«Le père Goriot» en relecture du mundillo… (2)

 

Au sujet de l’ennui :

 Delphine de Nuncingen à un réboussié à Dámaso González : « Il est des situations dans la vie où tout est amertume. »

 

Au sujet du sentimiento :

Rafael de Paula à Anastasie de Restaud : « Je suis un grand poète. Mes poésies, je ne les écris pas : elles consistent en actions et en sentiments. »

 

Au sujet de la morale :

Jean-Esther Van Gobsek à Pepe Calabuig: « L’honnêteté ne sert à rien. »

 

Au sujet de la relation :

Vautrin sur le lien entre Manolete et Cámara : « L’Obéissance était ennuyeuse, la Révolte impossible, et la Lutte incertaine ».

 

Au sujet de la religion :

Anastasie de Restaud au père Jacques Tessier : « L’amour et l’église veulent de belles nappes sur leurs autels. »

 

Au sujet de la stratégie empresariale :

Vautrin à Óscar Chopera : « Il n’y a pas de principes, il n’y a que des événements ; il n’y a pas de lois, il n’y a que des circonstances. »

 

Au sujet de la passe naturelle :

Antoinette de Langeais au même réboussié à Dámaso González : « L’insuccès nous accuse toujours la puissance de nos prétentions ».

 

Au sujet des médias :

Francis Marmande répondant à une interrogation du père Goriot au sujet d’Hubert Yonnet : « Oui, monsieur, c’était un brave et honnête homme, qui n’a jamais dit une parole plus haut que l’autre, qui ne nuisait à personne et n’a jamais fait de mal. »

 

Au sujet des «convenios» :

Vautrin à Pascal Martin devant «Chez Nicolas», rue Poise à Nîmes : « Voilà la vie telle qu’elle est. Ca n’est pas plus beau que la cuisine, ça pue tout autant, et il faut se salir les mains si l’on veut fricoter. »

 

Et comme fin de tercio, ce que dit Vautrin à Rastignac et qui pourrait s’appliquer à beaucoup :

« Il est des individus nés mercenaires qui ne font aucun bien à leurs amis ou à leurs proches, parce qu’ils le doivent ; tandis qu’en rendant service à des inconnus, ils en recueillent un gain d’amour-propre : Plus le cercle de leurs affections est près d’eux, moins ils aiment : plus il s’étend, plus serviables ils sont. »

 

Datos 

 

Le Père Goriot est un roman d’Honoré de Balzac (1799/1850), commencé à Saché en 1835, dont la publication commence dans la Revue de Paris et qui paraît en 1842 en librairie. Il fait partie des Scènes de la vie privée de La Comédie humaine.

L’histoire :

Eugène de Rastignac, issu d’une famille de petite noblesse provinciale, venu étudier le droit à Paris depuis les environs d’Angoulême, habite une modeste chambre dans la pension de madame Vauquer, rue Neuve-Sainte-Geneviève. Il y fait la connaissance de Goriot, un bourgeois retiré des affaires, un marchand de vermicelle enrichi sous la Révolution par des spéculations, et celle de Vautrin, un forçat évadé en lutte, silencieuse mais implacable, contre l’ordre social. Il y croise en outre Victorine Taillefer, une jeune fille abandonnée par son père, et se lie d’amitié avec Horace Bianchon, futur médecin. Par sa cousine, la vicomtesse de Beauséant, il s’introduit dans la haute société du faubourg Saint-Germain, y commet ses premiers faux pas en y gagnant son expérience, rencontre les filles de Goriot qui ont fait d’excellents mariages : la comtesse Restaud et la baronne de Nucingen, dont il devient l’amant.

Locataire de Mme Vauquer, protecteur de Goriot, protégé de Vautrin, ami de Bianchon, confident de Mme de Beauséant, soupirant d’Anastasie de Restaud, prétendant de Victorine Taillefer, amant de Delphine de Nucingen, Rastignac établit le contact entre les personnages et leurs intrigues, entre les lieux et les scènes multiples du roman dont l’histoire se fragmente en un drame à plusieurs destinées qui se croisent et se rejoignent sans s’opposer.

Roman histoire de l’ascension sociale d’un jeune homme (Rastignac), histoire de la déchéance d’un père trop aimant (Goriot), de la chute d’une grande dame (vicomtesse de Beauséant), de l’arrestation d’un révolté (Vautrin), histoire d’une pension bourgeoise (celle de madame Vauquer) qui entretisse étroitement toutes ces dimensions.

Patrice Quiot