Meter la mano…
Fin de matinée.
Un endroit.
En béton.
Ou briques ou murs chaulés.
Escaliers.
Pour un en haut.
En rambardes de fer.
Et au sol des trappes.
Visages des routes de la nuit.
Tabac et eau de toilette.
Abrazos en lunettes de soleil.
Cravates, tressaillements de mâchoires et murmures de chapelle.
En bas.
Sol de terre maculée de fourrage et de pisse.
Portes coulissantes.
Et des cordes pour les ouvrir.
Lentement ils bougent.
Violence contenue.
De beauté barbare.
Et les mouches voletant dans une odeur de grésil.
Reins noirs au regard de ceux qui porteront les lances.
Cornes blanches au regard de ceux des harpons.
Naseaux brillants et rabos al suelo.
Des gestes doux pour voir s’ils voient.
Le quarante-deux, comme le gris sorti à Salamanque.
Avec le veleto dans le type de celui du triomphe de Cordoue.
Celui-ci avec celui-là , ese con este.
Mercure et soufre.
Controverses pour organiser un équilibre.
De sachant à sachant.
Argumentation fine de fond et respectueuse de forme.
Dans une logique de guerre au service du maître.
Le 6 et le 42.
Le 21 et le 54.
Le 7 et le 38.
En trois boulettes identiques de papier à cigarette roulées serré dans le sombrero du bouvier chef.
Mettre la main.
Dans l’ordre d’ancienneté dans l’arène.
Le hasard du ciel pour les deux premiers.
Le troisième ne choisit pas.
Trois fois.
Quatre doigts qui défont le signifié de la sentence.
Quatre doigts qui creusent les rides.
Et une voix forte qui énonce le verdict.
La raison de l’expérience essaye d’organiser le destin.
Bien illusoire de l’ordre de sortie.
Le colorado en premier.
Et le plus fort en second.
L’autorité enregistre la chose.
Jusqu’alors intimement gardée.
Bientôt tout le monde saura mais dans sa poche.
Le confianza lisse le papier de cigarette froissé.
En forme de chiffres le fatum a dit son mot.
De ce sort ils ont une idée.
Mais ils lui diront que tout est bien parce que c’est ainsi.
Et le maître se dira satisfait…
Datos
Le sorteo a été imposé à la fin du 19°siècle par Mazzantini, Reverte et Guerrita pour éviter le favoritisme envers tel ou tel torero de la part de l’éleveur qui décidait alors de l’ordre de sortie des toros.
Il sortait en cinquième position le toro qu’il pensait le meilleur, d’où la célèbre croyance « No hay quinto malo » qui n’a plus lieu d’être aujourd’hui, même si certains y croient encore.
Le sorteo a lieu le jour de la corrida en fin de matinée, en présence du président de la course, de l’éleveur ou son mayoral, des cuadrillas et des représentants des matadores.
Patrice Quiot