Va la locura de los locos ! (1)

Dix personnages réunis dans une barque. Le groupe principal se compose d’un moine franciscain et d’une religieuse jouant du luth, assis face à face. Ils ont la bouche grande ouverte comme pour chanter mais semblent aussi essayer de mordre comme leurs compagnons une crêpe pendue au centre de la petite embarcation. Derrière eux sont assis les deux nautoniers. L’un d’entre eux a, en guise de rame, une louche géante, l’autre tient en équilibre sur la tête un verre et brandit au bout de sa rame une cruche cassée. Aux extrémités, une femme, d’un côté, s’apprête à frapper avec une cruche un jeune homme retenant une gourde qui trempe dans l’eau et de l’autre, sur un gouvernail de fortune, un petit homme en habit de fou boit dans une coupe. À côté de ce dernier, un autre se penche pour vomir. L’assemblée est dominée par un mât de cocagne surmonté d’un bouquet de fleurs au centre duquel est représentée une chouette ou une tête de mort. Une dinde ou une oie rôtie est suspendue au mât. Un homme essaye de l’atteindre avec son long couteau. La compagnie semble à la dérive, un vaste paysage, au fond, s’étend à l’infini.

 

Une nef.

Una nave.

De locura.

 

Un «Embarquement.

Pour Cythère».

Al revés.

 

Le conformisme

Est.

Banni.

 

Y sale.

Du toril de la toile.

La folie perdida.

 

Le sens n’existe plus.

Hors champ.

Il est.

 

Emporté

Par les mulillas.

De la démence.

 

Les codes.

De lecture.

Disparaissent.

 

Derrière.

Le burladero.

Du délire.

 

L’interprétation.

Prend.

La main.

 

En.

Muleta.

De tanteo d’explication.

 

La raison.

Marque le pas.

Et se fige.

 

Dans le toque.

De.

L’irraisonnable.

 

Le déséquilibre.

Comme exhumation.

Des frustrations de leurs âmes.

 

La locura.

Comme mise en scène.

Des battements de leurs cœurs.

 

Leurs interrogations

Ne résolvent.

Rien.

 

Le piton droit.

No.

Sirve.

 

Et.

Le gauche

Tampoco.

 

Tous.

Sont réunis.

Dans un espace.

 

Eux

Sont enfermés.

Dans le ruedo.

 

Tous.

Sont.

Dans l’exaltation.

 

Eux.

Dans la solitude.

Du cruzarse.

A suivre…

Datos  

 

La Nef des fous est un tableau du peintre néerlandais Jérôme Bosch. Huile sur panneau de 58 × 32 cm, réalisé vers 1500, il est exposé au Musée du Louvre. La Nef des fous est généralement interprétée comme l’illustration de la folie qui a gagné tous les personnages. Il n’y a ni trompeurs ni trompés, seulement des fous ou des hommes assez insensés pour s’embarquer sur un navire sans voile ni gouvernail et dont une cuiller énorme qui pourrait faire office de rame ou de godille est abandonnée. Le mal semble avoir atteint toute la compagnie, prêtre, moine, religieuse… le plus fou n’étant peut-être pas celui qui en porte l’habit et qui, perché sur une branche, un peu à l’écart, savoure sa victoire et déguste son vin.

Ces hommes et ces femmes embarqués ensemble ne vont nulle part, ils n’en savent rien et ne s’en soucient pas le moins du monde. Leur navire sans guide bat pavillon infidèle : La longue oriflamme rose accrochée au mât porte un croissant de lune. Croissant des musulmans, le croissant de lune renvoie à l’hérésie des Mécréants, mais aussi à la folie.

Jheronimus van Aken dit Jérôme Bosch, ou Jheronimus Bosch, né vers 1450 à Bois-le-Duc et mort en août 1516 dans la même ville, est un peintre néerlandais, rattaché au mouvement des primitifs flamands…

Patrice Quiot