Taurinissimo Xmas tree…

 

Pour y puiser son eau et celle du vieux botijo d’argile.

 

Ses racines iraient de la Ronda.

 

De Pedro le charpentier qui tout réunit.

 

A la Séville de Joaquín Rodríguez au nom de julot.

 

Qui donna celui d’une sainte au plaisir d’une passe.

 

 

 

Pour le nourrir et donner couleur au sable du piso.

 

Sa terre serait celle des alluvions.

 

Du Tajo.

 

Qui roule de Sacedón à Aranjuez, de Tolède et Talavera de la Reina jusqu’à Lusitanie de Luís Vaz de Camões, de José Falcón et de Victor Mendes.

 

Et du Grand Fleuve qui roule à Hispalis.

 

 

 

Noir comme le capote de luto de l’an 1919 quand mourut la seña.

 

Son tronc viendrait du Gelves.

 

De José Gómez Ortega, l’immense.

 

Et de son frère aîné.

 

Qui lui aussi toréait bien, buvait du café au lait et fumait le cigare.

 

 

 

Majestueuses comme la retombée de l’écriture et l’alangui de la muleta.

 

Ses premières branches auraient connu.

 

La Cordoue de Sénèque.

 

D’Ibn Rushd qu’on appela Averroès.

 

Et des cinq Califes.

 

 

Celles à hauteur de nos yeux Illuminés de luces.

 

Seraient nées.

 

Entre le Madrid de Luis Miguel González Lucas, l’Albacete du «Fakir».

 

Le Salamanque de Santiago, de Julio, du «Niño».

 

Et l’Alicante de José Mari et des pieds-noirs de l’Algérie de ma naissance.

 

 

 

Ses branches du haut annonceraient l’avenir.

 

Celui de Marco du pays de Lazarillo de Tormes.

 

Celui de Clovis qui, il y a quelques jours, pour la première fois tua.

 

Celui de Lalo toréant un ange sur l’épaule.

 

Et celui de Solal au visage d’enfant Jésus à la main ferme.

 

 

 

Ses décorations festives seraient de boules de toutes les couleurs.

 

En nombre égal à celui des toreros du monde entier.

 

Et ses guirlandes longues et belles mettraient Hinojos et Torremocha à un lance de capote d’Honolulu.

 

Elles illumineraient le ciel d’Agustín García Díaz «Malla» tué sur les bords du Vidourle.

 

Et celui des autres aussi.

 

 

 

Son étoile au sommet de la sierra de Guadarrama.

 

Ferait revenir vers lui les rois des légendes oubliées.

 

Les Gaspard des Andes de Jaime González «El Puno».

 

Les Melchior de l’Orient de Saïd Kazak Manzor «El Palestino».

 

Et les Balthasar de l’Afrique en décomposition de Ricardo Chibanga.

 

 

 

Et son odeur de cigarettes, de percale rose.

 

De flanelle rouge et de sang séché qui emplirait l’arène du plaisir en attirant les mouches de l’été.

 

Ferait fuir les dévots des bénitiers de la complaisance.

 

En les faisant glisser sur les aiguilles de pin tombées au pied.

 

De ce taurinissimo Xmas tree.

 

Patrice Quiot