André…

 

 Joli garçon il fut.

 

Bel homme il est encore.

 

 

Yeux clairs dans visage lisse.

 

Et sourire charmeur.

 

 

 Langue riche.

 

D’une parfaite éducation.

 

 

 Et distinction innée.

 

De una gracia naturelle.

 

 

 La douceur.

 

D’un coucher de soleil sur la Baïse.

 

 

 Mâtinée de l’émotion.

 

D’un Agur Jaunak de fin des Fêtes.

 

 

 Il aurait pu être acteur de ciné.

 

Il fut torero.

 

 

 Un de ceux.

 

Du «canal historique».

 

 

 Et ce.

 

Pendant vingt ans.

 

 

 De Vieux Boucau où il débuta.

 

A Ronda où il fit sa despedida.

 

 

 Après qu’«Escandaloso» de Carlos Nuñez.

 

Eut fait de lui le quatorzième matador de toros français.

 

 

 Des toros.

 

Il a tout connu.

 

 

 Du vil au noble.

 

Du grandiose au sordide.

 

 

 Des toreros aussi.

 

Des figuras brodées d’or.

 

 

 Aux plus humbles.

 

En guenilles de secunda mano.

 

 

 Et peut à leur sujet.

 

En toute légitimité.

 

 

 Parler.

 

Ou écrire.

 

 

 André fait les deux.

 

Et le fait très bien.

 

 

 Analyses précises.

 

En justesse de contenu.

 

 

 Ou comptes-rendus.

 

Du professionnel qu’il est.

 

 

 En plume légère.

 

D’une intelligence vive.

 

 

 Qui défend.

 

Ce que d’autres brûlent.

 

 

 Comme ils le firent.

 

De sa maison.

 

 

 Fier et libre.

 

Il est.

 

 

 Quand il écrit

 

Il porte ses convictions.

 

 

 Dans une langue.

 

Châtiée à l’élégance du beau savoir.

 

 

 Et à la rondeur.

 

D’un salmis de palombes partagé sur une nappe à carreaux.

 

 

 Quand il parle.

 

Il le fait.

 

 

 Avec les manches.

 

De Vincent de Moro-Giafferri ou de René Floriot.

 

 

 En ciselant d’hiéroglyphes.

 

Ses plaidoiries millimétrées à l’aune du vrai.

 

 

 Photographe de l’instantané.

 

Il saisit le juste au juste moment.

 

 

 En des vibrations.

 

Qui sont celles de la vie.

 

 

 Et à ses rares moments de liberté.

 

André dessine en croquant.

 

 

 Comme Verlaine.

 

Le fit de Rimbaud.

 

 

 Avec eux.

 

Il affirme une transgression.

 

 

 Paul et Arthur.

 

Dans le sulfure de l’absinthe et de la poésie.

 

 

 Lui en prêchant.

 

Que tuer ou aimer voir tuer des toros.

 

 

 N’est nullement.

 

Un péché.

 

 

 Depuis plus de cinquante ans.

 

On se croise souvent.

 

 

 Sa discrétion envers moi.

 

Va avec ma retenue envers lui.

 

 

 Mais en chacune de ces occasions.

 

Je suis content qu’André soit là.

 

 Datos

 

André Viard, né le 7 février 1955 à Mirande ( Gers ) est un matador français, journaliste taurin et militant pour la défense de la tauromachie.

 

Débuts en public : Vieux-Boucau-les-Bains le 5 août 1968.

 

Débuts en novillada avec picadors : Arles le 15 août 1980. Novillos de Fernay.

 

Présentation à Madrid : 1er mai 1984. Novillos de Peñajara.

 

Alternative : Dax le 9 juin 1985. Parrain, «Manzanares» ; témoin, « Espartaco ». Toros  de Carlos Nuñez.

 

Présentation en Amérique latine : Lima (Pérou) le 1er mai 1986. Toros  de Santiago Apostol.

 

En 1986, affronte seul six toros dans les arènes de Soustons et il renouvelle la chose deux ans plus tard dans celles de Samadet.

 

Confirmation d’alternative à Madrid : 10 mai 1987. Parrain, «El Bayas» ; témoin, Jorge Manrique. Toros  du Marquis de Domecq.

 

Après sa confirmation, il participe à une dernière corrida le 16 juillet 1988 à Ronda comme sobresaliente de «Manzanares» lors d’une corrida-concours que celui-ci affronte en solitaire.

 

Parallèlement à sa carrière de matador, il mène à partir de 1973 à Vieux-Boucau-les-Bains, puis en 1977 à Saint-Sever une carrière d’organisateur, soit seul, soit comme consultant ou en association ; à partir de 1983, il monte les premières novilladas sans picador du Sud-ouest : Orthez , Istres, Pomarez , Samadet, Magescq, Soustons, Lit-et Mixe, Parentis-en-Born, Rion-des-Landes, mais aussi dans le Sud-est à Millas, Bourg-Madame Alès, Carcassonne.

 

En tant que journaliste, il écrit pour El Mundo, collabore à la création de plusieurs médias spécialisés « Planète Corrida», «Terres Taurines» puis site internet associé.

 

En 2012, il reçoit le prix Baltasar Ibán de la Fundación Wellington en récompense de son travail de défense de la corrida.

 

Il est également l’auteur de plusieurs livres, notamment « Corrida Française ? », plaidoyer pour un statut juridique de la tauromachie en France, paru en 1982 ; « Comprendre la corrida », traité de technique du toreo, paru en 1988 puis actualisé et amplifié en 2001 ; «Le grand livre de la corrida », paru en 2003, «L’appel de Samadet» en 2007. Il crée le 22 mars 2008  l’« Observatoire national des cultures taurines » dont il est élu président.

 

Par les démarches de l’ONCT, la corrida est inscrite au patrimoine immatériel français en 2011. Cette inscription fut invalidée par la cour administrative d’appel de Paris en 2015, décision confirmée en 2016 par le Conseil d’État.

 

Il est depuis 2016 chargé de mission au sein de l’Union des villes taurines françaises (UVTF). Il a créé pour l’UVTF et l’ONCT le film et l’exposition “Tauromachies universelles” pour expliquer les origines des différentes tauromachies existantes. Cette exposition itinérante a été présentée dans plus de 40 villes françaises et espagnoles.

 

En juin 2021, il publie aux éditions du Diable Vauvert «La chair et le sens : une religion du taureau» dans lequel il revendique l’hérédité de la corrida aux pratiques taurines multiséculaires.

 

Photo : Mundotoro

Patrice Quiot