17 mai 1975…
Au théâtre du temple de Diane, dans les Jardins de la Fontaine, la compagnie des arènes jouait « la guerre de Troie n’aura pas lieu ». Midi Libre dévoilait le nom de la première reine de la Feria : Dominique Jacob, une jeune infirmière ; côté vestimentaire, le quotidien indiquait que : « la feria s’apprête à consacrer le pantalon collant et délavé que le monde doit… à Nîmes ».
Au Nîmes Olympique, malgré les rumeurs de départ, Michel Mézy confirmait bien qu’il serait nîmois pour une année de plus.Taurinement parlant, on parlait d’une alternative du jeune Casas. Une alternative, qu’es aco ? Il y en avait bien eu une paire dans l’Histoire taurine nîmoise, dont celle d’un certain Paco Bernal à la Libération, mais rien de bien sérieux.
Celle-ci semblait bien ficelée et officielle.
Pour les Nîmois, la seule alternative qui vaille était celle du comptoir, entre le 51 et le Ricard ! En alternative ils n’y comprenaient queutchi.
Les « savants » eux, n’attachaient pas d’importance à celle-ci car les Espagnols ne la valideraient pas, disaient-ils. Pas faux.
Casas lui, voulait y croire et avait occupé le siège du bureau d’Aymé pendant l’hiver avec ses amis de « Los de Alain y Simon » pour qu’il soit au programme. Quelques jours avant la cérémonie Simon avait fait du Casas en plaidant un vrai statut social pour les novilleros français.
Le 17 mai 1975 sur les coups de 15h46, Teruel cédait la mulete à Simon Case (prononciation à la nîmoise) et lui autorisait à tuer, pour la première fois, un toro de 4 ans du nom de « Guantito » de Dionisio Rodríguez. La critique était unanime, c’était un pétard. L’échec de Casas était cuisant et les sifflets qui dégringolaient des amphis étaient meurtriers, comme l’été. Casas avait compris qu’il lui fallait se bâtir d’autres châteaux en Espagne et quels Châteaux ! Constat sans pitié de la presse : « un Français ne peut pas être matador ! ».
Il ne fallait pas attendre plus de trois heures pour que les mêmes crient « Cocorico ». Le soir, dans la nuit, un jeune nîmois habillé de rose pâle et blanc les avait éblouis.
Son nom ? Christian Montcouquiol qui se faisait appeler sur les affiches « Nimeño II ». Celui-là oui ! s’exclamait le public.
Aymé, lorsqu’il communiqua les cartels dans la presse le 19 avril, ne donna pas son nom et indiqua : « novillada nocturne avec Esplá, Macandro et un français ». Rien de plus.
Ce français deviendra pendant des années le « torero français » par excellence. Celui qui s’ouvrira les portes des arènes en Espagne, mais aussi en Amérique.
Ce français est aujourd’hui statufié sur l’esplanade des arènes, quant à celui de l’alternative, lui, il gère les plus importantes arènes du monde, celles de Madrid.
50 ans sont passés, il en reste de belles traces.
Quant aux alternatives, le petit Marco Pérez qui la prendra le 6 juin, sera le 37ème après Casas à être sacré « matador de Toros ». Toute une histoire !
Jean-Charles Roux