Parte facultativo… (2)

 

« Les cornadas de la cuisse prédominent largement car la cuisse est exposée aux cornes du taureau tout au long de la joute et surtout au moment de la mise à mort, où le matador bascule sur la corne droite (18). Les trajectoires sont souvent multiples, les lésions de l’artère fémorale sont le plus redoutées.

Les plaies du périnée viennent en fréquence après les blessures du membre inférieur. Les trajectoires des atteintes du périnée sont typiquement profondes car le corps de l’homme est souvent chargé par les cornes et graves car se font en milieu septique. Souvent une plaie périnéale est associée au niveau intrapéritonéale. Une exploration est à réaliser au moindre doute par laparotomie infra-ombilicale ou par cœlioscopie. Les lésions scrotales nécessitent souvent des reconstructions chirurgicales.

Les cornadas de la paroi abdominale concernent souvent le flanc droit et représentent 10 % des plaies pénétrantes. La plaie abdominale est souvent très profonde, ces lésions s’accompagneront souvent d’un état de choc traumatique intense. Ils peuvent n’occasionner aucune lésion viscérale, ni vasculaire intra-abdominale : la plaie pariétale isolée sera cependant fréquemment responsable d’un hémopéritoine.

Les cornadas fessières sont souvent des plaies musculaires présentant plus de 2 trajectoires.

Les cornadas thoraciques sont redoutables car elles ont souvent entraîné des lésions mortelles.

Les cornadas du membre supérieur et axillaire surviennent souvent lors de pose de banderilles, ces cornadas provoquent surtout des dégâts musculaires et vasculaires.

Les cornadas du cou sont rares mais dangereuses, il s’agit principalement de lésion musculaire avec des dissections de la trachée, des veines, et des artères ainsi que des contusions de ces organes. Elles peuvent être compliquées de fracture cervicale.

La localisation de la ou des blessures et la recherche de points d’entrée, de sorties et d’hématomes passe par un déshabillage complet du blessé dans l’infirmerie. L’exploration de la cornada est débutée par le chirurgien, l’étude des trajectoires se fera par palpation cutanée avec la recherche de l’existence de points douloureux à distance du point d’entrée, puis par exploration digitale sous anesthésie à l’intérieur de l’orifice. L’oubli de trajets peut entraîner des conséquences graves hémorragiques et infectieuses. Le chirurgien ne fera sur place que les gestes d’hémostases d’urgence en cas de blessure grave. La réanimation médicale est débutée en fonction du contexte de la lésion et permet le maintien des fonctions vitales. Le blessé est conditionné par l’équipe pluridisciplinaire puis transporté vers l’hôpital compétent le plus proche. L’équipe de chirurgien spécialisée prend en charge le patient selon les règles suivies actuellement par les chirurgiens taurins: la particularité du geste chirurgical consiste à traiter la plaie en réalisant de larges voies d’abords sur les trajets de la corne.

La blessure par coup de corne ne trouve pas d’équivalence en traumatologie courante. Le coup de corne de toro est souvent d’une extrême gravité. Il nécessite une connaissance du mécanisme lésionnel, de la cinétique et de la particularité des différentes trajectoires de l’agent vulnérant. Une meilleure compréhension des mécanismes à l’origine des traumatismes, fermés ou pénétrants, doit guider le clinicien dans la reconnaissance des lésions. Elle permet l’anticipation des complications éventuelles et la coordination de la prise en charge thérapeutique. »

 Sources : Accidents liés aux Corridas/de T MOKNI / Société Française de Médecine d’Urgence – SFMU

 

Datos

Le parte facultativo est le certificat médical officiel délivré par l’infirmerie des arènes à l’issue des soins prodigués à un torero blessé;  il décrit  avec précision la nature de la blessure et établit son degré de gravité.

Les études statistiques du Docteur Ramon Vila Jiménez (Sevilla, 1938/Sevilla 2018), chirurgien chef de l’infirmerie de la plaza de toros de Sevilla de 1978 à 2010), portant sur 4 146 corridas de taureaux de 1970 à 1980 montrent qu’il y a, en moyenne, un accrochage par toro, 1 entrée à l’infirmerie par spectacle, 1 blessure pour 10 spectacles et 1 blessure sur 10 est qualifiée de pronostic grave. Soit 1 cas pour 100 spectacles.

La majorité de ces accidents se sont produits dans des arènes de deuxième catégorie. 70 % des blessures en corrida sont des contusions et plaies et 30 % représentent des traumatismes divers dont environ 5 % sont des fractures. Elles surviennent en général chez des patients jeunes et en bonne condition physique, sauf pour les sulbaternes en corrida comme les picadors.

Patrice Quiot