Troublantes similitudes…
« De plus en plus garrotté à mon fantôme, ne pouvant jouir de ce qui n’existait pas, j’étais comme ces hommes mutilés qui rêvent des béatitudes pour eux insaisissables, et qui se créent un songe dont les plaisirs égalent les tortures de l’enfer. J’avais en outre le pressentiment des misères de mes futures destinées : ingénieux à me forger des souffrances, je m’étais placé entre deux désespoirs ; quelquefois, je ne me croyais qu’un être nul, incapable de s’élever au-dessus du vulgaire ; quelquefois, il me semblait sentir en moi des qualités qui ne seraient jamais appréciées. Un secret instinct m’avertissait qu’en avançant dans le monde, je ne trouverais rien de ce que je cherchais…
Me voici arrivé à un moment où j’ai besoin de quelque force pour confesser ma faiblesse. L’homme qui attente à ses jours montre moins la vigueur de son âme que la défaillance de sa nature. Je possédais un fusil de chasse dont la détente usée partait souvent au repos. Je chargeai ce fusil de trois balles, et je me rendis dans un endroit écarté du grand Mail. J’armai le fusil, introduisis le bout du canon dans ma bouche, je frappai la crosse contre terre ; je réitérai plusieurs fois l’épreuve : le coup ne partit pas ; l’apparition d’un garde suspendit ma résolution. Fataliste sans le vouloir et sans le savoir, je supposai que mon heure n’était pas arrivée, et je remis à un autre jour l’exécution de mon projet. »
François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, L. 3, ch. 12.
(1849).
« Et quand le moment venu, las de cette vie/ Un soir d’hiver, enfin, l’âme fut ravie/Il s’en alla, disant : « Pourquoi suis-je venu ? » »
Gérard de Nerval.
(1855).
« J’ai la certitude que je vais devenir folle : je sens que nous ne pourrons pas supporter encore une de ces périodes terribles. Je sens que je ne m’en remettrai pas cette fois-ci. Je commence à entendre des voix et ne peux pas me concentrer. Alors je fais ce qui semble être la meilleure chose à faire. »
Virginia Woolf.
1941
« He pensado en la muerte como un alivio, pero no me lo puedo permitir. Tengo una familia, tengo una responsabilidad. Todo esto lo hago por el toreo. Podría haber esperado más tiempo, pero no podía. Necesito volver ».
José Antonio Morante Camacho «Morante de la Puebla».
Mars 2025.
Patrice Quiot