La saga d’un taureau de légende : Gandar…

 

Il est des destins peu communs, n’en déplaise à certains, même pour les taureaux.

Celui de Gandar, de la manade Blatière, est remarquable et inégalé.

Le parcours de ce cocardier devient une saga légendaire le 25 septembre 1950.

« La Royale revient de Nîmes : Mioche, Vauverdois, Mécano, Vanneau, Coulebre et Gandar qui ferme le sextet. Gandar dit « Grandes Bannes » est l’espoir numéro 1 ».

Au passage à niveau de Vauvert, sous un orage, la Micheline percute le char : Vanneau et le Simbeu « Garri » meurent.

Gandar sera récupéré dans les prés de la ville atrocement mutilé de la corne droite.

 

Après huit mois de soins, le cocardier retrouve sa place dans la Royale à Lunel en mars 1951.

Une Cocarde d’Or 1953, où il départagea les trois prétendants : Volle, Fidani, et Falomir et fut meilleur taureau de la course.

Le titre de Biou d’Or en 1953.

La carrière dura 17 ans avec une difficulté complexe : raseter comme un gaucher, en étant droitier par rapport à l’unique corne.

 

En 1959, la retraite sonna. Le manadier et le raseteur Fidani d’un commun accord prirent une décision pour l’issue finale du cocardier.

Durant l’hiver 1963, après quelques années de repos, l’heure arriva.

Charles Fidani fut appelé, il siffla comme jadis dans la piste, le toro se leva et fut achevé avec descabello (1) et muleta, en Brave.

En mars 1964, au bar du Cours (2) à Arles, Fredo Blatière offrit le frontal à Charles.

 

Depuis 60 ans, Gandar fait partie de la famille Eyraud Fidani, dans le salon.

Peut-être reprendra-t-il le chemin du Mas des Iscles où sa corne droite cassée l’attend.

 

Je dédie ce texte à notre copain Didier Volle, grand afeciouna et aficionado, neveu de Lucien Volle, il vient de nous quitter.

 

Jacques Lanfranchi « El Kallista »

 

1)    Le descabello fut donné à Charles Fidani qui rêva d’être torero à pied par Ambroise Boudin (Pouly II)

2)    Siège, un temps, de la vénérable ST La Muleta d’Arles.