Il est des rencontres curieuses qui entrouvrent la porte du Passé. C’est le cas pour certains objets, la captation de ces moments fugaces permet leur revivre et la fameuse transmission…

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Le mourrau (1) 

 

Longtemps, l’élevage de taureaux Camargue n’était pas sur un mode extensif, au moment du sevrage, les bêtes d’un an (anoubles) ne pouvaient pas être séparées de leur mère. Le gardian confectionnait une planchette triangulaire en bois de saule (vertu anti inflammatoire), cette dernière placée dans les naseaux du veau à sevrer, il ne pouvait plus téter, seulement brouter. La pose s’appelait la muselade. Le dispositif tombait de lui-même ou était ôté au moment de la ferrade.

 Ferri di biou (2) 

 

Les équidés domestiques (chevaux, ânes) et leurs hybrides (mule, mulet, bardot) possèdent un doigt qui touche le sol, ce dernier est recouvert d’un sabot. Leur emploi à des tâches domestiques demandait la pose de fer pour protéger la corne du pied. Cela fut le cas pour le taureau Camargue, à l’époque où il était plus près du bétail domestique, et utilisé comme bête de trait possédant un sabot double. Quelle était la technique de ferrage : à chaud, par cloutage, à froid ?

 L’empègue 

 

Ces petits dessins faits au pochoir sont apposés près des portes dans les villages du Gard et de l’Hérault. Ces marques d’aubades marquaient les dons faits aux jeunes hommes qui partaient au service militaire (anciennement conscription), le chiffre étant la classe (année de naissance). De nos jours, ce sont les équipes de jeunes « festayres »  qui pratiquent la pose sur le logis des généreux donateurs lors de la fête votive (la Voto).

Je dédie ce petit texte à Martine Alcay, amie et témoin de mariage qui « a franchi la passerelle » en ce mois d’août.

Jacques Lanfranchi « El Kallista »

 

(1) Mourrau : dérivé de mourre (museau), d’où l’expression « faire le mourre »  soit faire la tête.

(2) Ferri di biou : fer de taureau

Crédits photo : collection MP personnelle.