Dimanche dernier, Valentín avait convié ses amis à une journée campera à la ganadería du Mas du Sire, chez Michel et Jacqueline Barcelo. L’occasion, à l’issue de sa prestation, de rencontrer le novillero…
Au programme, tentadero d’une vache puis lidia d’un novillo, tous deux d’origine Fernando Palha. Une vache assez trompeuse puisque manifestant un manque de forces après la puya, vite estompé toutefois à l’épreuve de la muleta où elle se reprit par des charges incessantes. Comme quoi il ne faut pas toujours se fier à la première impression…
Quant au novillo, il permit à Valentín d’étaler une belle entrega tout au long notamment de séries droitières ponctuées de détails variés. Pour lui qui n’a pas l’occasion tous les jours de croiser du bétail, c’était une belle opportunité de s’y frotter de près avant les premières échéances qui l’attendent…
Et pour moi, ce fut aussi l’occasion de mieux connaitre Valentin Vindevogel, avec un préalable lors de notre entrevue, celle de l’écriture à sa demande de son nom de torero, non plus Valentin, avec un i, mais Valentín, avec le i accentué, bref « à l’espagnole » !
« Le but de cette journée était avant tout de réunir les aficionados et notamment ceux qui me soutiennent, mais ça faisait aussi partie de mon entrainement et c’était aussi le moyen des faire rentrer quelques euros en trésorerie afin de me permettre de financer quelques frais d’équipement à l’orée de cette nouvelle saison. En définitive, le but a été atteint puisque cette journée campera nous a laissé quelque bénéfice…
Cette journée s’est déroulée avec une très bonne ambiance de la part des personnes qui ont fait l’effort de venir pour moi. Ça m’a vraiment touché, tout le monde s’entendait bien, dans un cadre agréable et une météo favorable, bref tout a contribué à ce que j’en garde un excellent souvenir.
En piste, la vache a été intéressante, même si au début elle s’est avérée faible, sans trop de moral, mais elle a montré peu à peu qu’elle avait en fait d’énormes qualités d’embestida, au point qu’elle en redemandait ! D’ailleurs, Michel Barcelo a gardé cette vache !
Pour la petite histoire, son père et le toro que j’ai lidié ensuite descendaient d’un toro que j’avais toréé en public à Sernhac, et ce toro, il l’avait alors gardé ! Donc j’ai toréé ce matin les enfants du toro que j’avais toréés à Sernhac !
Quant au toro, je l’ai trouvé très intéressant avec ses qualités et ses défauts. C’est vrai qu’il sortait la tête haute en fin de muletazo, il demandait beaucoup, étant meilleur à droite. Ce qui m’a beaucoup plu chez lui c’est qu’il demandait de petits détails que tu ne pouvais lui montrer pour t’imposer que si tu restais quieto ! Sinon, il a toujours été droit, te montrant qu’il était là…
CFT
C’est quelque peu compliqué à expliquer… Disons que lorsque je torée en public, je le fais en tant qu’indépendant, mais Christian Le Sur nous donne toujours un coup de main, que ce soit pour les contrats comme pour le côté administratif ou préparation. Sinon, disons que nous sommes trois, avec Sacha et Rémy, à avoir encore une attache bien marquée avec Christian et Sophie. Je n’en veux pour preuve que le récent stage dans le Campo Charro où nous avons été imprégnés de la meilleure des façons avec le monde professionnel… Ce n’est pas toujours très facile à expliquer, mais disons que le lien avec Christian est encore bien réel, ce stage qui restera un grand souvenir et les entrainements dans sa propriété en sont les meilleurs exemples.
J’ai 22 ans, mais mes vrais débuts, pour moi qui ne sortait pas d’un milieu taurin, ont consisté en mon inscription à l’école taurine, d’abord au CTN de Brigitte Dubois, puis au CFT. Quand j’ai débuté dans cette école, c’était un peu difficile pour moi qui venait d’ailleurs, mais Patrick Varin m’a un peu pris à part pour m’entrainer, voyant rapidement mes qualités, mais aussi les points qu’il me fallait travailler. Aujourd’hui, je dois reconnaitre que les bases que j’ai acquises, c’est surtout grâce à lui et à Juan Villanueva qui en me prenant parfois à côté m’ont donné confiance et permis peu à peu de me faire ma place. Au final, je suis parvenu à faire mon trou, d’autant plus que je m’entendais bien aussi avec Christian et Sophie. De tout ça, l’entente avec les autres élèves en a été facilitée.
NON PIQUÉE
Ma première a été en 2023 à Saint-Gilles, en ouverture de la feria pour le Trophée Nîmes Métropole que j’ai d’ailleurs remporté. On s’était bien préparé et quand tu arrives dans ces conditions, ça facilite les choses.
Mes meilleurs souvenirs dans cette catégorie, c’est forcément celui-là, mais aussi Nîmes en 23 pour mon premier paseo puis pour les Vendanges où j’ai remporté le trophée Nimeño II.
En 2024, j’ai toréé 14 courses et parmi celle que j’ai envie de mentionner, il y a Algemesí, dans la région de Valencia, parce que l’ambiance et un triomphe là-bas, c’est quelque chose !
