Las Virtudes, Roman, Adrien et «Le Café Français» de Marsillargues…

 

La tradition veut que les arènes de Ronda soient considérées comme étant les plus anciennes d’Espagne.

Selon l’ouvrage «Los Toros» de Vicente Gaos et Donald Mills(*) elles furent édifiées en 1775, alors que ni Madrid, ni Séville n’avaient encore construit les leurs.

Barnaby Conrad (*) le confirme dans «The Brave Party», mais Juan Muñoz García soutient que « la plaza de toros de Béjar (Salamanque) es la más antigua de cuantas existen en España y que se hizo tan rápido que fue un milagro » et affirme que les arènes d’Almadén (Ciudad Real) sont les deuxièmes citant ensuite dans l’ordre celles de Campofrío (Huelva) 1711, de Séville datant de 1761, de Saragosse de 1764 et enfin celles de Ronda datant de 1785 ; tandis que dans «Bullfighting», John Fulton (*), peintre et matador yankee, cite une autre arène: « El pueblecito de Cumbres Mayores (Huelva) tiene una plaza rectangular que es de las más primitivas ».

« La historia del toreo esta ligada a la de España, tanto que, en conocer la primera, resultará imposible comprender la secunda» écrivait José Ortega y Gasset (1883/1955) et « Le milieu du cirque était une arène préparée pour les combattants. » écrivait François de Salignac de La Mothe-Fénelon, Fénelon (1651/1715) dans « Les Aventures de Télémaque» .

Mais, pour y faire ce qu’écrivait François, il y a aussi Las Virtudes.

A l’ouest, Bazán ; à l’est, Castellar de Santiago ; au sud, Almuradiel ; au nord, Santa Cruz de Mudela et à 6 km de Santa Cruz de Mudela, village de 4017 habitants situé aux confins de la région de Castilla y León, les arènes de Las Virtudes.

« La Plaza de Toros de las Virtudes completa este conjunto. Está fechada en 1645 y tiene planta cuadrada, concebida como una plaza urbana convertible en coso taurino, con sillería clásica. Dos de sus lados están delimitados por la ermita y una edificación anexa. Los otros dos, de dos plantas, lo forman una galería baja con pequeñas y desproporcionadas columnas de piedra que a su vez soportan la galería superior a modo de palcos, formada por una balaustrada de madera y pies derechos con zapatas que sostienen el tejado. Esta construcción combina, por tanto, la madera de sus galerías altas con las barreras del coso de color almagre, y la piedra de las columnas del piso inferior con el aparejo de la fachada de la ermita. »

Les premières corridas y furent organisées par les prêtres de la paroisse de la Ermita dans le but de distraire après l’office les paroissiens, mais aussi de faire entrer dans un lieu sacré l’ensemble de la population, les païens en sus.

C’est en 1641 qu’y fut donné le premier spectacle taurin public.

A Las Virtudes,  on célèbre des corridas de toros deux fois par an, le 24 avril, día de San Marcos, et le 8 septembre, festival de la Virgen.

Le matador Aníbal Ruiz y gracía un toro de  Cebada Gago le 8 septembre 2012 ; ce jour-là figurait au cartel le matador de toros français Roman Perez et Adrien Salenc y toréa le 8 septembre 2021 une corrida de Las Monjas aux côtés de Pepe Moral et Carlos Aranda.

Elles sont propriété de la commune de Santa Cruz de Mudela qui, comme on pouvait lire dans «ABC» du 13/03/2021 : « El Ayuntamiento de Santa Cruz de Mudela ha anunciado que ya han empezado las obras en la «Casa de la Despensa» para montar un bar-restaurante. Este espacio se ubica dentro de la plaza de toros del Santuario de las Virtudes, que data de 1641 y es la más antigua del mundo. La inversión será de 30.000 euros y procece de una subvención de la Diputación de Ciudad Real. Cuando finalicen las obras, el Ayuntamiento sacará a licitación el bar-restaurante. En un comunicado se explica que la adjudicación será por «un largo periodo de tiempo» y que la empresa que gane el concurso tendrá que aportar el mobiliario, «a excepción de la cocina, la cual estará completamente equipada».

