Une soirée taurine à la portuguaise chargée d’émotion…

 

Duo Ginés Cartagena – Sergio Perez de Gregorio devant 4 Tardieu et 1 Jalabert.

 

Présence de Ginés Cartagena Junior qui faisait un retour en tauromachie dans une terre de Camargue qui lui est chère pour y avoir passé une partie de son adolescence. Il avait fait ses premières armes et pris l’alternative non loin de là, à Méjanes le 19 juillet 2014 des mains de Pablo Hermoso de Mendoza.

L’évocation seule du nom de Ginés Cartagena nous renvoie dans un proche passé lorsque sa Star de père se hissait au plus haut niveau. Une foule de souvenirs nous submergent !…

Des toros qui, au fil du déroulement de la soirée, nous rappellent, quelque peu les touradas des années 80 ! Un mélange de peur et d’émotion allait planer durant la noche.

Des forcados passant par l’infirmerie après la dernière pega face à Respecto, le bien nommé de Jalabert. Avec presque 6 ans, ce dernier imposa le respect dans le ruedo saintois.

Deux cavaliers respectueux des règles en usage au Portugal, à savoir l’utilisation des seules farpas traditionnelles. Exception fut faite pour le cinquième qui reçut un castigo de taille raisonnable, unique et en bonne place des mains de Sergio Perez qui le reçut avec maestría et beaucoup de mérite avec Lambrusco.

Les quatre Tardieu frères sont sortis avec de la caste, du moteur, transmettant jusqu’aux étagères une émotion palpable. Bien présentés, avec du piquant et un peu brusques dans leur charge, les deux premiers se sont légèrement blessés. Ils eurent de ce fait, un peu de mal en fin de faena. Les deux autres gardèrent leur énergie jusqu’en fin de combat.

En tant que chef de lidia, Ginés Junior toréa le premier et le troisième exemplaire de la Cour des Bœufs.

 

Charismatique et heureux d’être en piste, courageux à l’extrême, voire téméraire, il prit beaucoup de risques avec une cavalerie limitée et manquant visiblement de préparation. Faisant fi de ces inconvénients, il se fit plusieurs fois bousculer sérieusement et sema la frayeur tant dans les gradins que l’inquiétude chez les professionnels dans le callejón. Protégés par une bonne étoile, chevaux et jinete sortirent indemnes. Ginés réussit le tour de force de transmettre malgré tout son alegría et son envie, tant sa joie était visible et communicative. Il fut remarquable d’adresse à poser les banderilles, tant la vitesse des rencontres et de la réunion étaient grandes. Il se trouva souvent dans des terrains compromis, s’élançant avec énergie et volonté de loin à la tête des cornes.

 

Le jeune Sergio Perez de Grégorio, apodéré par Rafael Peralta Revuelta, plus sobre, avec une cavalerie plus conforme à ce que l’on voit aujourd’hui, a pris l’alternative en 2023. Originaire de Salamanca, il faisait sa présentation en France, en tous cas dans le Sud-est.

Il nous a séduit avec un bai du fer de Ventura de salida « le fameux Lambrusco » aux belles expressions toreras. Avec ce dernier, il recorte dans un mouchoir de poche et domine la situation dès le premier contact.

Ces chevaux de banderilles sont en partie lusitaniens, élégants et bien mis. Ils ont de la classe et répondent aux noms de : Persa pour clouer des banderilles de face ; Manglar, tordo vinoso, pour les courtes, principalement al violín ; Olé pour recevoir son second Tardieu avec temple et lenteur ; Fonseca qui toréait dans des terrains osés et exposés avec beaucoup de communion avec le public. Ingenio qui montra de très belles expressions toreras aux banderilles. Chacune des vueltas al ruedo dont il fut récompensé a été fêtée à la hauteur de son talent. Nous avons hâte de revoir ce rejoneador au style pur et classique !

 

Les Forcados de Aposento de Chamusca se sont illustrés avec vaillance et technique dans chacune des pegas et plus particulièrement avec les deux derniers Tardieu, ainsi que face au cinquième, le Jalabert. Ils méritent une mention spéciale pour cette dernière pega. Ce dernier fut toréé al alimón par les deux rejoneadors après avoir été reçu magistralement par Sergio Perez, comme évoqué plus haut.

Une soirée animée qui semble avoir conquis le public à la vue de l’ambiance particulièrement festive qui régnait dans les arènes de la capitale camarguaise…

Freddy Porte – Photos : Jean-François Galeron