Ciel menaçant, quelques gouttes éparses !…
Tout habillée de gris, la Camargue était belle dans ses pâles nuances. Cette robe d’automne lui va si bien.
J’aime la Camargue lorsqu’elle est plus sévère, même austère parfois. Elle semble se préparer à quitter ce bruyant et vif été, pour se plonger peu à peu dans sa froide intimité.
Moins accueillante, il faut la mériter, faire l’effort d’aller à sa rencontre.
Le Chemin de Méjanes, se propose cette gageure, en cette 3ème édition….
Rendez-vous était donné le matin au Bouvau d’Aubanel.
Belle affluence de participation, on pouvait comptabiliser 90 personnes, cavaliers ou cavalières à cheval ou en calèche, parmi lesquels : La maîtresse des lieux, Michèle Ricard et son fils François-Xavier, Paco Ortiz, José María Sánchez Cobo, ancien écuyer en chef de l’Ecole Royale Andalouse d’Art Equestre, Juan Romero, Patricia et Gérald Pellen, ce dernier préférant voyager en hippomobile, Véronique El Bajaoui, le Dr Christian Arnihac, président des médecins taurins du sud Est, votre serviteur et bien d’autres cavaliers, meneurs ou simples suiveurs venus grossir ce groupe qui a doublé depuis l’an passé. Certains venus de très loin pour faire le symbolique Chemin.
Dans une ambiance festive et conviviale, voire flamenca, toutes les races de chevaux étaient représentées ou presque. Une majorité de Camargue, mais aussi Jacas, Cruzados, Lusitaniens ou autres PRE… mais aussi des chevaux dit lourds, des plus légers, des Cobs, les Frisons des attelages Dubois, etc..
Privée de la traversée des marais qui étaient sous l’eau, c’est par un bout de macadam que s’ébranla la caravane.
Vestido de corto ou en tenue de gardian ou plus décontracté, deux cultures se côtoient, afin de fusionner dans un même but : le partage d’une passion commune et la rencontre avec « Méjanes, la Belle Endormie ». Méjanes qui n’en finit pas de raconter son histoire et même de renaître avec un nouveau visage…
La transformation est évidente, comme animée par une formidable énergie que l’on perçoit en pénétrant le saint des saints. Réincarnation, métempsychose… Le créateur semble veiller, tel un berger sur son troupeau. Sa présence est palpable, troublante… L’œuvre se perpétue….
Quel moment émouvant que l’arrivée au Domaine !… Il faudrait y pénétrer à petits pas…
Enfin la traditionnelle Bénédiction en provençal devant la Croix du Mas par Monsieur le curé des Saintes Emmanuel Lemière.
Salve María par Antoine et les Chiquitans !.. Les poils se dressent… frissons…
Pied à terre, on se doit d’abreuver et de nourrir les chevaux avant que chacun de nous se retrouve un verre de Ricard à la main, afin de trinquer à l’amitié et à ce métissage culturel évoqué au début et si cher à Michèle et à Paco.
Ponctué de deux haltes, la seconde au Mazet du Vaccarès, ce périple prenait fin et nous nous retrouvions dans la salle dite Espagnole. Une délicieuse paella nous était servie…
Cantador y bailador de sévillanas, Paco Ortiz nous fit découvrir une facette moins connue de son talent. Juan Romero ne fut pas en reste. Ils nous plongèrent l’un et l’autre dans une ambiance des plus flamenca. Dans quel delta étions-nous : celui du Rhône ou du Guadalquivir ? …
Alors que crépitaient encore les flammes dans la belle cheminée, c’était déjà le moment des abrazos d’adieu…
On se promet de prochaines retrouvailles, encore plus nombreux. Une année entière à en rêver…
Freddy Porte – Photos : Martine Clément