Le carré d’art des capotes d’Alfonso…

 

« …Le premier est celui que m’offrît Antonio Ordóñez lors de sa réapparition à Málaga et qu’il m’avait remis en présence de ses inconditionnels fort mécontents de la chose, «considerando que los hacía de menos regalándoselo » à un critique de province qui venait à peine de débarquer dans le mundillo.

 

C’étaient les mêmes qui, alors que je n’avais publié que quatre chroniques dans «El Ruedo», avaient été froissés lorsque le rondeño m’avait dit à l’hôtel Astoria de Valence, lors des Fallas de 1963: «Tu serás la nueva gran figura de los críticos».

 

Il y avait là José-María Jardón, Pedro Balañá, Diodoro Canorea, Barceló, l’empresa de Benidorm et d’Alicante ainsi que le vieux Pablo  Chopera qui coupa Ordóñez d’un : «me parece que te estás pasando. Navalón sabe mucho pero tiene todavía más peligro. No nos conviene”.

 

C’est le capote que j’ai le plus utilisé quand je toréais même si j’avais dû l’adapter à ma mesure compte tenu qu’il ressemblait à une couverture et c’est «Tito», le valet d’épée d’Andrés Vázquez, qui en coupa le bas de plus du quart «para poderlo manejar a mi antojo».

 

 

 

Le second appartenait à Curro Romero ; c’était celui de l’une de ses plus glorieuses après-midi à la Maestranza* ; celui du jour où, de nombreuses années après, il avoua qu’il avait le mieux toréé à la cape de toute sa vie.

 

Nous avions eu un léger différend «por una mala interpretación de su mujer Conchita Márquez Piquer» et Curro, pour me témoigner qu’il ne m’en voulait pas, m’avait offert le capote historique.

 

 

 

Le troisième était à Rafael de Paula ; celui avec lequel il avait exécuté le quite par véroniques à un toro de Julio Robles, l’année où, après treize ans à parcourir les plazas d’Andalousie «sin alcanzar más gloria que los cantes de los flamencos», il se présenta à Madrid pour y confirmer son alternative*.

 

Ce soir-là avec toute l’équipe des cadres de « Rumasa »  qui m’avait engagé pour donner huit conférences en Andalousie, nous allâmes saluer Rafael au «Wellington»; tous étaient des adorateurs inconditionnels du gitan. Ils nous emmenèrent dîner dans le restaurant le plus cher de Madrid où ils furent choqués quand je dis à Rafael qu’il avait été dommage de donner de tels lances en changeant de terrain au lieu de «ligar los seguidos» comme je l’avais vu faire tant d’autres fois.

 

Et quand les convives commercèrent à me tancer de mon incongruité à dire une telle chose, Paula les arrêta d’un : “Tiene toa la razón el de Salamanca. Otras veces he toreado mucho mejor con el capote. Lo que pasa es que en Madrid no me habían visto y le ha parecido mucho más de lo que ha sido” en me faisant cadeau de la percale.

 

 

 

La quatrième est celui d’Antoñete, celui de la célèbre demi véronique*souvent abusivement répétée à la télé dans la mesure où j’en ai vu des siennes bien plus parfaites et beaucoup plus lentes. Mais ce fut un après-midi de gloire y «la gente estaba loca con el viejo del mechón. Antonio tenía entregada la plaza y cuando remató la media, los tendidos se pusieron en pie con una ovación delirante »

 

« Cuatro capotes magicos que pasaron a la historia del toreo con letras de oro »… 

 

… Plus tard, on m’en offrit beaucoup d’autres car pratiquement chaque fois que les toreros venaient tienter chez moi, «me dejaban un capote o una muleta» : Capea, Manzanares, Roberto Domínguez, El Yiyo, Julio Robles, deux muletas d’Andrés Vázquez. …

 

J’aurais bien aimé garder quelque chose de Rafael Ortega «que ha sido el que mejor he visto torear en toda mi vida o algún recuerdo de Manolo Vázquez que cuajó una vaca mía magistralmente»… mais ce ne fut pas le cas.».

 

«Cuatro capotes magicos».

 

Chronique d‘Alfonso Navalón Grande.

 

Reprise le 5/12/2015 dans «De sol y sombra/Opiniontaurina ».

 

Datos

 

– Alfonso Navalón Grande (Huelva, 5 de abril de 1933 – Fuentes de Oñoro, Salamanca, 27 de agosto de 2005) fue un novillero, ganadero, licenciado en Derecho – carrera que nunca ejerció – y crítico taurino, quizá el cronista más polémico del siglo XX.

 

En Madrid, comenzó a trabajar en el semanario ‘ El Ruedo ‘, junto a otros redactores como Joaquín Jesús Gordillo o Vicente Zabala. Colabora en el periódico ‘ Informaciones ‘ consiguiendo la pluma de oro y también en el rotativo ‘ Pueblo ‘ sustituyendo a Gonzalo Carvajal, donde vivió sus mejores momentos profesionales.

 

En su necrológica en el diario El País recogía sobre su trabajo:

 

« Su estilo como crítico tuvo el brillo de quien sabe tras lo que se anda y, además, lo sabe contar con estilo. Abusó del sarcasmo y del ataque personal y directo, por lo que pisó más de un juzgado y sufrió la agresión (nunca justificada) de alguna cuadrilla estimulada por el matador. Ello le granjeó una tremenda popularidad a la par que odios furibundos que manejó, aquélla y éstos, engrandeciendo los dos sentimientos ».

 

* Antonio Ordoñez : 18 avril 1965 ; Málaga ; Antonio Ordóñez ; Carlos Corbacho ; José Fuentes ; toros de Carlos Nuñez.

 

* Curro Romero : 15 août 1973 ; Séville ; Antonio Bienvenida ; Rafael de Paula. Curro Romero ; toros de Benítez Cubero.

 

 * Rafael de Paula : 28 mai 1974 ; Madrid ; Parrain, José Luis Galloso ; témoin, Julio Robles ; toros de José Luis Osborne.

 

*Antoñete : 7 juillet 1966 ; Madrid ; corrida de la Prensa ; Antonio Bienvenida ; ‘Antoñete ; Curro Romero ; toros de Carlos Nuñez.

 

Patrice Quiot