«Le Café français» de Marsillargues délocalisé dans la province de Ciudad-Real en quelque sorte.

(*) GAOS, Vicente et MILLS, Donald : Los toros -Bullfightffing, Indice Artes Gráficas, Madrid, page. 14.

(*) CONRAD, Barnaby : The Brave Party, Houghton et Mifflin, Cambridge, Mass., 1953, p. 33.

(*) FULTON, John: Bullfighting, The Dial Press, New York, 1974, pág. 84.

Datos

Barnaby Conrad, Jr. (27 mars 1922 – 12 février 2013)  artiste, auteur, propriétaire de boîte de nuit, matador et boxeur américain.

Conrad fut vice-consul des États-Unis à Séville, Málaga et Barcelone de 1943 à 1946. Durant son séjour en Espagne, il s’intéressa à la tauromachie auprès de Juan Belmonte, Manolete et Carlos Arruza. Sous l’apodo de «El Niño de California», il fut le seul Américain à avoir combattu en Espagne, au Mexique et au Pérou.

En 1947, il travailla comme secrétaire du romancier Sinclair Lewis et publia en 1948 son premier roman qui passa inaperçu, mais en 1952, son deuxième «Matador», que John Steinbeck qualifia de «meilleur roman de l’année», se vendit à 3 000 000 d’exemplaires.

John Fulton Short. (25/051933 – Philadelphie/28/02/1998 – Séville). Né dans un quartier pauvre de Philadelphie, très jeune, inspiré par la performance de Tyrone Power dans le film « Arènes sanglantes» tiré du roman de Vicente Blasco Ibáñez, il va s’entraîner dans des fincas mexicaines et part pour l’Espagne en 1956. Le 29 juin 1958, il torée sa première novillada, mais reste cantonné dans des spectacles de second ordre jusqu’en 1961, année où il connaît un premier succès au Puerto de Santa María avec une sortie a hombros, ce qui l’encourage à se présenter à Madrid. Malheureusement, sa performance madrilène est un échec. Mais Antonio Ordóñez, Jaime Ostos et Juan Belmonte l’encouragent. Il prend l’alternative le 18 juillet 1963 à Séville avec pour parrain José María Montilla et pour témoin César Faraco devant des toros de Félix Moreno Ardanuy. Il devient ainsi le troisième matador yankee après Harper B. Lee et Sidney Franklin. Il confirme son alternative à Madrid le 12 octobre 1967. Mais, alors qu’il est relativement reconnu en Espagne, il se heurte au Mexique à une forte opposition du mundillo et ne pourra pas confirmer son alternative à Mexico. Il met fin à sa carrière le 2 avril 1994 à San Miguel de Allende (Mexique) en affrontant des taureaux de Casablancas et coupe deux oreilles avant de s’occuper de la carrière d’aspirants toreros. C’est le cas notamment du japonais Atsuhiro Shimoyana « El Niño del Sol Naciente ».

Le 28 février 1998, alors qu’il était retourné à Séville, il meurt victime d’une crise cardiaque. Le maire de la ville ordonne pour lui des funérailles de matador sévillan : ses cendres font une vuelta al ruedo des arènes de la Real Maestranza de Caballería de Séville.

Le Café Français de Marsillargues fermé en 2015 était le dernier survivant des cafés longeant les arènes. On se souviendra des époux Gally et Auguste qui, dès les beaux jours venus, installaient tables et fauteuils au milieu du plan pour faire prendre l’air aux joueurs de cartes tandis que les plus sportifs s’adonnaient à des parties de pétanque. Plus tard, Félix Castro, le père de Patrick le raseteur, reprit le café avant de le céder à Patrice Meneghini, autre raseteur. Magali Lagarde a ensuite tenu la boutique avant de laisser la place à Christian Zapata, « Le Zap » grand fan de Brigitte Bardot, et son chien, le plus fidèle aficionado des arènes…

Photo : Las Virtudes

Patrice Quiot