Rencontre avec Rémy Asensio, un jeune aspirant qui s’est distingué récemment…

 

« Je suis né à Nîmes il y a dix-sept ans et actuellement, à part le toreo, je suis les cours du CNED (enseignement à distance) au niveau de la 1ère. Ma famille est très aficionada du côté de mon père qui m’a emmené aux arènes lorsque j’avais dix ans et au sortir de ma première corrida, j’étais vraiment transcendé ! C’était aux Vendanges puis l’année suivante, mes parents m’ont emmené à Pentecôte pour l’alternative de Toñete avec Ponce et El Juli… et je me souviens de leur avoir dit en sortant des arènes que c’était ce que je voulais faire plus tard !

En 2019, je me suis inscrit au CTN de Brigitte Dubois où je suis resté deux ans. Là j’ai appris les rudiments et toréé mes premiers petits veaux en capea. Puis je suis parti pour le CFT de Christian Le Sur où j’ai pu me perfectionner, notamment avec Patrick Varin.

Malheureusement, la situation a évolué au CFT, même si nous avons pu continuer à nous entrainer dans un premier temps et personnellement, j’ai pu aussi participée au stage de Salamanca. Une bonne expérience qui m’a pas mal servi et dont je garde un bon souvenir. Avec en outre, le dévouement et son approche du toreo de Juan Leal qui nous a beaucoup apporté.

 

Mais maintenant, je dois me débrouiller, j’ai passé mon hiver à Caissargues et avec notamment Valentin, Sacha et Baptiste, on a dû trouver une solution d’accompagnement. C’est en cela que j’ai pris sur moi d’envoyer un message à Serge Alméras, lui disant que j’avais besoin d’aide, que j’avais envie d’évoluer dans le toreo mais que dans ma situation actuelle c’était très compliqué parce que j’étais seul.

A Bellegarde, on s’est rencontré et je pense que j’ai réussi à le convaincre de me donner un coup de mains. Je savais qu’il avait un relationnel important, mais il est vrai qu’il venait d’arrêter, donc je n’étais sûr de rien. Mais finalement, il a décidé d’accepter afin de me trouver quelques opportunités. Avec le problème toutefois d’avancer à mon rythme sans vouloir aller trop vite, ce qui en clair signifie que j’ai bien conscience du chemin qu’il me faudra encore parcourir. 

Bellegarde, pour la Primavera de la Tauromachie, ça s’est bien passé, je suis sorti des qualifications du matin avec Isaac Galvín, un compañero d’une école taurine où je me suis inscrit en Espagne, celle de San Fernando. Il a gagné le trophée, mais c’est resté pour moi une belle expérience.

 

Je suis allé aussi à Vauvert pour le Bolsín où ça a été encore positif puisque je l’ai gagné, puis à Marsillargues qui a représenté une marche au-dessus.  Par la suite, il y a eu Palavas avec une tienta de machos de François André qui s’est bien déroulée. Enfin, j’ai toréé à Nîmes pour le Printemps de l’Aficion. C’était différent car toréer dans les Arènes de Nîmes, ce n’est pas rien. J’ai pris beaucoup de plaisir, d’autant plus que le novillo de Jalabert était très bon.

Après, il y a eu encore une becerrada à Pérols, ce qui pour un début en public n’est déjà pas mal. Mais outre ces courses, mon but est aussi de franchir les Pyrénées, d’où mon inscription à San Fernando. En fait, pour moi il me fallait partir car c’est essentiellement en Espagne que ça se passe et c’est en parlant avec Serge que j’ai eu l’opportunité de pouvoir aller là-bas où se trouve aussi Christophe Lautier. L’an prochain, je serai basé à Medina Sidonia, je me déplacerai pour suivre les cours de l’école de San Fernando J’ai déjà rencontré le directeur de l’école, le maestro Antonio Pérez, j’ai pu assister à plusieurs tentaderos où il était satisfait et à l’école, j’ai été bien reçu. Le but, c’est évidemment que par le biais de l’école, je puisse participer à des compétitions comme il y en a pas mal en Andalousie, y compris télévisées. Bien entendu, ce sera à moi de gagner ma place, mais croyez-bien que je vais tout faire pour y arriver… »

