Virage ? … (1)
Un constat et une question que je me posais déjà il y a 3 ans, 3 mois et 3 jours…
Je ne suis pas collectionneur.
Je ne m’attache pas aux objets.
Que, souvent, je perds.
Par désintéressement.
Je conserve peu.
Et ai plutôt tendance.
A me défaire.
A jeter.
Je vide.
J’expurge.
J’abandonne.
Je délaisse.
J’aime l’épure.
Le net.
Le beau vide.
Le désert.
Je préfère l’avant
A l’arrière.
Et l’avenir
Au passé.
Mais bien sûr.
J’ai des souvenirs.
Beaucoup.
Trop.
Ils me poursuivent.
Me rattrapent.
M’encombrent.
De leurs soupirs.
Je les ai longtemps gardés.
Clandestins.
Secrets
Pour moi.
Je revivais en solitaire.
Des vies.
Que j’avais connues.
Ou espérées.
Les afficher.
Les exposer.
Me paraissait cependant déplacé.
Presque trivial.
Mais, ils s’empilaient.
Emmêlés.
Déformés.
Parés de faux attributs.
Avec eux, le quotidien m’échappait.
Etouffé.
Englué.
J’étais accablé de leur poids.
Tout passait par eux.
Une phrase m’en rappelait une autre, centenaire.
Une situation présente m’évoquait un moment ancien ; un visage inconnu, un familier.
L’antan me croquait.
Je vivais.
Dans le coton de la mémoire.
Dans l’anesthésie du passé.
Dans le romantisme du vieux sentiment.
Cet état pouvait certes plaire.
Et sa singularité récurrente
Avoir un charme.
Suranné.
Certains me disaient aimer cette composante.
D’autres m’affirmaient apprécier cette façon.
Tous, je m’en doute, me considéraient comme un rescapé
D’un monde fini.
Un iguanodon parlant.
Qui traverserait le siècle.
Réitérant le Crétacé.
Et rabâchant le Jurassique.
Ça me faisait sourire.
Ça ne me déplaisait pas.
Quelquefois, ça me touchait.
Mais ne me satisfaisait pas.
J’avais l’impression.
D’être.
Un zombie d’outre-tombe.
Dont les mots érodés enchantaient le chaland.
Il me fallait donc sortir de cette grotte de la remembrance.
Et pour ce faire.
Mettre en scène les oripeaux qui l’affublaient.
Pour ainsi les conjurer.
Alors, j’écrivis.
A suivre…
Patrice Quiot