Temps orageux avec forte chaleur humide, 2/5 d’arène. Six novillos de Cuillé plus un sobrero (4 bis) corrects de présentation, et donnant du jeu la plupart. Tous ont été applaudis à l’arrastre, le troisième a eu les honneurs de la vuelta et à l’issue de la course, Laurent Cuillé est sorti a hombros avec Maxime Solera et El Rafi.

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Maxime Solera (deux oreilles et oreille) a finalement tenu sa place, et même plutôt bien ! Il ouvrit les débats en se plaçant au centre pour une réception décidée par tafalleras puis gaoneras, se faisant toutefois désarmer sur le remate. Après une vuelta de campana puis une rencontre bien précautionneuse, il brinda à Bernard Marsella une faena débutée par le haut près des planches. A un adversaire qui ne débordait pas de forces, Maxime se montra appliqué lors de derechazos templés sur le bon tempo, poursuivant avec toujours le souci de soigner le geste, jusque dans la conclusion exécutée à gauche en se débarrassant de sa muleta ! Entière en étant soulevé. Le quatrième sortit en trombe et après avoir été accueilli a portagayola, il continua son chemin en passant la surmultipliée, allant se fracasser contre les tablas. Bilan de ce choc violent : piton gauche brisé au milieu et mouchoir vert. Le sobrero du même fer fut bien accueilli par véroniques, demie et rebolera et après deux rencontres, la seconde avec le regatón, Maxime brinda à l’assistance une faena débutée genoux dans le sable qui donna le « la » de séquences harmonieuses, toujours sur la bouche d’arrosage. A gauche, le Fosséen signa plusieurs naturelles finement ciselées et après un final rapproché quand le Cuillé commençait à donner des signes de fatigue, il le coucha d’un recibir tombé suivi d’un coup de verdugo.

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Alejandro Adame (saluts et silence) accueillit son premier par deux largas à genoux et bizarrement, le Cuillé exécuta quasiment en suivant deux vueltas de campana ! Après une pique rectifiée et visiblement peu adaptée au contexte par son intensité, le Mexicain brinda au conclave un trasteo débuté par le haut et poursuivi par des derechazos au tracé inégal, un scénario qui se poursuivit jusqu’aux manoletinas débouchant sur un cinglant échec avec la ferraille. Le quinto ne justifia guère l’adage, et après une réception par véroniques puis chicuelinas avant un monopuyazo, Adame nous gratifia d’un superbe quite par zapopinas qui lui valut les acclamations du respectable. Brindis au novillero Cristian Perez, la suite étant passablement contrariée par la propension de l’utrero à se diriger vers les planches d’où le cadet de Luis David, ce jour préposé au téléguidage de son jeune frère, s’efforçait de l’en sortir. Peine perdue à plusieurs reprises, le bicho s’avérant définitivement rajado, le tout étant conclu par deux épées de gendarme et un descabello.

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El Rafi (deux oreilles et saluts) accueillit d’abord un superbe castaño oscuro par larga de rodillas et après deux rencontres et une belle competencia aux quites, le Nîmois décida de poser lui-même les palos, ce qui lui valut une belle ovation. Brindis à Frédéric Donnedieu de Vabres et cambio au centre suivi de rodillazos templés déclenchant l’orphéon. La suite par redondos relâchés qui accentuèrent la transmission avec les étagères, aidée en cela par les embestidas remarquables du novillo. Passage à gauche moins soutenu, mais toutefois honorable, et final par luquecinas avant entière qui fit tomber du palco deux mouchoirs blancs, plus le bleu pour le novillo. Bon capoteo de réception avec l’ultime, au tamaño conséquent, piqué sur le réserve avant un brindis à l’assemblée faisant place à un début à genoux près des tablas. Rafi profita des bonnes réponses de son opposant pour se distinguer par un registre varié et alluré, le tout étant gâché avec l’estoc en cinq envois. Malgré cette désillusion, on peut considérer que sur ce qu’il a montré, le Nîmois a quelques atouts à faire valoir pour la suite de sa saison…

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A l’issue de la novillada, Maxime Solera a reçu en piste le Trophée Pierre Pouly au triomphateur.

En matinée, par température saharienne et devant une bonne petite chambrée qui cherchait l’ombre, la becerrada de Turquay, sans mise à mort, a connu des fortunes diverses, mais a été relativement entretenue.

