Cinq sur cinq…

 

 

 

Les lieux, les visages, les attitudes nous sont familiers et les souvenirs nous reviennent.

 

Bruts, émouvants.

 

Comme autant d’instants perdus soudain retrouvés.

 

 

 

Un livre qu’on parcourt comme on le ferait d’un album de photos de famille.

 

Un ami commentant chacune d’entre elles.

 

Un autre les annotant d’enluminures.

 

 

 

On y rencontre : Morante, El Juli, Ponce, Andrés Roca Rey, Manzanares, Talavante, Daniel Luque, Juan Bautista, Sébastien Castella, Rodolfo Rodríguez «El Pana», Marco Pérez, bien sûr…

 

Ou encore : Patrick Varin, Andy Younes, Lalo de María, Saúl Jiménez Fortes, Jérémy Banti, Mehdi Savalli…

 

Mais aussi Marc Marion l’alguazil, Jean-Luc Couturier le ganadero, Pedro Gómez «El Chino», le costalero….

 

Et bien d’autres…

 

 

 

73 photos.

 

69 évocations.

 

46 fulgurances.

 

 

 

Blaise photographie.

 

Christophe évoque.

 

Jacques écrit.

 

 

 

Et, dans son registre.

 

En face à face.

 

Les trois conversent.

 

 

 

Blaise.

 

En noir et blanc.

 

 

 

Portraits.

 

Attitudes.

 

Gestes.

 

 

 

Des intimités.

 

Saisies.

 

Al compás du moment.

 

 

 

Des figures.

 

Géométriques.

 

Au rythme de l’abandon.

 

 

 

Des instants.

 

Arrêtés.

 

Au tempo de leur importance.

 

 

 

Forts

 

Graves.

 

Lumineux

 

 

 

Rien ne bouge.

 

Mais.

 

Tout est dit.

 

 

 

Pas de clinquant.

 

Pas de surfait.

 

Une ascèse.

 

 

 

Le sobre.

 

A la recherche.

 

De l’excellence.

 

 

 

Le secret.

 

Enoncé.

 

En argentique.

 

 

 

« Photographier, c’est mettre sur la même ligne de mire, la tête, l’œil et le cœur » disait Henri Cartier-Bresson.

 

« A mon avis, vous ne pouvez pas dire que vous avez vu quelque chose à fond si vous n’en avez pas pris une photographie » écrivait Emile Zola.

 

 

 

Dans l’ombre portée.

 

De.

 

Nicéphore Niepce.

 

 

 

Blaise : 73 brindis d’un photographe.

 

Metteur en scène.

 

De la force donnée au toreo par une simple émulsion soumise à l’exposition de la lumière.

 

 

 

 

 

Christophe.

 

En évocations et souvenirs.

 

 

 

On y lit des dates.

 

Le temps qu’il faisait ce jour là.

 

Ou les couleurs de son costume.

 

« En bordeaux et or, Manuel Jesús Cid «El Cid » s’avance dans le cercle de lumière de la mi-journée nîmoise. En ce 26 mai 2012, le torero de Salteras serait presque en quête d’un second souffle, histoire de relancer son cartel dans la capitale gardoise. Il y a huit ans le Cid avait renversé l’amphithéâtre en conquérant le cœur des spectateurs… ».

 

« Œil de lynx, « El Pantera » est prêt pour le paseo alors que s’affairent les mains de ceux qui s’inquiètent encore du maintien de sa cape d’apparat sur l’épaule gauche. Juan est déjà dans la course, regard scrutant la présidence et le toril, à l’autre bout du cercle de lumière qu’il va bientôt fouler ».

 

 

On y sent les appétits.

 

De l’indispensable.

 

Concurrence.

 

« Ce samedi de Pâques, c’est la première fois que Juan Bautista et Sébastien Castella officient ensemble, en mano a mano, dans la petite Rome des Gaules… Au total, les deux matadors français ont partagé l’affiche à sept reprises sur les bords du Rhône, se piquant au jeu des quites et de la compétition à la loyale. ».

 

On revit des passes :

 

«La trincherilla est de catégorie. Que dis-je ? La trincherilla est de cartel. Digne de faire l’affiche de la prochaine Feria d’Avril ».

