Tabac brun et tabac blond… (1)
Tabac brun.
Entre les doigts des bagnards.
D’Alhucemas et Vélez de la Gomera.
Tabac brun de Jean Valjean.
Des Thénardier.
Des «Misérables» d’Hugo.
Celui de Magwitch, Provis.
Compey.
Forçats du Dickens des «Grandes Espérances».
Celui d’Artaud et de Morante.
Et des électrochocs
De l’asile de Rodez et de la clinique de Miami.
Tabac brun.
De ceux aux bérets.
Sous les branches d’arbres secs.
Tabac brun.
Aux brindilles à presque mâcher.
Au goût de terre.
Celui des «Celtas» de Conrado Abad Gullón.
Et des maletillas.
Haciendo tapia au portail des ganaderías.
Et celui.
Au goût de sang des républicains massacrés.
A Badajoz.
Tabac brun.
Au fond.
Des poches trouées.
Tabac brun.
Des limpiabotas infirmes.
Rescapés de la bataille de l’Ebre.
Celui des maquis.
Du plateau des Glières en Savoie.
Du groupe «Soleil» en Dordogne.
Et celui des bourreaux.
Du garrote.
Des geôles de Franco.
Tabac brun des «Gauloises».
De Jacques Maigne «Cacou».
Et des «Gitanes» d’Antoine Martin.
Celui des «P4».
Tabac des clopes reconstituées.
Des amphis à dix francs.
Tabac brun.
Des ongles noirs.
Et des bouches édentées.
Celui.
Des clochards.
Sous les ponts de Talabot.
Tabac brun
Des cornadas de la vie.
Données à voir.
Celui du mégot du Humphrey «Boggie» du «Trésor de la Sierra Madre».
De la cibiche du Gabin de «La bête humaine».
Du cigarillo de Clint Eastwood, Joe de «A Fistful of Dollars».
Et celui roulé.
De l’ami.
Jacques Vicens.
Fumant sa presque dernière sur la terrasse.
De son «chalet».
De la Puebla del Río.
Tabac brun.
Sombre comme le capote de luto.
De Juan Gómez Ortega.
Et acre et grave.
Comme le toreo.
De Francisco José Ureña Valero…
(A suivre)
Patrice Quiot