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Pedro Montaldo (Nîmes/Catalogne) a ouvert le bal avec un client juste de trapío  et de forces qu’il dut maintenir à mi-hauteur. Après un bon capoteo, il brinda à l’auditoire une faena volontaire, mais compte tenu des conditions de son adversaire, il se trouva sans grande possibilité de transmettre. Bon passage gaucher toutefois. Vuelta.

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Tristan Espigue (Rhône Aficion) prit un client plus compliqué face auquel il traça plusieurs bons capotazos avant de brinder à l’assistance un labeur qu’il tenta d’agrémenter de séquences bien léchées, essuyant cependant un premier gros accrochage, puis un autre qui le fit grimacer de douleur. Mais l’Arlésien reprit vaillamment les trastos pour une conclusion fictive a recibir. Oreille.

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Nino Julian (deux oreilles) s’est montré décidé d’emblée et après s’être fait applaudir avec les banderilles, il s’entendit bien avec un becerro qui mettait correctement la tête à condition d’être bien sollicité. S’ensuivirent des échanges de « un par un » au cours desquels Nino étala ses bonnes dispositions actuelles. Esquisse de recibir. Deux oreilles.

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Fabien Castellani a pris le becerro le plus sérieux, se distinguant sur quelques capotazos de réception pour lui prendre la mesure. Il brinda ensuite au public une composition volontaire parsemée surtout à gauche de gestes méritoires. Las, il subit vers la fin deux volteretas, faisant passer le susto sur la seconde car restant inanimé. Finalement, après que son banderillero eut reçu deux trophées,  les nouvelles sont devenus plus rassurantes…

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A l’issue de la becerrada, Nino a reçu en piste le trophée du Club Taurin Istréen.

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Précisons encore que la musique a été assurée par les guitaristes Jules et Lucas Romero et que les trophées attribués étaient purement symboliques…

SAINTES

Corrida flamenca donnée devant environ 2/3 d’entrée. Six toros provenant de ganaderías françaises : Tardieu, Charlotte Yonnet, Bruno Blohorn, Los Galos, Gallon et Olivier Fernay y sus Hijas. Le Blohorn et le Gallon ont été crédités de la vuelta.

Sortie a hombros de la terna…

Juan Bautista : saluts, deux oreilles puis deux oreilles et le rabo.

Andy Younes : oreille, deux oreilles et silence.

PARENTIS  

Deuxième novillada de la Feria de San Bertomiu 2018.

Trois novillos de Couto de Fornilhos (1,3, 5), et trois de Santa Teresa (2, 4,6), le quatrième puntillé sans avoir été estoqué.

Juan Carlos Carballo : une oreille.

Carlos Aranda : silence, un avis et silence.

Jesús Mejías : silence, un avis et silence.

Dix-sept piques, une chute et un picador désarçonné. Cavalerie Bonijol. Cogida sans gravité pour Claude, un des monosabios.

Président : Bernard Sicet. Demi-arène, grosse chaleur.

La journée a commencée par une Fiesta Campera qualificative. Face à deux exemplaires de Couto de Fornilhos Alejandro Fermín et Jesús Mejías se sont disputé le droit d’intégrer la terna de l’après-midi. Paradoxalement, c’est celui qu’on a le moins vu toréer, son toro parado s’étant refugié dans les planches dès le second tercio, qu’a choisi le public.

Donc, Jesús Mejías a fait le paseo de la novillada de l’après-midi. Très bien présentés, les novillos de Couto de Fornilhos et Santa Teresa n’auraient pas dépareillé bien des corridas, y compris dans certaines arènes de première catégorie françaises.

Ils sont sortis intéressants au cheval et avec du potentiel au troisième tiers. Les Santa Teresa ont été trop justes de forces. Le quatrième a dû être puntillé sans avoir été estoqué et quasiment sans faena

Carlos Aranda est passé sans peine ni gloire. Fade face à un faible Santa Teresa, il a fait assassiner au cheval son second, le plus armé et costaud du lot. Novillero à oublier.

Jesús Mejías est trop vert pour ce type de novilladas, novilloero à laisser mûrir.

