Ce soir à la Mexico, l’incombustible Enrique Ponce raccrochera sa chaquetilla dorée pour l’éternité. L’occasion de revenir sur ses débuts chez nous en France, et quelques présentations de futures figuras…

 

Enrique Ponce débuta donc le 7 août 1988 à… Céret, en compagnie de Meca et José María Plaza. La critique souligne le physique frêle de cet adolescent qui a semble-t-il 16 ans, mais qui en parait 4 de moins. Marc Lavie dans son compte rendu dans l’Indépendant écrit : « Ce jeune garçon montre un poignet dominateur, toréant avec une muleta tendue par de limpides séries à gauche comme à droite ». Pour l’anecdote, Enrique Ponce dédia la mort de son second Martínez Elizondo à l’équipe de rugby universitaire de Nouvelle Zélande présente sur les gradins. Inutile de préciser que cette présentation fut aussi sa despedida puisqu’il ne refoulera plus le sable de la plaza du Vallespir.

 

Bien avant lui, le 26 juillet 1964, c’est à Captieux que Francisco Rivera « Paquirri » fera son premier paseo en France. Il était accompagné par son frère et Gregorio Lalanda face à des Gabriel García. Même si curieusement, la presse taurine française ne relate pas cet événement, « Paquirri » ce jour-là coupera quatre oreilles et une queue. Captieux semble une terre promise des débuts en France puisque quelques 50 ans après, c’est Andrés Roca Rey qui honore de sa présence la novillada piquée du 1er juin 2014 en compagnie de Fernando Rey et Clemente. La cité de Gironde, chère aux amis de « Rugby et Toros », semble avoir le nez creux.

 

Un an après la présentation de Paquirri, ce sera au tour de Palomo Linares de fouler pour la première fois sur l’Hexagone le sable des arènes de Saint-Sever (27 juin 65) en compagnie de Paquirri et Armillita. « Paquito » qui avait fait le déplacement sur le plateau de Morlanne note dans la revue « Toros » : « Ce qui m’a le plus plu, c’est sa manière d’aspirer (empapar) la charge du toro ».

 

En 1971, c’est le Salmantin « Niño de la capea » qui fait sa présentation à Lunel le 4 avril 1971. Opposé à des Yonnet et des François André en compagnie d’Ortuño et Jaquito, Capea séduit par sa jeunesse souriante, sans chiqué et par le naturel de son jeu intelligent, varié et de bon goût.

 

L’année suivante, le 6 août à Soustons (avec Frascuelo et Majano), c’est Campuzano qui n’est pas encore « El Grande » ni « J.A.C », qui affronte des María Luisa insipides. Malheureusement pour lui, il tombe « face au seul animal qui avait du fond et sans doute une grande faena dans le ventre » et se montre peureux.

 

Le 31 mars 1974, Ortega Cano se présente lui aussi en France du côté de Saint Gilles du Gard en compagnie de Correa et Jaquito face à des Matías Bernardos.  Jacques Thome présent pour la revue « Toros » note : « Avec un bon bagage technique, banderillero facile et élégant, ce Cano est assuré de bon nombre de contrats cette saison tant il survola la course ».

 

César Rincón, qui venait de faire parler de lui à Madrid, se présenta chez nous à Palavas le 30 juin 1991, en mano a mano avec JesulSn de Ubrique, face à des toros du Marquis de Domecq. Viendront ensuite ses premiers paseos au cours de l’été 1991 à Mont-de-Marsan, Bayonne, Dax, Arles et Nîmes. 

Le 12 mars 1996, Manuel Jesús Cid Salas, dit « El Cid », se présentait à Mauguio dans l’indifférence totale en compagnie de Gil Belmonte et Alejandro Castro face à des Fernay. Laurent Burgoa qui n’y allait pas avec le dos de la cuillère le considéra comme un torero quelconque.

 

Dans l’affluence des cartels du mois d’août (16 août 1996) Curro Díaz étrennait ses zapatillas du côté de Collioure.  Rien de notable sauf que ce jour-là, le fin torero de Linares s’ouvrit la pommette avec l’épée. Il garde la trace de ce début sur son visage buriné.

 

D’autres anonymes devenus figuras ont surement foulé des arènes dites de deuxième ou troisième catégorie pour leur baptême du feu, d’autres ont eu plus de chance en se présentant directement dans les arènes plus huppées de l’Hexagone…

 

Jean-Charles Roux