Avant le paseo…

 

Une photo bien sûr, elle n’est pas issue des Studios Harcourt (1), non une photo de presse, un ami, voire de famille ? Trois hommes un peu figés, concentrés ; le dernier, en costume noir, esquisse un sourire, l’apanage de l’âge, il a une quarantaine d‘années. Dans quelques minutes, c’est le paseo, puis le ruedo

Le premier, en costume gris clair, est Pedro Goitïa Rodríguez « Pedro Romero ». Il a quitté l’Espagne en 1949, sa carrière de novillero se poursuivra dans l’Hexagone. Dès 1956, il se « fera banderillero ».

Le second est aussi en traje campero, il est chaussé de zapatillas après avoir migré à Fontvieille, il torée sous l’apodo « Fontvieillito » ; son mentor est Pedro, il le sera toute sa carrière jusqu’en 1959. En 1952, c’est le petit nouveau, timide, il a 18 ans tout juste.

Le dernier du trio, José Vallés Gascon « Chato de Movera » (2), s’installe à Arles en 1946 et s’habille d’argent dès 1953.

Il avait coupé 4 oreilles lors de son alternative à Céret (3) le 28 avril 1946.

L’arène est celle des Saintes Maries de La Mer au milieu des années 50, une des rares fois où Alfredo fera une mise à mort (pour des raisons économiques, les spectacles étaient au simulacre sans estocade). Un dimanche ou un jour férié, en semaine, il faut travailler pour vivre et faire vivre la famille !

Trois de ces piliers issus de la diaspora espagnole qui jouera le rôle de grande sœur et initiatrice pour la torería française

Alfredo nous a quittés, il y a un an, le cartel est céleste désormais.

« Nous sommes libres de lutter contre le sommeil de la mémoire et du cœur ; de vaincre en nous la puissance formidable de l’oubli (François Mauriac) ».

 

Jeudi 10 jullet 2025

Jacques Lanfranchi « El kallista »

 

(1) Les studios Harcourt sont créés en 1934 à Paris, c’est la référence artistique pour les portraits : association d’un gros plan du visage et éclairage clair obscur, les photos sont très prisées des artistes, vedettes de cinéma, politiques….

(2) Chato : littéralement nez camus, la cassure survint lors d’un combat de boxe, autre passion de José. Malgré cela Balaña, son chargé de pouvoir, l’appelait  « le torero élégant de l’Aragonais », Movera et un quartier de Saragosse où il vécut enfant.

(3) Alternative non reconnue, parrain José Gonzalez « Carnicerito de Mexico » et Manuel Pulidon « El Colombiano », toros  Pierre Pouly.

Crédits photo : Sylvie Martinez