Muleta accrochée et muleta planchada…

 

Un rien m’énerve.

 

Le caillou qui me fait tordre la cheville.

 

La pluie et la boue qui me font glisser.

 

 

 

La vulgarité m’agace.

 

Les calendriers du facteur en jaune et bleu ou celui des pompiers bodybuildés quand sonne midi.

 

La débroussailleuse qui débroussaille à l’heure de la sieste.

 

 

 

L’inanité m’irrite.

 

Les propos ineptes des queues à la caisse des supermarchés.

 

Les enfants idiots qui braillent, courent et touchent à tout.

 

 

 

Après avoir été nourris chez eux de Choco-Pops et de burgers double cheese.

 

Et au CE2 de la République de la mièvrerie.

 

De Georges Moustaki ou de Guy Béart.

 

 

 

Je n’arrive plus à vivre.

 

Sans que le toro de ce quotidien insipide.

 

Me regarde.

 

 

 

Me tire des hachazos.

 

Des gañafones.

 

M’accroche la muleta de la vie.

 

 

 

Désorganisant.

 

La faena soñada que j’avais imaginée.

 

Avant ma retirada définitive au pays d’Anubis.

 

 

 

Car même si je me croise dans le sitio du poli.

 

Si j’avance bien la serge rouge dans la précaution de l’amène.

 

Et si je donne correctement le toque de l’affable.

 

 

 

La débrousailleuse qui débroussaille.

 

Les calendriers du facteur ou des pompiers.

 

La pluie et la boue qui me font glisser.

 

 

 

Le caillou qui me fait tordre la cheville

 

Les propos ineptes des queues à la caisse des supermarchés.

 

Les enfants idiots qui touchent à tout.

 

 

 

Comme les experts en tout poil.

 

Les présentateurs en sourire.

 

Et les présentatrices en calembredaines des plateaux télé.

 

 

 

M’accrochent l’engaño.

 

Me dépistent.

 

Et me font perdre les papiers.

 

 

 

Car sin gracia.

 

Sin arte, sin na’.

 

De mala leche son.

 

 

 

Quand de leurs cornes afeitées.

 

De convenu et de minauderie.

 

Ils bigornent le leurre.

 

 

 

Le piétinent de leurs sabots de guimauve.

 

Le reniflent de leurs mufles en chupa-chups.

 

Et le font virevolter de leurs andouillers en feutre de Papa Noël.

 

 

 

Ces cornadas de bêtise me trouent le cul.

 

Et m’estoquent.

 

Al recibir.

 

 

 

Me laissant pantelant.

 

D’un désespoir.

 

D’agonie aux bords d’un Guadalquvir de boue sale.

 

 

 

Rêvant.

 

D’un fleuve.

 

Qui roulerait.

 

 

 

Le luxe des ruines de Chateaubriand.

 

Les ailes des moulins de la Manche du manchot de Lépante.

 

Et l’or des Incas de Pachacutec.

 

 

 

Aussi tel un muezzin athée.

 

Je me contente de lancer.

 

A ces cabestros émasculés des plaisirs sauvages.

 

 

 

Des damnations de piquero désarçonné.

 

Des malédictions de banderillero d’espantada.

 

Ou des anathèmes de damnificado.

 

 

 

Me vouant ainsi aux gémonies.

 

De la barrera de sombra de la bonne éducation.

 

Et aux lazzis de l’andanada de l’outrance.

 

 

 

Alors baissant la tête.

 

Sous les huées de la bien pensance.

 

Et les almohadillas de la méchanceté.

 

 

 

Je jette l’éponge.

 

Range l’affrontement.

 

Dans l’esportón du manque de courage.

 

 

 

Et vais lentement au burladero du texte.

 

Boire dans la timbale en argent.

 

L’eau fraiche de l’écriture.

 

 

 

Et là, seul, la souris dans la main droite.

 

Essayer de toréer sur le ruedo de la page blanche le toro des mots.

 

La muleta bien planchada.

 

 

Patrice Quiot