Drôle de week-end pour Manolo Vanegas… Samedi soir, à l’invitation du CT « Aficion » de Béziers, il est venu au Domaine Augé de Boujan avec son apoderado Didier Cabanis pour une soirée que j’ai eu le plaisir de présenter. Manolo est revenu bien entendu sur ses débuts dans notre pays puis sur sa carrière de novillero, avant d’évoquer son alternative vicoise… au même moment où étaient dévoilés les cartels de la prochaine feria de Vic ! Avec son inclusion dans les cartels, pour le défi ganadero du samedi 19 où il affrontera les toros de Valdellán et Los Maños aux côtés de Manuel Escribano et Sergio Flores.
Drôle de week-end, disais-je, puisque suite à cette sympathique soirée, il participait le lendemain à la fiesta campera de sa peña au Grand Bordes où un toro de La Veronica l’envoyait à l’hôpital ! Avec 10cm dans le biceps de la jambe gauche, Manolo doit à présent récupérer et aux dernières nouvelles on va dire qu’il va mieux, ayant quitté l’hôpital pour se reposer… avec le regard tourné vers Aignan si les choses s’améliorent suffisamment…
Didier Cabanis avec son protégé à gauche, au micro le président Bernard Mula avec à droite Jean-Marie Augé, popriétaire du domaine, et Claude San Nicolas, chroniqueur taurin.
Pour revenir à cette soirée, suivie par un auditoire attentif et au cours de laquelle Didier Cabanis a présenté la novillada de Vergèze puis la Feria d’Alès dont il a la charge avec son nouvel associé Michel Bouisseren, je ne pouvais concevoir les choses autrement que par rappeler au préalable la disparition de Philippe Cuillé qui avec Didier, outre ses différentes casquettes d’éleveur et d’empresa, apodérait le diestro vénézuélien depuis sa venue en France.
Comme évoqué plus haut, la plaza de Vic a occupé une place importante dans la discussion, pour avoir été pour la première fois le théâtre d’une alternative, en l’occurrence celle de Manolo, mais aussi parce qu’à la même heure, sa participation à l’édition 2018 devenait officielle…
« J’ai reçu des propositions venant de plazas importantes de France et d’Espagne pour venir y prendre mon alternative, mais personnellement, j’’ai décidé d’aller la prendre à Vic parce que je savais que quoi qu’il arrive, le public n’attend pas forcément que des oreilles soient coupées, mais ce qu’il veut, c’est passer une bonne tarde et de voir des toreros capables. Avec le toro qui sort à Vic, une prestation réussie peut t’ouvrir pas mal de portes, ce qui a été mon cas car c’est ce qui m’est arrivé avec la novillada de Dolores Aguirre l’année précédente, d’où ma décision de venir chercher le sacre de matador en terres gersoises.
J’ai pris l’alternative avec des toros d’Alcurrucén, on sait qu’il s’agit d’une ganadería exigeante et que la plupart du temps, les alternatives se donnent avec du bétail plus commode. Mais on était à Vic et j’ai donc eu à affronter des toros comme ils les aiment, celui de la cérémonie étant en outre parado, mais j’ai pu tout de même lui couper une oreille. Je pense que ça a été surtout pour le mérite, pour mon effort et aussi parce que je l’ai bien tué. Grâce à cela, j’ai pu toréer ensuite les toros du Curé de Valverde à Orthez.
Depuis que je suis novillero, j’ai dû me gagner les courses au jour le jour, selon mes mérites et mes résultats. Ça a continué de la même manière en passant matador, et quelque part, c’est Vic qui m’a donné Orthez ! A Salamanque, pas mal de toreros, dont mon ami Domingo López Chavez, m’ont dit que j’étais fou de vouloir combattre les Valverde alors que je débutais à peine de matador ! Mon objectif, c’était de toréer les toros de Valverde et sur la lancée, ceux de Victorino à Mont de Marsan… A Orthez, j’ai coupé deux oreilles à un toro du Curé et au Plumaçon, j’en ai coupé une de poids à un Victorino. Grâce à cela, alors que la temporada n’a pas commencé, j’ai déjà six engagements signés !!!
Concernant les Victorino, c’est selon moi la même préparation car nous, les toreros, on doit être prêt pour affronter tout type de toros, même s’il est vrai que ceux de Victorino sont particuliers. J’ai eu l’occasion d’aller y tienter des vaches et une série de muletazos n’est jamais égale à une autre ! C’est comme un livre où chaque page est différente. Tu ne peux pas te relâcher avec un tel animal car même si tu penses l’avoir dominé, il y a quelque chose d’inexplicable. Il est très listo, sensible au moindre mouvement, ne permet pas l’erreur, c’est en cela qu’il faut toujours parer à toute éventualité. Mais je crois que celui qui est capable de prendre les Victorino peut prendre alors n’importe quelle ganadería !
Savoir toréer est très difficile. Ce qui est important, c’est de transmettre. Le public qui paie pour voir une corrida doit sortir content des arènes. En ce qui me concerne, j’ai vécu pas mal de tardes où je n’ai rien coupé, pour une raison ou une autre, mais l’essentiel pour moi, c’était avant tout que les gens sortent satisfaits. Je crois que c’est pour cette raison que les aficionados m’apprécient en France comme dans mon pays. Je ne dis pas que je suis le meilleur, non, mais je le répète, mon objectif premier, c’est que les gens repartent avec une bonne opinion de moi, avec le sentiment que j’ai fait le maximum !
