ! Chaque année, c’est un grand défi. En 2016, par manque de réussite à l’épée, j’étais passé à côté d’un triomphe très important. C’est pour cela qu’en 2017, ça me tenait particulièrement à cœur de frapper un gros coup. Pour la première fois depuis le début de ma carrière, j’ai coupé deux oreilles à un toro de Juan Pedro Domecq. Ça reste pour le moment un de mes grands triomphes.
Châteaurenard… j’ai eu la chance de pouvoir réaliser ce dont tous les toreros rêvent: gracier un toro de La Quinta ! Je suis sorti de cette corrida avec un total de quatre oreilles… Cette après-midi aura vraiment marqué ma saison et j’espère pouvoir revenir toréer dans ces arènes qui me réussissent bien depuis deux ans…
Villeneuve me suit depuis que j’ai commencé à toréer, dans mon plus jeune âge, avec des capeas. Maintenant, avec des corridas, j’éprouve un plaisir particulier d’y faire le paseo chaque année. L’année dernière, j’ai coupé deux oreilles.
– Tes bons résultats, notamment du Plumaçon et de Châteaurenard avec l’indulto, ont-ils eu des répercussions en termes de contrats ?
– Pour la saison 2017 non, malheureusement, car tous les cartels étaient fermés. Mais ces résultats vont, je l’espère, me faire retourner dans les arènes où j’ai triomphé et m’ouvrir des portes pour cette nouvelle saison. J’ai réellement l’ambition de confirmer cette année le bon moment de ma carrière que je suis en train de vivre !
– Le premier grand virage de ta temporada est survenu avec le changement d’apoderado, puisque à présent c’est Jean-François Pilès qui gèrera ta carrière. Comment cela s’est-il passé ?
– J’ai toujours eu beaucoup d’amitié pour Robert et Jean-François Pilès. L’année dernière, on se voyait et on s’appelait régulièrement. Étant donné que Robert travaille maintenant à Madrid pour Simon Casas et après plusieurs rendez-vous, on a décidé que Jean-François Pilès me suivrait tout au long de l’année. Je pense que les résultats de ma saison précédente sont pour beaucoup dans cet apoderamiento et c’est pour moi un réel plaisir de continuer mon chemin avec eux.
– Quelle stratégie de préparation et de négociations avec les empresas pour obtenir des courses avez-vous mis au point avec Jean-François ?
– La première stratégie que j’ai mise en place personnellement, c’est de donner le meilleur de moi-même à chaque fois que je vais toréer cette année ! Mes résultats seront mon meilleur apoderado… Je ne veux pas me mettre un nombre de corridas, ni certaines arènes, dans la tête. Après, il est vrai qu’une carrière doit être bien gérée et là, je fais entièrement confiance à Jean-François Pilès.
– En ce qui concerne ta préparation technique, restes-tu dans une certaine continuité ou comptes-tu innover ? En clair, est-ce que l’on va voir le Thomas qu’on a toujours connu (ce qui n’est pas péjoratif !) ou un Thomas « new-look » dans son toreo ?
– On dit toujours qu’un torero doit mûrir pour arriver à l’apogée de son art. Depuis mon alternative, et même avant d’ailleurs, je passe chaque hiver à Séville (à Gerena exactement) où je m’entraîne et je tiente. C’est là-bas que j’ai la chance de pouvoir travailler artistiquement et techniquement pour m’approcher au plus possible du toreo que j’ai envie de réaliser. Faire ressentir au public ce que tu ressens au plus profond de toi-même est la chose la plus dure à réaliser pour un artiste, mais aujourd’hui, avec le bagage technique que j’ai acquis, je peux maintenant travailler là-dessus tout en gardant le toreo que j’ai toujours aimé : celui de profondeur et de distance. Alors dire que je vais tout changer, non, mais exprimer ma tauromachie avec de nouveaux sentiments, je pense que oui.
– On constate que certains toreros aiment bien se lancer des défis, « faire des gestes », est-ce que tu as pensé à faire quelque chose qui sorte des sentiers battus en 2018 ?
– Mes plus beaux gestes que j’ai à réaliser cette année, c’est d’essayer de lever des oreilles au ciel après chacune de mes faenas ! Non, sans rire, pour moi un geste doit avoir une histoire. Si un jour j’ai la possibilité de faire quelque chose dans une arène qui me tient à cœur, je le ferai avec grand plaisir, mais cela ne dépend pas que de moi !
– Dans tes projets, est-il question de Las Ventas ?
– Bien sûr ! Pour tous les toreros, c’est l’arène où tu dois avoir un résultat pour que ta carrière explose, pour que les portes de toutes les autres arènes s’ouvrent à toi. En cela, Madrid reste l’arène de référence dans le monde taurin.
– As-tu prévu des modifications dans ta cuadrilla ?
– La cuadrilla ne changera pas. Essayer de t’entourer des meilleurs n’est pas facile, mais autour de moi, chacun dans leur domaine, ils le sont, ou du moins ils donnent le meilleur pour essayer de l’être. Pour moi, le bien être en dehors de l’arène est aussi important que dans l’arène. Je considère mon entourage proche (cuadrilla et personnes qui me suivent) non pas comme une cuadrilla, mais comme une seconde famille !
– En définitive, quel est ton principal objectif pour la temporada 2018 ? ?
– Être heureux, me préparer du mieux que je peux… et le destin fera le reste !!!
Visiblement, Thomas n’a pas envie de faire de la figuration lors de la prochaine temporada… Souhaitons qu’avec son nouveau mentor, l’horizon se débouche, faisant s’ouvrir davantage de portes… Suerte Thomas ! Suerte Jean-François !