1605 : Noces du riche Camache… au pays de Jesús Aníbal Ruiz Alcañíz, humble matador de toros.

« La première chose qui s’offrit aux regards de Sancho, ce fut un bœuf tout entier embroché dans un tronc d’ormeau, et, dans le foyer où l’on allait le faire rôtir, brûlait une petite montagne de bois. Six marmites étaient rangées autour de ce bûcher, et certes, elles n’avaient point été faites dans le monde ordinaire des marmites, car c’étaient six cruches à vin qui contenaient chacune un abattoir de viande. Elles cachaient dans leurs flancs des moutons entiers qui n’y paraissaient pas plus que si c’eût été des pigeonneaux. Les lièvres dépouillés de leurs peaux, et les poules toutes plumées qui pendaient aux arbres, pour être bientôt ensevelis dans les marmites, étaient innombrables, ainsi que les oiseaux et le gibier de diverses espèces pendus également aux branches pour que l’air les entretînt frais. Sancho compta plus de soixante grandes outres d’au moins cinquante pintes chacune, toutes remplies, ainsi qu’on le vit ensuite, de vins généreux. Il y avait des monceaux de pains blancs, comme on voit des tas de blé dans les granges. Les fromages, amoncelés comme des briques sur champ, formaient des murailles, et deux chaudrons d’huile, plus grands que ceux d’un teinturier, servaient à frire les objets de pâtisserie, qu’on en retirait avec deux fortes pelles, et qu’on plongeait dans un autre chaudron de miel qui se trouvait à côté. Les cuisiniers et les cuisinières étaient au nombre de plus de cinquante, tous propres, tous diligents et satisfaits. Dans le large ventre du bœuf étaient cousus douze petits cochons de lait, qui devaient l’attendrir et lui donner du goût. Quant aux épices de toutes sortes, on ne semblait pas les avoir achetées par livres, mais par quintaux, et elles étaient étalées dans un grand coffre ouvert. Finalement, les apprêts de la noce étaient rustiques, mais assez abondants pour nourrir une armée. Sancho Panza regardait avec de grands yeux toutes ces merveilles, et les contemplait, et s’en trouvait ravi. La première chose qui le captiva, ce furent les marmites, dont il aurait bien volontiers pris un petit pot-au-feu ; ensuite, les outres lui touchèrent le cœur, puis enfin les gâteaux de fruits cuits à la poêle, si toutefois on peut appeler poêles d’aussi vastes chaudrons. Enfin, n’y pouvant plus tenir, il s’approcha de l’un des diligents cuisiniers, et, avec toute la politesse d’un estomac affamé, il le pria de lui laisser tremper une croûte de pain dans une de ces marmites.

 

« Frère, répondit le cuisinier, ce jour-ci n’est pas de ceux sur qui la faim ait prise, grâce au riche Camache. Mettez pied à terre, et regardez s’il n’y a point par là quelque cuiller à pot ; vous écumerez une poule ou deux, et grand bien vous fasse. — Je ne vois aucune cuiller, répliqua Sancho. — Attendez un peu, reprit le cuisinier. Sainte Vierge ! que vous faites l’innocent, et que vous êtes embarrassé pour peu de chose !  » En disant cela, il prit une casserole, la plongea dans une des cruches qui servaient de marmites, et en tira d’un seul coup trois poules et deux oies. « Tenez, ami, dit-il à Sancho, déjeunez avec cette écume, en attendant que vienne l’heure du dîner. — Mais je n’ai rien pour la mettre, répondit Sancho. — Eh bien ! reprit le cuisinier, emportez la casserole et tout ; rien ne coûte à la richesse et à la joie de Camache. »

 

« L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche » (1605 partie 1 ; 1615 partie 2).

 

Chapitre XX.

Miguel de Cervantes Saavedra. (1547/1616).

 

Datos 

 

– En la segunda parte de El Quijote en los capítulos XX y XXI donde el tema central se sustenta en las Bodas de Camacho, que debieron ser apoteósicas en cuanto al menú que preparó el rico Camacho para casarse con la joven Quiteria.

 

– Jesús Aníbal Ruiz Alcañíz nació en Alcázar de San Juan (Ciudad Real) el 1 de abril de 1980. Tras dos años alternando en novilladas sin picadores hizo su debut con los montados en el coso de La Malagueta el 5 de enero de 1997, con novillos de José Luis Marca, junto a El Renco y Rey Vera. Tomó la alternativa en la plaza de toros de Ciudad Real el 2 de julio de 1998. Fueron padrino y testigo de la ceremonia Jesulín de Ubrique y Víctor Puerto, respectivamente, y los toros lucieron el hierro de López Flores. Al año siguiente, el 16 de mayo, confirmó su doctorado en Madrid durante la Feria de San Isidro, con el abrazo de Javier Vázquez y el testimonio de Canales Rivera, con toros de la ganadería de Juan Luis Fraile. Esa tarde resultó herido de cierta consideración. Desde entonces la carrera del torero manchego se ha desarrollado en plazas de poca responsabilidad, donde se ha ido fraguando como un torero de grandes recursos lidiadores, pues rara es la ocasión en la que no corta algún trofeo la tarde que se viste de luces. Su madurez en la cara del toro quedó demostrada en Las Ventas el 15 de octubre de 2006, frente a un ejemplar de la vacada de Sorando. Demostró, además de su ya reconocida solvencia y profesionalidad, un buen concepto del toreo, ya que después de una faena templada fue premiado con una merecida oreja. Poco antes, el 15 de agosto, también dio una vuelta al ruedo en la Real Maestranza de Sevilla. En esta plaza pudimos verlo por última vez lidiando toros de Juan Luis Fraile y José Escolar, el 19 de abril de 2009.

 

Patrice Quiot