Byron voyageant en Espagne…
« Byron voyageant en Espagne
Habita longtemps à Tolède
Il y rêvait dans la campagne
aux plus belles et aux plus laides
Il y fut aimé d’une folle
Il fut aimé d’une espagnole
Il fut aimé d’une espagnole
La plus belle de la cité
Mais près du lord la tendre folle
Sentait son cœur la tourmenter
Elle mourut d’amour la belle
Comme on fermait la citadelle
Comme on fermait la citadelle
On l’emporta dans son linceul
Et le lord en rêvant aux belles
Derrière elle marchait tout seul
Le long des rues le peuple en foule
Regardait passer la dépouille
Regardaient passer la dépouille
Les lanceurs de malédictions
Et les bigots au cœur de rouille
Et les traîtres à leurs passions
Mais le lord alors sans mot dire
Marcha vers l’insulte et les rires
Marcha vers l’insulte et les rires
Le lord aux yeux lourds d’océans
Devant lui reculaient les sbires
Les toréros les paysans
Il arriva devant les femmes
Les Pepitas aux lourdes mammes
Les Pepitas aux lourdes mammes
Les gitanes aux noirs cheveux
Les chanteuses les grandes dames
Devant lui baissèrent les yeux
Parvint devant les demoiselles
Bravo Toro ! dit la plus belle
Bravo Toro ! dit la plus belle
Voici mon cœur voici mon corps
Et voici mon amour fidèle
Mes baisers et mes boucles d’or
Byron fut aimé par deux folles
Fut aimé par deux espagnoles »
Robert Desnos.
Datos
Robert Desnos est un poète français, né le 4 juillet 1900 à Paris et mort du typhus le 8 juin 1945 au camp de concentration de Theresienstadt, en Tchécoslovaquie à peine libéré du joug de l’Allemagne nazie.
Autodidacte et rêvant de poésie, Robert Desnos est introduit vers 1920 dans les milieux littéraires modernistes et rejoint en 1922 l’aventure surréaliste. Il participe alors de manière éclatante aux expériences de sommeils hypnotiques et publie avec Rrose Selavy (1922-1923) ses premiers textes qui reprennent le personnage créé par Marcel Duchamp.
Dans les années 1924-1929, Desnos est rédacteur de « La Révolution surréaliste » mais rompt avec le mouvement quand André Breton veut l’orienter vers le Communisme. Il travaille alors dans le journalisme et, grand amateur de musique, il écrit des poèmes aux allures de chanson et crée avec un grand succès le 3 novembre 1933, à l’occasion du lancement d’un nouvel épisode de la série Fantômas à Radio Paris « la Complainte de Fantômas ».
Le poète devient ensuite rédacteur publicitaire mais concerné par la montée des périls fascistes en Europe, il participe dès 1934 au mouvement frontiste et adhère aux mouvements d’intellectuels antifascistes, comme l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires ou, après les élections de mai 1936, le « Comité de vigilance des Intellectuels antifascistes »
George Gordon Byron, 6e baron Byron, Lord Byron est un poète britannique, né le 22 janvier 1788 à Londres et mort le 19 avril 1824 à Missolonghi, en Grèce, alors sous domination ottomane. Il est l’un des plus illustres poètes de l’histoire littéraire de langue anglaise. Bien que classique par le goût, il représente l’une des grandes figures du romantisme de langue anglaise, avec William Blake, William Wordsworth, Samuel Taylor Coleridge, Percy Bysshe Shelley et John Keats.
Grand défenseur de la liberté, révolté contre la politique et la société de son temps, l’Europe du Congrès, il s’est engagé dans toutes les luttes contre l’oppression : en Angleterre dans la défense des Luddites, en Italie avec les Carbonari, en Grèce dans la lutte pour l’indépendance.
Hors norme et sulfureux, homme de conviction autant que de contradictions, à la fois sombre et facétieux, excessif en tout, sportif, aux multiples liaisons (avec des hommes et des femmes), il reste une source d’inspiration pour de nombreux artistes, peintres, musiciens, écrivains et réalisateurs.
La Grèce l’honore comme l’un des héros de sa lutte pour l’indépendance.
Patrice Quiot