Saloperie de nostalgie !!!
« Nous sommes libres de lutter contre le sommeil de la mémoire et du cœur, de vaincre en nous la puissance formidable de l’oubli. »
François Mauriac, 1939.
Phares blancs.
Et Immatriculations MA, CA, SA ou SE.
Paco Camino de novillero et celui de la Bienfaisance de 1970.
Galloso et Manzanares toréant ensemble au capote et le second avec «Clarín» en 1978.
Carteles «Laminograf».
Et le portier emplumé de «L’Imperator».
Le vieux «Rubio».
Mozo de espadas communiste.
Le Viti apodéré par Florentino Diaz Flores.
Avec Chaves Flores de lidiando dans le vent de Palavas.
Le boulevard Victor Hugo à double sens.
Roger Lacroix qui tenait «La Petite Bourse» et sa femme qui rangeait les chaises.
Manolo «Gordo», boucher de son état.
Qui fit découvrir les pieds paquets à «Paquirri».
L’Espagne des copitas de tinto à deux ptas.
Et celle des limpia botas infirmes.
Le café du Lyon.
Camille le patron et Paulette, sa femme.
Les enganes de chez Espelly.
Et Paul Laurent «Le Pape» les lundis de marché au vin.
Les lunettes noires de Pepe Cámara.
Et les vertes d’Hemingway.
Les courses de nuit.
Et une capea chez Clément où notre fille en pleurs ne voulait pas que je «tore».
Vic de Marcel Garzelli et Jean-Claude Biec.
Eauze de Jean Fitte.
Et Manuel Martínez Flamarique.
Partout.
Jeannot Fabregoul à la «Petite B», René et sa rabattue de cheveux, le père Mongein et Odette qui tenait la caisse à la Grande, Marcel et ses pieds plats au «Parisien».
Pierre et Rosette Pouly.
Pedro Romero à la rue Tour du Fabre, « Le Chato », Gallardo, Mingau, Salah, Poggio et Marotto «le plus bel espagnol d’Europe» sur la place du Forum.
Bayonne «L’Amatcho» et «Charlotte» le perroquet, le chocolat de chez Cazenave.
Et Charlie Forgues, vice consul de Norvège.
Mon petit frère renversé par une voiture.
Alors qu’il allait récupérer un pétard éteint sur le Bd Talabot.
Un papier de Vincent Bourg «Zocato».
Traduit en chinois.
Le 17 mai 1964.
Et Manuel Benitez avec le sobrero de Juan Pedro.
Les espontaneadas militantes.
Des toreros français.
Un dîner dans le patio de chez Darcq à Dax, Teruel à la table d’à côté.
Et un autre aux «Pyrénées» à Mont de Marsan avec Paco Ruiz Miguel qui racontait «Gallero», le toro de Miura qui l’a fait riche.
Cocteau et Picasso.
En barrera à Arles.
Cristóbal Becerra, œillet à la boutonnière.
Son chapeau melon, ses souliers bicolores.
Il apodérait avec la même guasa.
Diego Puerta et «Los bomberos toreros».
Les corrales du Bd Natoire, le «Macareno».
Et l’homme à la pipe à la taquilla de la rue Alexandre Ducros.
Masson.
Et Pauline.
«Toros» de Paquito Cantier.
Et « Olé Magazine » de Margaret Quevedo.
Les sœurs Ortega de «La Burgalesa».
Avec la Milagrosa dont le mari n’était pas héroïquement mort à la guerre comme je l’imaginais.
Mais d’une chute imbécile.
Dans une cage d’ascenseur vide.
L’aïoli de «L’aficion cheminote»
Le vendredi matin de Feria sur l’Esplanade.
Martín Toro, Antonio Salcedo, les frangins Atienza.
«Almensilla» qui allait avec Puerta, «El Vito» avec Ostos.
Kader.
Et le Nîmes Olympique de Jean Bouin.
Les Gauloises à 90 centimes.
Et La Churascaia de Jean Lafont et de Jeannot Lopez.
«El Cartagenero» qui arrivait aux arènes en parachute.
Il tomba à la mer et fut, dit-on, mangé par un requin.
Et puis.
Et puis…
Vieux souvenirs.
D’il y a si longtemps.
Comme autant de banderilles noires.
De cette saloperie de nostalgie !!!
Patrice Quiot