Publication du N° 1463 : De Ventas à la montera…

 

De mémoire, on n’avait jamais vu une sortie en triomphe des arènes de Madrid aussi célébrée. Dès que le dernier toro de la corrida du 8 juin, et de la San Isidro, tomba, des centaines et des centaines de spectateurs, très jeunes dans leur majorité, descendirent en piste et levèrent Morante sur leurs épaules. Le tour de piste qu’ils firent ainsi prenait des allures de gigantesque procession. Une mer de portables attendait à la sortie des arènes, mais il ne fut pas question de raccompagner Morante jusqu’à son camion. La foule et son idole partirent ainsi sur la calle Alcalá, l’une des artères principales de la capitale, et atteignirent la place Manuel Becerra. Jusqu’à l’hôtel Wellington, où logeait Morante, il y a encore une trotte. À partir de Manuel Becerra, les forces de l’ordre ne purent couper davantage la circulation des voitures. Qu’importe aux pèlerins d’un dimanche soir ? Ils rejoignirent l’hôtel et se mirent à scander le nom de Morante, son prénom et son lieu de naissance. Ce dernier apparut ainsi au balcon surplombant l’entrée de l’hôtel, vêtu d’un simple peignoir bleu, et tel le Pape au balcon de Saint-Pierre, se mit à saluer la foule en transes. Morante n’était pas seulement le meilleur torero de notre vie. Il en devenait le plus populaire.

 

Pour cette dernière corrida de Madrid, celle de son triomphe, Morante arborait un costume singulier. Un bleu nuit scintillant bordé de passementeries noires, de bas blancs et une montera… bleuâtre. Une montera singulière que Morante commanda il y a deux mois à son tailleur, en ayant entendu parler de la montera couleur café qu’arbora Rafael de Paula à Madrid pour une même corrida de Beneficencia en 1988, sans en avoir vu, jusqu’à lundi dernier, la moindre image…

 

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Photo : Plaza1