17 juillet 1963 : Tarazona de Aragón à 87 km de Saragosse…

 

Tarazona de Aragón, chef-lieu de la comarca de Tarazona y El Moncayo, province de Saragosse, 7304 habitants ; une «morería» importante au XVIème siècle.

 

Tarazona de Aragón à 87 km de Saragosse en passant par Vera de Moncayo, Magallón, Pedrola, Pinseque et Utebo.

 

Nous sommes le 17 juillet 1963 ; Charles de Gaulle est Président de la Vème République depuis 4 ans, 5 mois et 9 jours et le 14 du même mois, Jacques Anquetil a remporté son quatrième Tour de France.

 

Nous sommes un mercredi ; un jour spécial à Tarazona ; ordinairement, la feria de San Agustín se déroule au mois d’août, mais ce 17 juillet, Carmen, l’épouse de l’homme d’affaires propriétaire de l’entreprise textile « Gutiérrez Tapia» fête son anniversaire et une journée festive a été organisée dans la ville avec musique et corrida comme cadeau de l’entreprise à Tarazona.

 

Ángel Peralta, Jaime Ostos, «El Viti» et «El Caracol » sont au cartel ; toros de Hermanos Ramos Matías ; arènes pleines hasta la bandera. Peralta a toréé en premier et sort “Nevado”, le premier toro en lidia normale ; celui d’Ostos. Il est 17h45.

 

Véroniques d’accueil, deux piques, deux paires de banderilles et brindis au public. Le vent gène ; une rafale découvre le torero et “Nevado” sectionne la veine iliaque d’Ostos.

 

Primero el shock de la cornada, después el reguero de sangre que mana de la ingle de Jaime Ostos alarma a todo el mundo”, rapporte Carmelo Moya qui couvrait l’événement.

 

Ángel Peralta contraint l’hémorragie de son poing. Ostos arrive à l’infirmerie avec cinq de tension et sans pouls. Devant la gravité de la cornada, il reçoit l’extrême-onction et son acte de décès est dressé. On lui transfuse six litres de sang. Sur l’incitation d’Ángel Peralta, trois cents spectateurs quittent les gradins pour faire la queue devant l’infirmerie et proposer le leur. On lui en injecte quatorze litres et on va chercher les aiguilles de suture à Tudela, un village voisin. Le médecin local « Félix Ylarri y el doctor Antonio Val Carreres, lograron salvarle la vida » se souvient Pilar Carcavilla, journaliste locale.

 

Ostos passera dix-neuf heures à lutter pour rester en vie. Il sort de l’infirmerie le lendemain à une heure de l’après-midi pour être transféré vers une clinique de Saragosse.

 

« Jaime Corazón de León » l’avait surnommé Gonzalo Carvajal…

 

C’était le 17 juillet 1963 à Tarazona de Aragón, à 87 km de Saragosse en passant par Vera de Moncayo, Magallón, Pedrola, Pinseque et  Utebo.

 

Il réapparaîtra en avril 1964 à Arles avec César Girón et « El Viti » devant un lot de María Teresa de Oliveira.

 

Cette année 1963, Fernand Braudel publie «La Grammaire des civilisations» ; Louis Aragon « Le Fou d’Elsa » ; Jean-Marie Le Clézio reçoit le Renaudot avec « Le Procès-verbal » ; Marcel Pagnol publie « Jean de Florette » et « Manon des sources ».

 

Et à Nîmes…. Pour la féria, la presse locale fait état de pétards, d’une bagarre au bar Amical, dit bar « Le Gitan » et de «vandales» qui se sont attaqués à cinquante-cinq panneaux de signalisation.

 

Datos

 

Jaime Ostos Carmona :  8 avril 1931 à Écija (Espagne) / 8 janvier 2022 à Bogotá.

 

Débuts en public : Écija le 1er juin 1952 aux côtés de Bartolomé Jiménez Torres. Novillos de Juan Belmonte.

 

Débuts en novillada avec picadors : Osuna (province de Séville) le 5 avril 1953 aux côtés de Jiménez Torres et Braulio Lausín. Novillos d’Arturo Pérez Fernández.

 

Alternative : Saragosse le 13 octobre 1956. Parrain, « Litri » ; témoin, Antonio Ordóñez. Toros d’Antonio Urquijo.

 

Confirmation d’alternative à Madrid : 17 mai 1958. Parrain, Antonio Bienvenida ; témoin, Gregorio Fernández. Toros de Juan Cobaleda.

 

Premier de l’escalafón en 1962.

 

Yves Harté de «Sud-Ouest», disait de lui :« Il faisait peur, tellement il bravait le danger. Il avait un coup d’épée extraordinaire, foudroyant, un peu comme ceux, plus tard, de Victor Mendes ou El Juli. Il était incontestablement une idole. Et sa célébrité s’est trouvée accrue par le livre « Les oreilles et la queue » de Jean Cau (paru en 1960) qui l’avait suivi en saison estivale. »

 

Yves Harté souligne aussi la qualité de sa cuadrilla de l’époque, avec Julio Perez « El Vito », Luis González et Blanquito.

 

(Sud-Ouest du 10/01/2022)

 

Patrice Quiot