Et il aura seize ans…

 

Pas de tatouages.

Pas de piercing.

Rien d’ostentatoirement tapageur.

 

Lisse.

Et lustrée.

L’allure.

 

Tête haute.

De la fierté.

D’appartenir à un ordre.

 

Visage juvénile.

Aux fossettes de l’enfance.

Et à la gravité de prélat.

 

Peau fine.

Soignée.

Presque lumineuse.

 

Pas encore.

Marquée.

Des rides du doute.

 

Coupe de cheveux de catalogue.

Avec un léger flou.

D’indépendance.

 

Francs et clairs.

Les yeux.

Qui déjà voient tout.

 

Nez de conquête.

D’un infant.

Qui veut devenir roi.

 

Lèvres fines.

Du mépris.

De l’adversité.

 

Menton.

A l’arrogance.

D’un desplante.

 

Chemise de bonne coupe.

Légèrement cintrée et ouverte

Sur une poitrine large de respiration.

 

Une médaille.

D’une vierge lointaine.

Atteste sa dévotion à une religion secrète.

 

Ceinture de cuir tressé.

Sur pantalon à taille basse.

Comme une taleguilla de calle.

 

Mocassins de peau et à glands.

Portés sans chaussettes.

Au contact de la rugosité de la vie.

 

Pull-over négligemment.

Posé sur les épaules.

Comme un capote de paseo de fine laine.

 

Les bras.

Et les mains.

Ont une destination unique.

 

Il connaît déjà des toros.

Plus que ce qu’il sait.

De la vie.

 

Il a des admirateurs qui le suivent.

Et une peña.

Porte son nom.

 

Rien ne doit gêner.

Sa déambulation.

D’un paseo urbain.

 

A un demi-pas de l’apoderado.

Derrière.

Il se tient.

 

Règle.

Dans la manière de comportarse.

En apprentissage des usages.

 

Il se tait.

Ce qu’il a à dire.

Ne relève pas de la parole.

 

Seule

Son allure.

Le laisse entendre.

 

Et il aura seize ans.

Le jour anniversaire.

De la naissance de «Joselito ».

 Patrice Quiot