 SERGE ALMÉRAS

« Je m’étais récemment retiré des toros avec la ferme intention que ce soit définitif, j’étais bien comme j’étais, mais j’avais gardé des relations avec quelques personnes du milieu. Comme il l’a mentionné, j’ai reçu un texto de Rémy me demandant de l’aider et franchement, son message m’a touché. Je lui ai répondu en lui disant que j’avais pris beaucoup de recul avec les toros, que je ne voulais pas lui laisser de faux espoirs, mais que par contre si quelqu’un me contactait, je penserais à lui en priorité. Dans les toros, on est plus ou moins superstitieux, mais moi je crois au destin. Deux jours plus tard, j’ai reçu un coup de fil des gens de Palavas qui m’ont demandé où j’en étais et si je m’occupais d’un torero. Je leur ai répondu que non mais qu’en revanche, ce serait bien s’ils pouvaient mettre Rémy qui venait de me contacter.

 

Ensuite, il allait dans des tentaderos et puis est venu Bellegarde. Rémy avait insisté pour que je vienne le voir, je me suis décidé et là, il a bouleversé les pronostics puisque c’était en principe le plus vert. Il a touché une vache sérieuse de trois ans de La Suerte avec laquelle il a montré beaucoup d’envie et à son niveau, pas mal de technique. C’est là que j’ai pensé qu’il avait quelque chose. Il s’est qualifié pour l’après-midi avec Galvín où ça a été un peu plus compliqué, mais dans l’ensemble, sa prestation est restée très méritoire.

Pour moi, il a trois qualités qui sont primordiales, le courage, l’envie et le temple !  Rémy était en demande et je me suis dit qu’avec les qualités que j’avais ressenties, je ne pouvais pas le laisser comme ça. Bizarrement, il y avait ce jour-là Christophe Lautier avec qui on a beaucoup bourlingué et lui aussi avait été séduit. Je lui ai expliqué la situation, je sais que Christophe est très impliqué là-bas et deux jours après, il m’a appelé pour me parler d’une école taurine qui serait intéressée pour enrôler un jeune Français, d’où son inscription à celle de San Fernando. On s’est déplacé, on a aussi rencontré ses parents, et de fil en aiguille les choses se sont mises en place. On est descendu pour deux ou trois tentaderos en présence du professeur de l’école et dès qu’il l’a vu toréer, après seulement deux ou trois séries sur la première vache, il m’a dit c’est bon, je le prends ! Un autre professionnel, Antonio Fernández, associé de Christophe, avec qui ils ont monté une petite finca, a été aussi séduit. Donc tout était dans le vert et dans la foulée, il s’est inscrit à l’école taurine de San Fernando où il fera la saison prochaine.

 

Pour revenir à ses prestations passées, je retiendrai ce qui s’est passé à Vauvert dans la mesure où il a été inscrit sur l’impression laissé à Bellegarde. Il s’est qualifié pour la finale de l’après-midi mais là, il y avait trop de toro pour lui, certes, sans qu’il ait pour autant totalement démérité. D’ailleurs, on était allé entre temps chez Gallon où il a eu une vache très sérieuse avec laquelle, conseillé par Christophe Arnaud, parce qu’on est un petit groupe autour de lui, il a fait de très bonnes choses. Ce qui me fait penser que Vauvert, ça a été un mal pour un bien, dans la mesure où ça a représenté la découverte de ses limites et de son potentiel ! Et c’était bien ça le principal…

 

Par la suite, il a marqué des points, à Palavas, mais surtout à Nîmes où le milieu des organisateurs est présent. Ce qui me plait beaucoup chez lui, c’est qu’outre le fait de s’appuyer sur des pratiques techniques fondamentales et nécessaires, il est parfois surprenant, tentant des choses que l’on n’attendait pas forcément. Tout ça pour dire qu’après cette période, ma confiance s’est renforcée.

Petite info au passage, Rémy participera au Bolsín de Nîmes Métropole en août, puis nous organiserons courant septembre une journée taurine au campo au cours de laquelle il lidiera un toro, histoire de faire le point. On a aussi quelques propositions pour des novilladas de fin de temporada et ce sera éventuellement l’occasion de se rendre compte de son avancement sur ses capacités car on ne tient pas non plus à brûler les étapes. Mais bien sûr, c’est bien aussi de déterminer des objectifs si l’on veut avancer… »  

Après des débuts somme toute encourageants et fort d’un calendrier propice à le faire aller encore de l’avant, Rémy a la balle dans son camp. Que ce soit dans sa région ou plus tard en Espagne, toutes les occasions seront bonnes pour convaincre et franchir les obstacles. Avec de l’envie, du travail et de la persévérance. Suerte !!!