La vertu singulière de mi mano derecha…

 

De toute la vie.

Ma dextre.

Fut le sobresaliente vertueux de mi rodilla.

 

Son fiel compañero de cartel.

Son mozo fijo.

Su ayuda imprescindible.

 

Ainsi, bloquant par une pression sur la cuisse la laxité permanente de mon genou.

Pendant quarante6cinq ans ma main droite par cet effet, me permit.

Tout simplement de marcher.

 

Y eso.

No es.

Moco de pavo.

 

Et aujourd’hui quand je souhaite me mettre debout.

C’est elle.Qui maintenant gouverne le dispositif verrouillant la genouillère.

 

D’une orthopédie.

De carbone, titane et cuero.

Singulièrement semblable à une pierna de hierro.

 

Et sobrero indispensable.

D’une rotule.

Qui depuis soixante-dix ans va aux planches.

 

Dans l’office de cadenasser l’engin, ma main droite va de luxe.

Poignet souple.

Et paume al compás.

 

Certaine dans le choix du sitio.

Du positionnement des doigts.

Ferme dans leur poussée.

 

Franche.

Comme une paire de banderilles al sesgo por dentro.

De Julio Pérez Herrera « El Vito ».

 

Précise.

Comme un puyazo en la ley.

De Martín Toro.

 

Elle assure sans faillir.

L’ajustage parfait du tenon d’acier dans la mortaise du même métal.

Qui rigidifie la guibole mienne.

 

Et le clac.

A la sonorité métallique.

Qui chante le trasteo bien fait.

 

Sonne.

Comme les olés.

Du tendido siete à son efficacité.

 

Dans l’office de lidia de ma marche.

Attentive, elle est.

Toujours prête à venir au quite.

 

En sortant si besoin du burladero de la poche.

Pour se substituer à point nommé à toute défaillance de l’articulation factice.

Et me prémunir des caídas de espejo.

 

Et quand je souhaite m’asseoir.

C’est elle qui en actionnant au niveau du pli poplité.

L’arceau de carbone de atrás.

 

Délivre mon genou.

Du carcan qui le soutient.

Comme une passe de pecho libératrice.

 

A veces, elle soulève le membre infirme pour le poser délicatement sur le valide.

En un croisement de jambes désinvolte.

Comme une passe du mépris à l’impotence.

 

Dans tous ses registres, un sueño.

Una maravilla.

Elle est.

 

Vieille.

Ridée.

Tavelée.

 

Portant.

Les cicatrices.

Des cornadas de la vie.

 

Elle n’a jamais connu.

Les muletazos.

De gloire.

 

Et les estocadas.

De verdad.

Hasta la bola.

 

Mais m’ayant rarement fait défaut dans les registres de son taf.

Peón de confianza

Monstruo de prévenance dans la brega de la chose dont elle a la charge.

 

Et figurón de générosité.

Qui jamais me réclama.

Le sueldo de son activité.

 

Mi mano derecha.

A goûté la force.

Des poignées de main des patios de caballos.

 

Le plaisir.

Des caresses.

Des doigts des filles.

 

Le bonheur.

De l’attouchement.

Des taleguillas des sorties en triomphe.

 

Et son entrega quotidienne, ses tardes de gloire et ses rares fracasos.

Font qu’à elle, modèle de vertu singulière, va.

Ma reconnaissance éternelle.

 

«Une main légère comme un oiseau.

Souvent, toucher, effleurer même,

Vaut mieux que parler.»

 

Dit le pasodoble maestrante.

De la banda du maestro Tejera.

Qui la célèbre.

 

Et dans les consultas.

Des orthopédistes del mundo entero.

Un azulejo lui rend hommage.

 

Patrice Quiot