Haricot ou éponge… !  Eponge ou haricot !

 

« On ne peut pas refaire le même. Autrement dit, à chaque fois, on va se mettre dans une impasse, arriver au fond et se trouver devant un mur. Ce mur est insupportable, il faut arriver à le repousser. »

(Claude Viallat /France-Culture/Février 2021).

 

Haricot ou éponge.

 Eponge ou haricot.

 Haricot.

 Eponge.

 

 Une répétition.

 Pas un bégaiement.

 Une résolution, un principe.

 Une brega de la réitération.

 

 Papier, toile.

 Carton.

 Toile investie, papier affranchi, carton détourné.

 Et chaque fois un trasteo unique.

 

 Pas un empilage.

 Une construction.

 Un alignement, une mise en scène.

 Une justification du modeste, une lidia du vrai.

 

 Tentes, paravents, parasols et parapluies.

 Engaño du sens.

 Misère du convenu.

 Certeza de l’écart.

 Une minutie d’assemblage.

 Un va et vient.

 Pour s’y retrouver et s’y perdre.

 Une faena au centre.

 

 Des couleurs.

 Qui passent.

 Et reviennent en palette géométrique.

 Habillées de lumière.

 

 Un aller en liberté.

 Sur les pierres suturées de la Via Domitia.

 D’Aubais à Nîmes.

 Un Sud sans retour.

 

 Une interrogation.

 Sur le rugueux.

 Une interpellation.

 Sur la vie.

 

 Une forme comme un clin d’œil.

 Appuyé et discret.

 Comme une empègue.

 Un quelque chose qui sans cesse recommence.

 

 Une peinture en allitération.

 Un Chomel de l’insistance, un Morante de l’écho.

 Haricot ou éponge, éponge ou haricot.

 Claude Viallat, monumental.

Datos

 

Claude Viallat est né en 1936 à Nîmes, où il vit et travaille aujourd’hui. Il est l’un des fondateurs de « Supports/Surfaces » dans les années 1970, mouvement qui appelle à un renouvellement de l’art par la remise en question des matériaux traditionnels. Viallat commence ainsi à travailler sur des bâches industrielles, sur lesquelles il répète à l’infini une même forme abstraite, sorte d’osselet devenu sa signature. Répété au pochoir sur divers supports, ce motif ouvre une réflexion sur le sens du geste créatif et le statut « d’œuvre d’art ».

 

Patrice Quiot