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Juan Carlos Carballo reprenait après deux ans d’interruption suite à sa grave blessure madrilène. Il a lidié et toréé avec sincérité, efficacité et élégance son premier novillo. Dommage que celui-ci ait laissé beaucoup d’énergie au cheval et n’ait pas duré au troisième tiers. Son second a été puntillé quasi sans faena, novillero à revoir rapidement

Grand moment d’émotion quand le quatrième a chargé et accroché Claude, le monosabio occupé à relever le cheval renversé par le Couto de Fornilhos. Heureusement, plus de peur que de mal.

(RT – corridasi – Photo Carballo : Roland Costedoat)

SOUSTONS

Novillos de Fernando Peña. Le sixième comme sobrero.

Jorge Isiegas : silence et silence.  

El Adoureño : silence et oreille.  

André Lagravere « El Galo » : vuelta aux deux après pétition.

Le prix du meilleur quite est allé à El Adoureño.

La canicule a non seulement limité les entrées, mais elle a aussi eu un effet néfaste sur le comportement des novillos de Fernando Peña, c’est du moins ce qu’on disait du côté des professionnels, et c’est probable. Un lot superbe de présentation homogène dans le type Torrestella et de capas variées. Hélas, il a manqué de force et l’ensemble du spectacle s’en est ressenti. Un malheur ne venant jamais seul, un des toros s’est tué dans le couloir qui mène à l’arène, accident peu banal. Il fallut changer le tour et sortir le sobrero en sixième. Personne n’en voulait au départ car il était plus imposant que ses frères. L’ensemble, malgré cette faiblesse, avait de la classe, beaucoup de noblesse et avec ce moteur qui faisait défaut, il aurait sans doute permis de passer une après-midi plus captivante qu’elle ne le fut. Maudite canicule… Le toro le plus complet a été le cinquième qui finit aux planches cependant, et le plus âpre le sixième qui se défendait sur place et ne rompit pas.

Jorge Isiegas, bien conseillé par Alberto Aguilar, sut maintenir le premier novillo complètement défaillant à sa sortie. Il put construire un ensemble habile toréant par le haut en séries courtes. On vit ainsi la noblesse de l’animal oubliant par moment la faiblesse. Il ne confirma pas cette bonne impression à son second passage banal et mal conclu à l’épée.

On attendait El Adoureño avec circonspection. C’est en piste qu’il faut juger les toreros. Yannis ne nous a pas vraiment convaincu, pour autant on ne dira pas qu’il nous ait déçu. Il coupe la seule oreille de l’après-midi… Il nous semble qu’il y avait mieux à faire de ses deux adversaires. Du second surtout. On mettra à son crédit un quite par faroles inversés et surtout un bon début de faena par passes changées au centre. C’est sûr, le garçon a du courage, il aguante… En même temps, il torée beaucoup à l’extérieur, de la pointe de la muleta, sans trop se croiser, cette facilité le fait tomber ainsi dans la banalité. Ce ne sont pas ses intermèdes un tantinet racoleurs entre deux séries, ces poses gratuites et théâtrales qui séduiront le chaland quand il faut aller au mastic. Il y a donc du boulot jusqu’à la grande tarde dacquoise qui doit le consacrer. Il lui reste encore à prouver et l’oreille du jour ne semble pas suffisante.

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La bonne surprise est venue du Galo, le jeune franco-mexicain a montré de la fraîcheur, du dynamisme aux trois tiers. Dans les deux premiers, capes et banderilles, il a des attitudes très mexicaines et sa fantaisie a séduit. Au troisième, on l’a vu sous sa facette « esthète », dans un premier temps: bon muletero, dans le rythme du toro, sans se faire toucher le leurre et tuant d’une bonne estocade. Nous n’attendions pas autre chose…. Mais il nous a surpris devant le sixième, un bœuf qui se défendait sur place et qui en aurait fait plier plus d’un. Eh bien André ne s’est pas dégonflé. Il a tenu le coup, même si les muletazos n’étaient pas d’une grande pureté, l’animal fut soumis. André a montré son courage, ses qualités de lidiador et la réputation de torero fragile qui le précède. On sait où il va, quel concept il veut imposer: ce toreo mexicain original, mais aussi courageux car les mexicains sont des lions, on a trop tendance à l’oublier.

Un estoconazo clôturant la séance, ses débuts dans le Sud-Ouest ont marqué les esprits.

(Pierre Vidal – corridasi – Photo Galo : Jean-Michel Lamy)

 SAINT-GILLES

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