El vaquero, la tejedora y San Fermín…

 

L’Empereur Céleste avait sept filles intelligentes et habiles. La plus jeune était la plus gentille et la plus travailleuse. Experte en tissage, on l’appelait la Tisserande. Un jour, pour se reposer de leur travail, elle et ses sœurs descendirent sur terre pour se baigner dans une rivière limpide.

 

Près de la rivière vivait un jeune orphelin qui faisait paître les bœufs dans la vallée et vivait avec son frère aîné et sa belle-sœur. Tout le monde l’appelait le bouvier. Il avait alors plus de 20 ans, n’avait pas encore pris femme et travaillait tous les jours du matin au soir.

 

Sa solitude et sa peine lui avait attiré la sympathie d’un vieux buffle qui vivait jour et nuit avec lui. Ce vieux buffle pouvait comprendre ses paroles et le bouvier les siennes. Au cours des ans, ils étaient devenus de fidèles compagnons partageant ensemble joies et peines.

 

Ce jour-là, après avoir labouré un lopin de terre, le bouvier mena le buffle au bord de la rivière pour l’abreuver. C’est alors qu’il vit les sept sœurs se baigner dans la rivière et s’ébattre joyeusement dans l’eau. Toutes étaient très belles, surtout la plus jeune. Comprenant l’émoi du jeune homme, le Buffle lui dit à l’oreille :

 

– Va prendre les habits qui se trouvent près du saule, et celle que tu aimes deviendra ta femme.

 

Le bouvier fit deux pas en avant, puis hésita, intimidé.

 

– Dépêche-toi ! Vous ferez un très beau couple !

 

Le bouvier s’élança finalement, prit les vêtements de la jeune fille près du saule et fit demi-tour. Surprises par l’apparition de cet inconnu, les jeunes filles se rhabillèrent en hâte et s’envolèrent dans le ciel. Seule resta dans l’eau la jeune Tisserande. Le bouvier lui ayant pris ses habits, elle ne pouvait pas sortir et attendait avec impatience, les joues écarlates.

 

– Bouvier, rends-moi mes habits ! supplia la Tisserande.

 

– D’accord, si tu acceptes de devenir ma femme ! répondit le jeune homme en la regardant amoureusement.

 

Malgré l’agacement qu’elle éprouvait face à ce jeune homme insolent, l’air sincère et honnête et le regard sentimental du bouvier lui allèrent droit au cœur. Elle hocha la tête sans mot dire.

 

Dès lors, le bouvier et la Tisserande devinrent un couple inséparable. L’homme labourait et la femme tissait.

 

Le temps passa. Quelques années après, le bouvier et la Tisserande eurent un garçon et une fille. Mais la nouvelle de la vie terrestre de sa fille parvint aux oreilles de l’Empereur Céleste. Furieux qu’on eût ainsi violé la loi céleste, il envoya aussitôt un génie chercher la Tisserande pour la ramener au Ciel. Contrainte de se séparer de son mari et de ses enfants, la Tisserande pleura de douleur.

 

Tandis que la Tisserande était escortée jusqu’au Palais céleste, le bouvier ne se consolait pas de la perte de sa femme aimée et les enfants pleuraient après leur mère. Portant ses enfants dans deux paniers au bout d’une palanche, il partit à sa recherche. Il allait la rejoindre quand l’impératrice Wang, la femme de l’Empereur Céleste, apparut et s’ingéra dans l’affaire. Elle traça une ligne avec son épingle à cheveux et une rivière large et profonde aux eaux tumultueuses brisa l’avance du bouvier.

 

Ainsi, des deux côtés de la Voie Lactée, le bouvier et la Tisserande se regardèrent de loin, sans pouvoir se réunir. Très affligé, le bouvier ne voulut pas quitter le bord de la rivière. De l’autre côté, la Tisserande regardait les vagues impétueuses les larmes aux yeux, refusant de tisser les brocarts célestes.

 

Devant leur résistance, l’Empereur Céleste dut faire des concessions et leur permit de se retrouver une fois par an. Depuis, chaque année, le septième jour du septième mois du calendrier lunaire, les pies célestes forment une passerelle sur laquelle le bouvier et ses enfants rencontrent la Tisserande.

 

La tristesse de leur séparation émut tout le monde et attira la sympathie de chacun. Dans l’Antiquité, chaque année, le soir du septième jour du septième mois du calendrier lunaire, beaucoup de gens restaient à veiller dehors, contemplant longuement le ciel et les deux constellations de chaque côté de la Voie Lactée, le Bouvier et la Tisserande. Saisis de pitié, ils attendaient leur rencontre.

 

A côté du bouvier scintillent deux petites étoiles ; on dit que ce sont ses enfants qui viennent voir leur mère.

 

Tandis qu’à Pampelune, à 8905 klm du pays de l’Empereur Céleste, à midi, la veille du septième jour du septième mois du calendrier lunaire de l’année 2024…

 

Le «chupinazo» marqua le début des fêtes de Pampelune ; une foule envahit la place de l’Hôtel de Ville, les membres du Conseil Municipal sortirent au balcon de l’immeuble d’où furent lancées les douze fusées qui annoncèrent le début des festivités. En bas, sur la place, riverains et visiteurs firent ondoyer une marée de mouchoirs rouges, impatients de les nouer autour de leur cou. Le Conseiller Municipal qui s’était vu accorder l’honneur de lancer le « chupinazo » s’adressa à la foule pour inaugurer officiellement les fêtes au cri de «Pamploneses, Pamplonesas, Viva San Fermín, Gora San Fermín ! » Une explosion de joie jaillit de la place et des rues voisines, des milliers de bouchons de champagne explosèrent et des milliers de personnes dansèrent et chantèrent au son des «charangas».

 

Et qu’à Pampelune, à 8905 km du pays de l’Empereur Céleste, en fin d’après-midi du septième jour du septième mois du calendrier lunaire de l’année 2024…

 

Diego Urdiales, Fernando Adrián et Borja Jiménez tuèrent six toros de La Palmosilla et le sixième mit sa corne droite dans la cuisse gauche de Borja.

 

Datos

L’histoire du « Bouvier et de la Tisserande » est l’une des quatre grandes légendes du folklore chinois, avec celle de « Meng JiangNü » celle de « Serpent blanc » et celle de « Liang ShanBo et Zhu YingTai » La rencontre du Bouvier et de la Tisserande est fêtée en Chine lors de la fête du septième jour du septième mois du calendrier lunaire, essentiellement par les femmes et les amoureux. Au Japon, la fête est appelée « Tanabata et « Chilseok » en Corée.

 

Patrice Quiot