Didier Cabanis, mon apoderado, n’a pas la force de certaines grandes maisons, et dans ce cas, il faut que me gagne les corridas une à une, comme je l’ai déjà dit. Et concernant le bétail, il est évident que si je veux toréer, il faut que je m’oriente vers des élevages réputés difficiles, c’est ma seule chance. Mais si on me proposait une corrida de Juan Pedro, bien sûr que je la toréerais ! Mais avant de toréer ce genre de corridas, il faudra que je me les gagne ! Le maestro Dámaso González disait : « Si tu veux réussir dans cette profession, il faut que tu commences par là où d’autres terminent ! », ce qui signifie que de nombreux toreros ont débuté leur carrière dans des ferias importantes et que peu à peu, pour durer, ils nt dû changer leur fusil d’épaule et accepter les corridas dures dans des pueblos, là où ils ne voulaient jamais aller ! Il ne faut jamais oublier que le roi de la Fiesta reste le toro et dans mon cas, pour le moment, mes plus gros triomphes ont été obtenus sur des ganaderías dures, Miura, Victorino, Dolores Aguirre, Cebada Gago… ! Alors…
Je n’ai encore jamais toréé un de ses toros, mais ma ganadería favorite est celle d’Adolfo Martín ! Je crois que c’est un peu comme ceux de Victorino, mais avec une embestida suave, qui te permet d’exécuter des muletazos sans trop de violence, plus lents, un peu comme avec les toros mexicains. Evidemment, j’aimerais en toréer car je pense qu’ils font partie de ceux avec qui je pourrais bien m’entendre !
Quant aux encastes, je penche nettement vers les Santa Coloma parce que si certains élevages se toréent plus facilement, ce qui me plait avec le santacoloma, c’est qu’il est curieux, très exigeant, il t’incline à toujours observer ce qu’il fait ou veut faire, ne permettant pas d’erreur, et c’est en définitive ce qui me plait…
Je me prépare comme la plupart des toreros en ce qui concerne le physique, mais là où c’est peut-être différent pour moi, c’est que la plupart de mes compañeros ont pour habitude de se préparer avec un banderillero, et pour ma part, je suis un adepte de la solitude ! Je pense toujours d’où je viens, où je veux aller, et pour moi le mental est très important. Celui qui se joue la vie doit savoir pourquoi il le fait. Tout le monde sait ce qui se passe dans mon pays, ma famille a besoin de moi, et c’est pour moi une motivation car j’aimerais réussir pour pouvoir les aider !
Mes racines sont vénézuéliennes, mais je suis très reconnaissant envers tous les Français car depuis mes débuts en non piquée chez vous, les aficionados ont su valoriser ce que je faisais. C’est comme ça que je peux avancer car à chaque fois que je suis bien, ils me donnent une autre opportunité. Chez moi, ils m’aiment beaucoup en tant que Vénézuélien, mais ils me disent qu’ils me voient comme un Français, parce que je n’ai pas de peña taurine, contrairement à ici ! C’est comme une famille, je veux tout donner pour représenter mon pays, mais aussi la France, car c’est elle qui m’a le plus aidé dans ma carrière !
Mon objectif est d’aller encore plus haut, mais ce qui me satisfait le plus, c’est de constater que les gens ont apprécié mon travail. Je ne cherche pas à avoir une finca, un véhicule de luxe, non, et si je devais m’arrêter demain, je serais déjà bien content d’être arrivé là où je suis déjà arrivé et de me l’avoir gagné par mes propres mérites ! En résumé, j’aspire surtout à prendre du plaisir en toréant et à en donner aux aficionados… »
Qu’il continue à prendre du plaisir, à nous en donner et à rester sérieux voilà bien ce qu’on peut lui souhaiter, non ? Suerte, Manolo !!!
L’avis de son apoderado Didier Cabanis
« L’histoire, c’est qu’on a avec Manolo un ami commun, Domingo López Chaves, qui a été la première personne à le recevoir, et c’est lui qui nous a alors demandé de lui donner un coup de mains pour le faire avancer…
On était tous les deux d’accord avec Philippe car ce jeune a toujours été sérieux et humble et il nous a donné envie, par ses qualités et son comportement, qu’on s’investisse pour lui.
Quand on est un apoderado modeste, c’est déjà très compliqué de s’occuper d’un torero et de lui trouver des courses en sollicitant les empresas, sans compter tout ce dont il faut s’occuper, je pense qu’avec deux ou trois, ce serait impossible. Aussi, je crois pouvoir dire que Manolo sera le seul torero que j’apodèrerai… »
(Les trois photos de l’alternative vicoise sont de Christian Lamoulie, les deux de la soirée de Boujan de Bernard Mula)
ISTRES
Le jeudi 29 mars à 20h au Cercle Taurin Biterrois, Bernard Marsella viendra présenter la prochaine édition de la Feria d’Istres…
FANDIÑO
Orduña, ville natale basque d’Iván Fandiño, honorera son torero lors des traditionnelles « Otxomaios », le dimanche 6 mai. De nombreuses animations festives et taurines sont au programme, avec comme « plato fuerte » le festival dominical avec Diego Ventura, Enrique Ponce, Curro Díaz, El Fandi, Iván Abasolo et le novillero José Rojo, bétail de José Luis Pereda, Cayetano Muñoz, Mollalta, Jandilla, Torrealba, Gavira et Garcigrande.
D’autre part, un monument érigé à la mémoire de Fandiño sera inauguré.
TONY
Les cendres du picador arlésien Tony Morales, décédé le 31/01/17, seront transférées le jeudi 29 mars à 15h au Colombarium du cimetière des 9 Collines à Arles…
ESPARTERO
Retour sur le toro « Espartero », d’Albaserrada, gracié par Javier Cortés lors du second festival de la finca Mirandilla fin 2017, avec les photos de William Lucas…