Mais aussi Valencia, où ça s’est encore bien passé, ainsi qu’à Brea de Tajo, avec les Saltillo, c’était une autre ambiance et aussi une autre préparation. J’ai aussi encore toréé à Nîmes pour Pentecôte, deux fois à Arles, Boujan et Riscle… Bref, une temporada bien chargée qui m’a permis de me faire davantage connaitre et d’avancer…
SOUTIEN
On ne peut pas encore parler d’apoderado, car officiellement il n’y en a pas, mais j’ai autour de moi des gens qui me soutiennent, à commencer par Christian, ainsi que d’autres professionnels français et espagnols. Outre les aficionados, c’est très important pour moi d’être soutenu de la sorte, même s’il est pour le moment prématuré de citer des noms.
Quant aux aficionados, je n’ai pas pour le moment à proprement parler de peña, mais on a pu se rendre compte chez Barcelo dimanche dernier que j’ai un bon socle de soutien.
NIVEAU
Mon point fort est, je pense, mon pouvoir sur les toros, car j’ai une tauromachie très athlétique, mon but étant de ne pas forcément toréer pour moi, mais aussi pour le ganadero, pour qu’il voie lui aussi son toro. J’aime le danger, être proche du toro, le sentir, sans oublier toutefois de soigner l’esthétique.
Que ce soit avec capote ou muleta, j’aime les débuts, comment je vais me coloquer avec le toro, en variant ce que je lui propose, tout ça sans que ce soit prémédité, mais plutôt par rapport à ma vision du l’animal. Dès qu’il entre en piste, je décide de lui faire telle ou telle chose selon sa charge, son regard, tous les éléments qui m’aident à prévoir mes attitudes, mon toreo.
L’épée, il me faut toujours la travailler, je ne m’en sors pas trop mal mais j’ai deux ou trois points à améliorer encore car c’’est un élément déterminant dans une faena.
BÉTAIL
En règle générale, j’aime à peu près tous les encastes, ça ne me dérange pas de prendre du bétail réputé dur. J’ai toutefois une préférence pour l’encaste Núñez, ce sont des toros qui le plus souvent ne se fixent pas d’entrée, mais une fois après l’épreuve des piques, ils se livrent beaucoup. Ils sont très fins, très musclés, astifinos, et quand ils vont dans le muletazo, ils se livrent jusqu’au bout. Après, j’essaie de m’adapter à tous les encastes, disons que c’est plus une prédilection qu’un rejet des autres.
PRÉPARATION
Le fait de ne plus être drivé comme avant, ça complique un peu les choses par un certain côté, mais en même temps, ça peut être aussi un avantage dans la mesure où ça te responsabilise encore plus. Il est certain que ça demande plus de sacrifices, de volonté, de discipline, c’est toi-même qui doit te fixer un plan de travail selon tes attentes. Par exemple en regardant des vidéos, mais aussi en t’entrainant avec les autres et les professionnels, tu peux ainsi puiser avec les avis des uns et des autres de quoi avancer…
AMIS
Avec Sacha et Rémy, les deux qui sont dans mon cas par rapport au CFT, on s’entend très bien. Je les considère comme des amis. Avec Rémy, je m’entraine pratiquement tous les jours et avec Sacha, dès qu’il le peut. Ce qui est bien, c’est que ça permet de se motiver, de s’auto-critiquer, on communique pas mal et on se parle vrai. Il ne faut pas se mentir car pour progresser, il faut bien être conscient de ce que l’on a encore à améliorer.
QUOTIDIEN
Il est clair qu’en ce moment, je consacre la plupart de mon temps aux toros. Mais il faut bien vivre et à côté de ma passion, j’ai aussi une activité pour assurer l’ordinaire.
En outre, je pense qu’il faut parfois parvenir à se déconnecter un peu des toros afin de te vider un peu la tête, ce qui permet d’ailleurs d’analyser les choses plus sereinement.
AVENIR
Franchement, mon but est de passer en novillada piquée cette année. Je sens que c’est le moment, et de préférence pas trop tard dans la saison, ce qui m’aiderait avec quelques courses dans cette nouvelle catégorie, d’avancer encore un peu.
Pour l’instant, rien n’est annoncé officiellement, mais nous avons des contacts avancés, ce qui me fait espérer une temporada assez compacte.
Je m’y prépare techniquement car le bétail n’a rien à voir par rapport à l’eral et quand tu arrives en piquée, quelque part tu es professionnel et il te faut donner l’image qui correspond, en montrant par exemple que tu sais où tu vas. IL te faut donc acquérir de l’assurance et surtout la montrer. C’est quelque chose qui se travaille par les entrainements et que tu dois ensuite afficher dans le ruedo. Avec un gros travail sur l’observation du tercio de piques, sur le placement, le dosage, le comportement…
CONTRATS
Bien entendu, j’aimerais toréer le plus possible, mais pour un début, compte tenu de la période qui n’est pas très favorable aux novilladas en termes de nombres, j’aimerais au moins participer à six ou sept courses. Et plus, si possible, bien sûr… En définitive, on sait bien que ce qui fera le nombre, ce sont surtout les résultats et l’impact laissé aux organisateurs et aux aficionados…
En tout cas, un grand merci à tous ceux qui ont compté dans mon parcours, que ce soit à l’école, dans le campo, les arènes et les oficinas, et qui d’une manière ou d’une autre ont contribué à ma progression… »
A l’évidence, Valentín sait ce qu’il veut et autant qu’il le peut, il se donne les moyens d’avancer à son rythme dans la perspective de s’imposer dans ce qui sera bientôt sa nouvelle catégorie. Pour laquelle, bien sûr, Torofiesta lui souhaite le meilleur…