L’affiche des Ferias de Nîmes réalisée par Jules Milhau commentée par Daniel Jean Valade…

 

La temporada est placée sous le signe de Jules Milhau…

 

Il sera ainsi le plus jeune des artistes ayant créé l’œuvre, signe de la saison tauromachique nîmoise. Il s’inscrit dans ce « Musée imaginaire » (dans le sens où André Malraux le définissait) et, fort heureusement pour nous bien réel, précieuse galerie d’art débutée en 1984 avec Eduardo Arroyo. Jean Bousquet avait souhaité que de grandes signatures annoncent et incarnent la publicité des férias. Jean-Paul Fournier, Maire très aficionado, aura, à ce jour, augmenté le catalogue de 25 œuvres. 2025 danse dans l’imaginaire subtil des arènes et du maestro Jules Milhau qui prend ainsi l’alternative, recevant tous les trophées !

Jules Milhau est intimement sudiste. Né sous la double influence du Languedoc – Provence et de l’Andalousie, il fut, très jeune, aficionado. Présent aux arènes au côté de son abuela Françoise Lacassagne, qui fut la directrice du tourisme des municipalités présidées par Jean Bousquet, Jules est, depuis toujours, immergé dans la civilisation méditerranéenne. Ses multiples expositions (Arles, Portugal mais aussi Venise) lui permettent de prouver son talent, sa maîtrise des techniques et son duende. Tout récemment, il a montré, à Nîmes, un ensemble accompli de réalisations très dynamiques. On en retrouve l’âme dans l’affiche de la saison taurine 2025. 

 

L’œuvre de J. M. est très composée. Au premier abord, une danseuse de flamenco et sa vaste robe à volants et, dans la partie inférieure, une arène et une passe de muleta. L’attention, par une sorte d’effet d’optique particulièrement subtil, révèle que la robe, cylindrique, présente gradins et couronne sommitale de l’amphithéâtre. Par une astuce bienvenue de double perspective, (telle qu’elle existe dans une célèbre mosaïque antique exposée au musée de la Romanité – fontaine, bassin, et deux panthères -), la piste tauromachique apparait au cœur de la robe de la dame. Si intelligente et troublante géométrie ! Toro et torero dialoguent au centre du ruedo. Barrière-callejon et muleta en léger tracé et signal rouges répondent au chignon carmen de la danseuse. Pour souligner son corps, profil droit, une simple et néanmoins très présente ligne courbe, évoquant le bord supérieur d’un éventail.  L’artiste a dessiné lui-même le millésime, placé sous le triple signe (trois tiers de la corrida, trois toreros, trois trophées) mis en exergue par J. M. lui-même lors de la présentation de l’œuvre : la Danse ; l’Energie dégagée dans et par l’arène ; la solitude du torero. L’œuvre originale, les esquisses de l’affiche et d’autres réalisations de Jules Milhau seront montrées sur le Mur Foster et dans les vitrines de Carré d’Art durant la Féria de Pentecôte.

Daniel Jean Valade