 

On revit des histoires d’hommes:

 

« Une mèche rebelle sous le soleil de Pentecôte. Une lumière et une blondeur qui nous transportent trente ans plus tôt lorsqu’une amazone native de Boulogne-Billancourt venait donner un second souffle aux corridas équestres des matinées nîmoises… Depuis 2022, Lalo, fils de Marie-Sara et Christophe Lambert, poursuit l’écriture d’une histoire de famille »

 

Ou de toros :

 

 « Par deux fois, El Juli va voir ce mouchoir orange être brandi par le palco nîmois mettant à l’affiche les toros salpicados de Guadalix de la Sierra : aux Vendanges 2018… Puis lors de cette corrida du 6 juin 2022… avec la grâce quelque peu forcée d’«Enarbolado »

 

Le tout annoté  :

 

« Sur des blocs Rhodia n°14 grammage 80, 11cm sur 17 »…. « Cinquante et un carnets… avec plus de 2000 corridas au compteur, le rituel de meure. Nom des arènes, numérotation de la course, type de spectacle, appellation de la feria, heure du paseo, temps, entrée, élevage, présidence, toreros, cuadrillas, détail des toros ».

 

 

 

Christophe : 69 évocations d’un archiviste.

 

Qui mute du noir et blanc.

 

En mots d’épopées et de cornes.

 

 

 

Jacques.

 

En ce que, dans une langue autre, on nomme «quites».

 

 

 

Des irruptions.

 

Des saillies.

 

De délicates effractions.

 

 

 

Brèves espontaneadas.

 

Et envols

 

En plume d’aigle :

 

« Paradoxe : José Tomás vous donne envie de faire des phrases. Alors que lui, José Tomás ne dit rien, torée, disparait. Il laisse sa tauromachie parler pour lui. Certains styles de toreros proposent un au-delà, un arrière-monde. Son cas.»

 

 

 

L’idée.

 

Et les mots.

 

Pour divisa.

 

 

 

Avec la difficile facilité.

 

De ceux qui font.

 

En écrivant de verdad :

 

« Le dynamisme immobile dont parle le philosophe Didi- Huberman dans Le danseur des solitudes apparente l’art de Belmonte, celui d’Israël Galván. Talavante accorde sa danse solitaire, dynamique et immobile à la ruée du toro emporté par sa propre fureur. La fureur de Talavante n’est pas le swing rageur de ce toro cabré. Elle, à l’inverse, est intériorisée mais pas moins intense »

 

 

 

Elégance du rythme.

 

Chic de la forme.

 

Profondeur du fond :

 

« Entrar a matar. On entre pour tuer. On en ressort un siècle et quelques secondes plus tard tranquille ou au pas ou en débandade, lisse ou chiffonné ou mort. Yiyo, Manolete etc… Tuer est une traversée ».

 

 

 

Une broderie en points déliés.

 

Une méticulosité dans la finesse.

 

Pour tisser des interrogations.

 

 

 

Avec l’œil.

 

Le cœur et le stylo.

 

A l’affut :

 

« Le carnet du revistero. Les notes du chroniqueur taurin. Rendre les comptes dans le compte rendu ou rendre les contes que la corrida prodigue ? Exercice presque utopique : Chercher la justesse et la précision dans un domaine, la corrida, distributeur de fables, de mirages, d’engouements, d’illusions. »

 

 

 

Pour exprimer quelque chose.

 

Au-delà.

 

Des vibrations de l’instant :

 

« Le campo, une petite arène rustique, le silence juste troublé par le petit tambour sec sur la piste dure des sabots de la vache qui accourt et par, de temps en temps, la voix autoritaire du ganadero : «! Puerta !».

 

 

 

Jacques : 43 attouchements d’un magnétiseur.

 

Qui d’instantanés fait des oraisons.

 

Par la seule imposition de la main droite de son style.

 

 

 

Blaise photographie.

 

Christophe évoque.

 

Jacques écrit.

 

 

 

«Las cinco menos cinco» 133 pages lues, relues.

 

Et reçues, alto y claro.

 

Cinq sur cinq.

 

 

Patrice Quiot