Pesadilla Belzébuth…

 

 

Soixante-seize à tuer.

 

Et moi seul.

 

Pour le faire.

 

Disait el pliego de condiciones rédigé par Belzébuth.

 

 

 

Gran acontecimiento taurino.

 

Setenta y seis toros de origen incógnita.

 

Lidiados y estoqueados por «El Cojo» como único espada.

 

Confirmait l’affiche.

 

 

 

Plaza de toros.

 

En carbone d’isotopes.

 

Moins 72 au mercure.

 

Et piso de glace.

 

 

 

Le soleil a fondu.

 

Toutes les bêtes ont disparu.

 

Et il pleut.

 

Des gouttes d’acier.

 

 

 

Soixante-seize à tuer.

Ceux de Lascaux, de la Grotte Chauvet, du Mont Bego, de la Vallée des Merveilles, ceux des Grands Vents.

 

Ceux des Hittites, de la Crète, de l’Inde, celui de Wall-Street, ceux aux yeux verts de Fernando Villalón.

 

Et ceux morts pour moi ressuscités.

 

 

 

Ils viennent de la planète noire.

 

Ce sont les derniers.

 

Il ne reste.

 

Qu’eux.

 

 

 

Des colorados des berrendos, des salpicados.

 

Des aux cornes de fer.

 

D’autres, ciegos.

 

Tous le cul souillé de leur merde.

 

 

 

«Miedo», «Aprensión», «Pavor».

 

 «Horror», «Espanto», «Alarma».

 

 «Asombro», «Pánico», «Susto».

 

Sont quelques-uns de leurs noms.

 

 

 

Avec la divisa des aliénés sur les cuisses de verre.

 

Le hierro du diable sur les morrillos d’azote.

 

Le guarismo des années de guerre.

 

Sur les pezuñas de titane.

 

 

 

Leurs queues.

 

Dressées vers Pluton.

 

Et leurs cornes.

 

Au zénith de La Alameda.

 

 

 

Soixante-seize à tuer.

 

Autant que d’années de ma vie.

 

Pour expier icelles.

 

Disait el pliego de condiciones rédigé par Belzébuth..

 

 

 

Quelques nostalgiques de la 2e division SS «Das Reich».

 

Bottes aux pieds et cravache en main.

 

Contrôlent.

 

“ Zeigen Sie mir Ihr Ticket“.

 

 

 

Pas de cuadrilla.

 

Seuls sont là l’ombre de Montoliú, le spectre de Joaquín Camino.

 

Le fantôme de Ramón Soto Vargas.

 

Et la cire d’Enrique Berenguer «Blanquet».

 

 

 

Pinochet, Himmler, Attila.

 

Au palco pantelant.

 

Des torturés des stades et des caves.

 

Et des chevaux agonisant des blessures d’éperons d’or.

 

 

 

Nosferatu le vampire et Élisabeth Báthory de Ecséd, la comtesse sanglante.

 

Comme alguaciles sur des haridelles éventrées.

 

Jack the Ripper, Hannibal Lecter, Ghostface et Landru.

 

Allant de monosabios.

 

 

 

Musique de tronçonneuses.

 

Et pleurs des «Las Madres de Plaza de Mayo».

 

Una banda amenizará el festejo.

 

Disait l’affiche.

 

 

 

Public en deuil de tout espoir.

 

Buvant la vodka frelatée de Baïkonour.

 

Des chats noirs sur l’épaule.

 

A la vieille latitude d’Hiroshima.

 

 

 

Moi vêtu de jaune.

 

La figure d’une montera à l’envers.

 

Et un cercueil ouvert.

 

Sur le capote de paseo en crêpe.

 

 

 

Et dans le ciel.

 

Un vol de Pelagornis.

 

A l’envergure des ailes.

 

Plus large que celle du «Concorde 001» volant vers Bahreïn.

 

 

 

«Va, cours, vole et nous venge».

 

Me crient «Paquirri» et le «Yiyo».

 

«Tue-les tous, Dieu reconnaîtra les siens».

 

Me crient Iván et Víctor.

 

 

 

Tandis qu’imaginant mon effroi.

 

« Mes pensées tournoyaient comme affolées d’horreur.

 

Une sueur de mort me glaçait chaque membre»

 

Commente Maupassant au micro de «One Toro».

 

 

 

Soixante-seize à tuer.

 

Et moi seul.

 

Pour le faire.

 

Disait el pliego de condiciones rédigé par Belzébuth.

 

 

 

Et pas de bruit.

 

Dans le noir de la nuit.

 

Rien.

 

Pour m’affranchir du maléfice.

 

 

 

Cauchemar dans la langue de Ronsard.

 

Nightmare dans celle de William, alptraum dans celle de Ludwig van B.

 

Et pesadilla Belzébuth dans une autre.

 

Ça s’appelle…

 

Patrice Quiot