El Juli/Urtasun : Le fléau de la balance…

 

« Lors de la remise au Centro de Arte Reina Sofía du Prix National de la Tauromachie au matador retiré El Juli, ainsi qu’aux représentants de la Casa de Misericordia de Pamplona, eux aussi distingués, en présence du couple royal, le roi Felipe VI et son épouse Letizia, le ministre de la Culture Ernesto Urtasun n’a rien trouvé de mieux que de rester impassible, lorsque Julián s’apprêtait à recevoir son prix sous les applaudissements, sauf ceux du ministre en question.

 

 Une marque de mépris relevée par le maestro qui a fait remarquer la bassesse de son geste au « maleducado ».

 

« Monsieur le ministre, vous n’applaudissez pas… je vous salue… Venant d’une personne de votre rang, c’est un détail très moche. La tauromachie est inclusive, la Culture est celle du peuple, elle n’appartient pas à des idéologies politiques et votre obligation en tant que ministre est de la protéger, la défendre et la promouvoir au-delà de vos goûts personnels.

 

Je suis le dernier torero à recevoir ce prix si important, je suis certain que la raison et la responsabilité reviendront et que dans un futur proche, beaucoup de compañeros viendront recevoir cette distinction des mains d’un ministre bien éduqué qui ne censure pas notre profession ! »

 

(Torofiesta du 11/10/2024).

 

Un à propos torero vs une inconvenance de mala leche.

 

Un détail de categoría vs une posture de circonstance.

 

Une répartie de prince vs un silence de peu.

 

 

 

Aussi, sans vouloir comparer Julián et le ministre, mais en le faisant tout de même un peu, examinons de plus près la trajectoire du premier et le cheminement du second.

 

 

 

D’un côté :

 

Julián López Escobar «El Juli».

 

42 ans.

 

Torero.

 

 

 

Un novillero de légende :

 

Au cours de son parcours de novillero, il s’est habillé de lumières à 138 reprises, a coupé 282 oreilles et 19 queues, ouvert 96 Puertas Grandes et gracié 5 novillos.

 

 

 

Près de 1900 corridas de toros :

 

Pour être précis,1871 depuis son alternative du 18 septembre 1998 à Nîmes.

 

 

 

Plus de 3000 trophées :

 

Pour être précis, 2909 oreilles et 99 queues.

 

 

 

Près de 1000 sorties a hombros :

 

Pour être précis, 969.

 

 

 

Près de 4000 toros toréés :

 

Pour être précis 3943, la différence correspondant à 32 indultos.

 

 

 

En compétition avec les meilleurs et lui-même :

 

Pour être précis, 128 mano a mano et 17 seul contre six.

 

 

 

Des cachets de conquérant :

 

Il y a dix ans, une controverse avec l’empresa madrilène révélait que ses honoraires s’élevaient à environ 150 000 euros par corrida. Ce chiffre a pratiquement doublé depuis pour atteindre entre 250 000 et 300 000 euros selon des sources du secteur.

 

Ce bond s’est produit dans le feu de l’essor que connaît l’arène de Las Ventas et des plus grandes possibilités de rémunération ouvertes par la libéralisation du prix des billets à l’unité. Mais aussi parce que El Juli a affiché le “no hay billetes para hoy” la plupart de ses après-midis à Madrid, démontrant ainsi son pouvoir d’attraction dans l’arène la plus importante du monde.

 

 

 

Des avoirs judicieusement administrés :

 

Juli a géré ses revenus de carrière de manière très intelligente. Les informations du Registre du Commerce connues au début de la dernière décennie faisaient état d’une fortune de près de 30 millions d’euros.

 

 

 

Et 18 cornadas.

 

Sources : Libre Mercado du 2/10/2023.

 

 

 

De l’autre :

 

Ernest Urtasun i Domènech.

 

42 ans.

 

Homme politique et diplomate espagnol, membre de l’Initiative pour la Catalogne Verts (ICV) puis de la Gauche verte (EV), ministre de la Culture depuis le 20 novembre 2023.

 

Ernest Urtasun obtient en 2000 une maîtrise d’économie à l’université autonome de Barcelone.

 

Entre 2004 et 2008, Ernest Urtasun est le secrétaire parlementaire de Raül Romeva, député d’Initiative pour la Catalogne Verts (ICV) de 2004 à 2014.

 

En 2011, il devient conseiller du secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée. Depuis 2012, il est membre des Commissions ouvrières, premier syndicat espagnol.

 

Il est un des fondateurs et porte-parole de Catalogne en commun, fusion de 4 partis dont l’ICV.

 

Lors des élections européennes de 2014, il est élu au Parlement européen sur la liste de La Gauche plurielle. Il y siège au sein du groupe des Verts/Alliance libre européenne. Il remplace dès lors Raül Romeva au sein de l’assemblée européenne, en tant qu’unique représentant de l’ICV. Il est réélu lors des élections de 2019 sur la liste Unidas Podemos, et siège toujours au sein du groupe des Verts/Alliance libre européenne.

 

Le président du gouvernement, Pedro Sánchez, annonce le 20 novembre 2023 qu’Ernest Urtasun sera ministre de la Culture dans son troisième gouvernement sur proposition de Sumar (coalition de gauche définie comme progressiste et sociale, formée pour se présenter aux élections générales du 23 juillet 2023. Il s’agit de la plus grande coalition électorale de l’histoire de l’Espagne, rassemblant 20 partis politiques nationaux et régionaux).

 

 

 

Sur les bases du déroulé des deux carrières, sans vouloir préjuger mais en le faisant tout de même un peu, si on mettait sur la bascule de la respectabilité le parcours du « Juli » et celui du ministre, en su opinión, de quel côté pencherait le fléau de la balance ?

 

 

 

« Le silence est un aveu » écrivait Euripide.

 

Patrice Quiot