Récit d’une virée automnale au Portugal par Freddy Porte…
Arriver de nuit à Golega, c’est se plonger immédiatement dans une ambiance particulière, hors du temps, une autre époque…. Les pavés jalousement conservés résonnent déjà du martellement des sabots. Un brouillard de fumée de châtaignes grillées envahit et trouble quelque peu l’atmosphère. L’odeur de ce fruit si particulier au contact de la braise fait alliance à l’odeur du crottin écrasé par le passage incessant des chevaux ! Etrange parfum.
On évite une croupe, le regard s’accroche à une silhouette, un ami vous interpelle, une accolade, un abrazo, une véritable Tour de Babel où se mélangent les dialectes portugais, espagnols, français, anglais et que sais-je encore !
La capitale du cheval célèbre le lusitanien et reçoit : Golega est en fête. C’est l’été de la Saint Martin, les températures en témoignent.
Depuis plus de 500 ans se perpétue cette manifestation, qui est plus qu’une Foire, même si elle en porte le nom. C’est un hymne au Cavalo Lusitano et à son saint Patron : San Marthino.
Le pur-sang lusitanien qui rappelons-le, doit ses qualités physiques et mentales grâce à une rigoureuse sélection influencée par la tauromachie équestre, semble depuis quelques années s’orienter vers le dressage de compétition. Cela donne des chevaux plus grands, plus puissants, avec une locomotion plus ample et de fait, en adéquation avec les exigences des carrés de dressage.
Espérons que la génétique de base, ne se perdra pas dans le dédale du chant des sirènes… Sentiment personnel et nostalgique.
Pour l’instant, tel un accordéon, ce merveilleux cheval s’allonge et se rassemble à souhait et cumule les qualités.
Dès le jeudi matin, dans la piste centrale, le concours de modèles et allures commençait par la classe des 3 ans. (année exceptionnelle avec 5 médailles d’Or pour les cinq premiers et le titre de champion des champions). Suivra la classe des quatre ans et celle des 5 ans et plus. Une journée bien remplie puisque parallèlement dans le manège dit Lusitanus se déroulait une réception privée avec la présentation montée des chevaux de Grand Prix de Maria Caetano. Cette dernière fit admirer la qualité de ses chevaux ainsi que son équitation sous le titre générique de : Cavalos do Futuro.
A gauche, Freddy Porte avec les membres de la famille Caetano
M’est-il permis de rappeler que son père Paolo Caetano fut un grand cavalier tauromachique avec qui j’ai eu le plaisir de toréer dans les années 80. Il est aussi le père de Joao Moura Caetano qui fait une très belle carrière et que nous avons vu au cartel de la Pentecôte Nîmoise 2023.
Maria a présenté 4 chevaux dont 1 portant le fer de la maison.
Mais Golega sait se souvenir : le samedi en fin de journée, un hommage était rendu à Manuel Andrès Jorge, dit Maneca, décédé en fin d’été dernier à l’âge de 85 ans.
Ceci en présence de son épouse, de ses filles et de ses petits-enfants. De nombreux cavaliers tauromachiques et autres étaient présents en piste pour l’occasion et vinrent saluer la famille. Pour n’en citer que quelques-uns : La Dynastie Ribeiro Telles, Gilberto Felipe, Brito Paeis, Joao Veiga Maltez…
A la suite, un hommage était rendu également, mais de son vivant, à José Maldonaldo Cortès pour sa longue et brillante carrière internationale.
J’ai eu la chance de toréer avec ces deux cavaliers tauromachiques lors des touradas organisées en France par Luc Jalabert et Manuel Gonçalves. Souvenirs, souvenirs…
Toujours dans le respect et le souvenir, la municipalité Golegane rendait hommage à Manuel Tavares Veiga (le grand père) avec l’inauguration de la nouvelle plaza qui porte désormais son nom. Elle se situe derrière le stand d’Ortigao Costa et offre un nouvel espace aux exposants.
Puisque nous parlions de corridas portugaises, j’ai eu le le plaisir de rencontrer et d’interviewer un jeune cavalier prometteur. Il a 26 ans et est issu d’une illustre famille goleganaise. Il se nomme Vasco Veiga et se trouve être le fils de Manuel Tavares Veiga et le frère de Manuel Borba Veiga. Il est aussi le neveu de José Veiga Maltez, président de L’ANTE et des races sélectas.
Vasco est cavaleiro amadore depuis quatre ans. Ayant torée un minimun de 10 touradas dans cette catégorie, il passe en 2025 dans la catégorie supérieure « cavaleiro praticante » et pourra affronter des toros de 4 ans lors de la prochaine temporada. Si tout se passe selon nos souhaits au bout de 15 prestations, il pourra prétendre à prendre l’alternative.
C’est un garçon sympathique, bien élevé, modeste et talentueux. Sa référence, tant sur le plan de l’équitation que tauromachique, n’est autre que Pablo Hermoso de Mendoza, excusez du peu. Il faut savoir aussi que le jeune Veiga ne se contente pas de combattre à cheval, il torée également à pied non pas pour devenir matador, mais dans le but d’approfondir sa connaissance des terrains du toro. Et c’est une autre Star de la Tauromachie qui l’aide et le conseille dans le maniement du capote et de la muleta, en la personne de Morante de la Puebla !
Son écurie est composée de deux juments. Une baie Pur Sang Arabe pour la salida et une grise lusitano-arabe.
Les photos montrent le sitio et l’engagement frontal et sincère de ce jeune espoir. Nous lui souhaitons bonne chance et espérons le voir en France prochainement.
Si, l’an passé, c’est Marie Laure Hervé qui a réalisé l’affiche de La Feira, c’est au tour de Liska Llorca de signer celle de 2024.
Nous avons pris quelques clichés des œuvres de la première citée qui exposait au Lusitanus.
Une soupe de piedras traditionnelle, déjeuners entre amis, cocktails, achats personnels, recherche du cheval idéal implique beaucoup de marche à pied… mais que de joie en échange.
Le plus dur, comme toujours, c’est la fin, le retour à la réalité plus ordinaire, la transition. Comme en équitation, il est déjà une première difficulté, celle de réaliser une figure ou un exercice, mais ce sont les transitions qui sont les plus ardues. Une fois installé dans une allure, il suffit de se laisser porter et d’aller avec…. Passer, sans heurt, à la suivante avec fluidité est une tout autre affaire…
A l’an prochain, si Dieu le veut…
Freddy Porte