Rencontre avec le matador Javier Cortés suite à la présentation de la Feria d’Alès…
Depuis quelques jours, Javier Cortés a établi son camp de base à Nîmes où ses journées sont bien remplies, le Madrilène profitant en outre de quelques opportunités au campo pour continuer de s’entrainer, comme dimanche dernier, chez Barcelo à l’invitation de la Peña Campuzano.
Bien sûr, Javier a fait en outre coïncider sa venue avec le jeudi soir l’assemblée générale de sa peña et cerise sur le cake, le lendemain, la présentation de la prochaine Feria d’Alès puisqu’il sera à l’affiche le samedi 31 mai au matin pour la corrida de Valverde.
Avant d’évoquer Alès et les échéances qui l’attendent en 2025, pour sa quinzième temporada, petit-flash-back sur la saison passée où il n’a pas trop eu l’occasion de confirmer la bonne impression laissée chez nous l’année précédente…
« J’ai toréé huit corridas l’an dernier, notamment à Madrid, Baeza, Melilla, dans la région madrilène, mais aussi au Mexique, sauf en France où je ne suis venu uniquement que pour un festival. C’était à Méjanes le 20 octobre dernier où j’avais obtenu deux oreilles d’un toro de Valverde.
Sinon, en ce qui concerne mes meilleurs souvenirs, j’ai envie de citer Baeza où j’ai indulté un toro d’Araúz de Robles, ainsi que Melilla, l’enclave espagnole en Afrique, où je suis sorti a hombros aux côtés d’Escribano et Roca Rey !
On souhaite toujours plus, mais ce qui m’a surtout manqué en 2024, contrairement aux années précédentes, ce sont notamment deux ou trois corridas en France, par exemple St-Martin, Céret, Istres, Dax… Je pense avoir toujours donné le meilleur que je pouvais et je pensais être répété dans certaines de ces arènes, mais ça n’a pas été le cas en 24.
Chaque jour, je m’entraine dans le but de m’entretenir, mais aussi de progresser encore dans tous les domaines. Aucun en particulier, mais un peu de tout car même à bon niveau, on doit toujours viser plus haut dans tous les secteurs. C’est bien sûr ce que je recherche, que ce soit avec le capote, la muleta ou encore l’épée.
Je pense d’ailleurs avoir beaucoup amélioré mon geste à l’épée. Chaque fois, un torero veut triompher dans toutes les suertes, ce qui est très difficile et parfois impossible. Mais avec la volonté de réussir, je pense que l’on peut avancer.
Concernant le fait que je suis catalogué dans la catégorie torista au vu de mes engagements, je préfère dire que je suis un torero pour tous types de toros ! C’est une chance pour moi de pouvoir tuer tous les styles de toros, dans des cartels plus commerciaux comme celles du créneau torista.
C’est avant tout une question de système, qui a beaucoup changé, et qu’il est difficile de faire bouger. Mais il est vrai aussi qu’avec un triomphe important, comme à Madrid par exemple, ça te facilite davantage les choses. En outre, il m’est arrivé chez vous de triompher sans pour autant retrouver par la suite une place sur l’affiche. J’entends souvent que je mérite mieux, mais en définitive, c’est toujours peu évident d’aller de l’avant. Certaines arènes m’offrent parfois la possibilité d’être engagé, mais avec des corridas bien improbables…
Concernant ma préparation, il est évident que l’aspect physique est très important, mais ce qui selon moi l’est encore davantage, c’est la connaissance du toro ! Connaitre la technique, la ganadería, le toreo et évoluer dans ce domaine.
Actuellement, je participe à des tentaderos, mais je me documente aussi en lisant pas mal et tout ça m’apporte beaucoup. J’ajoute bien sûr les toros en privé, mais nous ne sommes pas dans une grande période dans ce domaine car il n’y en a pas beaucoup dans le campo, suite aux problèmes consécutifs à la pandémie de 2020.
Pour revenir sur ma prochaine temporada, il y a des choses que je ne peux pas dévoiler car les empresas n’ont pas encore annsoncé leur feria. Mais je suis très heureux d’être aujourd’hui à Alès où j’ai été engagé par l’empresa, que je remercie, pour lidier la corrida de Valverde. J’ai toujours triomphé avec ces toros. J’étais hier chez l’éleveur Jean-Luc Couturier pour tienter et bien sûr, j’en ai profité pour aller voir les toros pour Alès. C’est une corrida forte, cinqueña, qui me plait beaucoup. Ce sont généralement des toros avec lesquels je m’entends bien.
Quant à mes compañeros, ce sont deux toreros jeunes avec lesquels je suis heureux de partager l’affiche. Luis Gerpe a déjà démontré qu’il pouvait avec ce type de toros et Carlos Olsina a un bon concept du toreo !
Il est vrai que c’est assez particulier de toréer le matin dans la mesure où il faut se lever plus tôt pour se préparer avant de vite filer aux arènes, mais d’un autre côté, ce qui est bien, c’est que tu as moins de temps passé à stresser avant la course, contrairement aux tardes qui commencent en fin d’après-midi où tu as davantage le temps de gamberger !!!
Par le passé, j’ai toréé deux fois au Tempéras, mon meilleur souvenir restant en 2019 un toro de Couto de Fornilhos avec qui j’ai pu bien m’exprimer…
Concernant les engagements en France, mon apoderado Jorge Arellano s’en occupe, il y a des touches et j’attends maintenant leur concrétisation car des promesses, c’est bien, mais il faut ensuite conclure.
Quand j’ai commencé à venir en France, peu d’aficionados me connaissaient, mais peu à peu, j’ai pu faire la connaissance de pas mal d’entre eux et fort heureusement, mes amis de ma Peña ici m’ont été un soutien considérable. Il y a une bonne ambiance au sein de ce groupe qui s’est progressivement étoffé. C’est un appui important, que je ressens souvent, des gens avec qui on évoque des souvenirs, comme notamment une corrida de Yonnet à St-Martin, les Valverde à Istres, et bien d’autres…
C’est vrai aussi dans mon pays et d’ailleurs, je me considère comme un torero privilégié car je peux souvent vérifier que tous ces gens me manifestent de l’illusion par leur soutien. Par exemple chez moi, à Madrid, quand je vais aux arènes, pas mal de personnes s’adressent à moi et me saluent en me manifestant leur sympathie et leur appui. Généralement, ce sont des aficionados très chaleureux et pour moi, c’est un réconfort évident… »
Sympathique, ouvert, chaleureux, passionné, Javier est reparti à Madrid après cette semaine passée chez nous, prolifique en rencontres avec ganaderos, empresa, aficionados… Et en fin de compte, avec le contrat d’Alès en poche, un rendez-vous qui à l’évidence va compter dans sa temporada. Que l’on souhaite égrenée des engagements qu’il mérite. Suerte, Javier !!!