La primavera de jeunes pousses…

 

« Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées la valeur n’attend pas le nombre des années.»

 

Rodrigue, dans «Le Cid» (1636).

Pierre Corneille (1606/1684).

 

 

Dans l’herbe tendre du campo.

Clovis, Valentin.

 

Matias, Rémi, Sofiane et les autres.

Observent les cornes des myosotis.

 

 

 

Dans la solitude du toreo de salon.

 

Ils affinent des gestes encore en bourgeons.

 

Pour les faire éclore en corolles.

 

De plaisir de jasmin et de grâce de renoncules.

 

 

 

Leurs visages où demeurent quelques fossettes.

 

Disent cependant la gravité d’un Gardon ou d’un Rhône en crue.

 

Et leurs mains à la peau lisse et fine.

 

Cueillent déjà les coquelicots de Benalup.

 

 

 

Papillons aux ailes en costumes de lumières.

 

Clovis, Valentin.

 

Matias, Rémi, Sofiane et les autres.

Vivent de leur désir qui jamais ne se pose.

 

 

 

Dans le rose des pâquerettes

Ils distinguent la couleur du capote.

 

Et dans le rouge des tulipes.

 

Celle de la muleta.

 

 

 

Leur torería.

 

Stupéfie la lune blanche des narcisses.

 

Et leur entrega.

 

Effraie les boutons d’amandiers.

 

 

 

Dans le vert tendre de leur jeunesse d’alouette.

 

Clovis, Valentin.

 

Matias, Rémi, Sofiane et les autres

 

Songent aux fleurs de magnolia de las cinco de la tarde.

 

 

 

Quand promesses de violettes en nazareno de Semana Santa.

 

Le goût amer de la cigüe dans la bouche.

 

La gorge serrée en feuilles d’orties.

 

Mais le cœur battant en bouquet d’œillets.

 

 

 

Ils défileront.

 

Dans le chant des rossignols.

 

Et le vol des hirondelles.

 

Sous le regard terrible des chrysanthèmes.

 

 

 

Moineaux voletant dans les champs de primevères.

 

Clovis, Valentin.

 

Matias, Rémi, Sofiane et les autres.

 

Rêvent aux bouquets lancés du triomphe.

 

 

 

Qu’ils auront à voler aux brutes.

 

En orchidées noires.

 

Et aux cornes vulnérantes.

 

En épines de yucca.

 

 

 

Mais quand presque viendra l’anochecer.

 

Con todas las ramas, vencidas.

 

Y un agobio de pájaros.

 

Qu’ils tueront en un cri de roses pompons.

 

 

 

Premiers carteles.

 

Premiers émois.

 

Premiers frissons.

 

Llega la primavera de jeunes pousses.

 

Patrice Quiot