Galactica…

 

Au milieu de calamines en fleurs et du vide sidéral, une plaza de toros en carbone d’isotopes ; moins 72 au mercure, piso de glace, ciel noir, manzanilla en paillettes et serrano lyophilisé comme almuerzo pour les señoritos en combinaisons de cosmonautes et les señoritas en fourrure de poils de mammouth assis dans des loges décorées d’œillets atomiques et payées en bit coins ; bocadillos déshydratés et cerveza de gluten comme casse-dalle réglés au prix de la vodka frelatée de Baïkonour pour ceux de l’andanada à la vieille latitude d’Hiroshima.

Jackson Pollock pour l’affiche au couperet de l’impératif tranchant de las cinco de la tarde, Werner Von Braun au palco, Pierre Boulez à la baguette avec Howard Phillips Lovecraft qui raconte au micro.

Le soleil a fondu, toutes les bêtes ont disparu et il pleut des gouttes d’acier.

Paseo de congélation en arbre droit d’apesanteur de toreros aux ongles incandescents qui viennent de la planète bleue ; ce sont les derniers, il ne reste qu’eux ; ils ne portent rien ; plus de ce qui avant se nommait vestido, plus de ce qui avant s’appelait cape, plus de ce qui avant s’appelait béquille ; seules leurs mains demeurent pour, avec elles et ensemble, en finir avec lui, le dernier de tous qui sort à l’envers du chiquero et s’arranque du fond de l’Univers.

Blanca fría est sa couleur avec la divisa des ancêtres sur sa cuisse de verre, le hierro de la royauté sur son morrillo d’azote, le guarismo des belles années sur sa pezuña de titane en faisceau d’Uranus, la queue droite vers Mars et les cornes au zénith de La Alameda.

Sur son corps constellé de points d’horizon, il porte, hasta la bola, l’épée de Joselito, les six palos de Montoliú et les trois cratères lunaires des puyazos de Martín Toro; sin sangre le tout.

Le mot est interdit, mis au ban par les Barbaresques en vert du hors sol martien.

Run-run cosmique et aplausos astraux sur les tablettes numériques avec le cigare de Morante en écran d’accueil de ceux qui ont pris le risque d’être là ; la Terre n’existe plus depuis longtemps, Vénus a éclipsé Neptune, le vin est devenu vinaigre, les oiseaux serpents, les os de San Fernando jetés à l’enfer de Dante, ceux de la Almudena à celui de Jérôme Bosch et les aficionados qui ont survécu ont pris le maquis du vide où ils se terrent traqués par la police astrale, mais qui sont là pour voir une dernière fois des gestes qui n’existent plus.

Mutants d’une espèce disparue, les trois qui s’étaient entraînés auprès des wyrms et s’étaient colleté avec ceux qui régnaient sur la glaciale Ganymède et la torride Mercure brisèrent les règles inébranlables de la radio activité et d’eux sortit une énergie en quantité incroyable qui déplaça les points de coordination, exprima l’abandon des préjugés et la beauté androïde alors que du tout montait une odeur d’encens.

Ensemble et ainsi, les trois amis le mirent délicatement à mort de leurs caresses et embrassèrent sa dépouille qui fut livrée aux dents des Archæoptéryx.

Pendant que se déroulait le prodige, une autre Terre avait à peine accompli le deux cent quatre-vingt dixième de sa révolution autour d’un autre soleil, tandis qu’un Spoutnik en forme de Buick aux phares blancs ramenait la terna on ne sait où.

Les astrophysiciens penchent pour Galactica entre la planète d’Almonte et l’astéroïde de Huelva où on dit que la fiesta brava existerait encore…

Patrice Quiot